Le sanglier blanc
Le père de Fito n’avait jamais eu peur des vagabonds. Et jamais non plus il ne leur avait refusé un croûton de pain, de l’eau ou un coin pour dormir à l’abri. Mais chez Futingo il y avait, cependant, quelque chose de différent. Sa silhouette immense, sa voix rauque, la profondeur de ses yeux bleus… les choses qu’ils savait sur les vivants et les morts. Il en éprouvait une certaine terreur, mais aussi une forte attraction qui l’amenait à le recevoir, brûlant d’écouter ses histoires. En effet, ce n’était pas souvent que quelqu’un se risquait à traverser ces sommets pour pénétrer en Galice ou pour en sortir. Et personne ne l’aurait fait comme lui au plus dur de l’hiver.
- Entre. Viens près du feu, lui dit-il en le voyant à la porte.
Fito le regarda avec de grands yeux. Sa silhouette imposante avançait vers l’intérieur de la palloza, il posait son bâton et laissait sur le seuil le sac de vêtements qu’il portait sur son épaule.
- Il y a longtemps qu’on ne vous voyait plus, dit encore son père.
- Oui, bonne nuit à tout le monde.
Sa grand-mère, ses parents et ses frères étaient assis autour du feu. Le nouveau venu prit place sans se pencher beaucoup vers les flammes, tout en défaisant ses vêtements chauds.