Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour décembre, 2006

frères ennemis

Posté : 7 décembre, 2006 @ 2:25 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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… Il est vrai enfin que, si entre le début de la construction de la tour et le jour où elle sera prête à recevoir l’horloge, je parviens à convaincre la majorité des habitants de le prier de ne pas l’installer, pour le bien de tous, il ne le fera pas. Voici en quoi consiste notre différend. Vous pouvez en parler et expliquer mes motifs et mes raisons, car il est sûr que le juge en fera autant en ce qui le concerne.
Voici que lentement, le faucon lève la tête.
- Mais ce litige entre vous ne pourra pas marquer la fin de votre amitié, frère ?
- Pas même dix villes comme celle-ci, ni dix désaccords pires que celui-ci, ni même la tour de babel tombée sur nous ne mettraient cette amitié en péril.
Matias aires demanda alors :
- Vous êtes vraiment convaincu que cette horloge est une semence de péché, frère Gil ?
- Ah, le péché… Sachez que je ne crois pas que l’homme naisse pécheur ou innocent. Il se contente de naître. Le péché et l’innocence se trouvent ensuite dans les cœurs, sur les visages et dans les œuvres de ceux qui l’entourent. Pour moi, cette horloge est surtout la semence d’une époque, d’un état d’esprit, et d’un monde qui éloigne davantage les hommes d’eux-mêmes et de dieu. Vous me comprenez ?
Le colporteur le comprenait tout à fait, mais laissez-moi vous dire que ni frère Gil ni Luís de Castro n’avaient besoin de la compréhension des gens. Ceux-ci les suivaient par respect naturel et par amour, tout comme d’autres suivaient frère goutte, mus par un mélange de foi et de terreur.
(Terreur récente, car il ne s’était passé que trente ans depuis que monseigneur le roi jean, troisième du nom, avait instauré au portugal le saint-office, avec ses sièges à lisbonne, coimbra et évora, couvrant ainsi chaque pouce de la nation. Terreur récente, mais qui augmentait d’année en année.)

Sérgio Luís de Carvalho, As horas de Monsaraz, Campo das letras, 1997

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Déception

Posté : 6 décembre, 2006 @ 10:13 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Commentaires fermés

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Noël, Terreiro do Paço, Lisbonne

la jolie jeune fille l’écoutait [...], elle tremblait de froid, ils entrèrent dans une avenue couverte de décorations de Noël, les troncs des arbres étaient entourés de petites lumières, les cimes d’étoiles, d’un côté à l’autre de l’avenue il y avait des anges énormes soufflant dans des trompes, c’en était effrayant tant de Noël, les vitrines des magasins étaient décorées de toutes les manières possibles, il y avait de la neige artificielle sur le sol des vitrines, la jolie jeune fille tremblait de froid malgré la grosse veste et les bottes de chamois clair qu’il lui avaient offertes, les employés d’un café tournaient en rond avec un sapin en plastique qui était tombé, le carton fourré de papier argenté avec des vœux de joyeux Noël et bonne année avait déversé toutes ses pièces de monnaie par terre, ils regardèrent vers le café et continuèrent à marcher, il ne lui lâchait pas la main, quand il ne la tenait pas enlacée à lui il serrait sa main très fort, il avait toujours peur qu’elle disparaisse, il avait mis tellement de temps à la trouver, la jolie jeune fille s’arrêta devant une vitrine.
- Tu veux quelque chose ? demanda-t-il anxieusement. Choisis ce que tu veux.
La jolie jeune fille était toujours indécise, il attendait impatiemment. Elle secoua la tête et dit qu’elle ne voulait rien, qu’elle était fatiguée et qu’elle voulait dormir un peu,

Dulce Maria Cardoso, Coeurs arrachés (Campo de Sangue) Phébus, 2005

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mystère

Posté : 4 décembre, 2006 @ 6:22 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

arabe1.jpg

- Si, tu vas voir, nous allons réussir à la restaurer. Tu sais ce qui est bizarre, pourtant, dans cette assiette ?
La question n’étant pas posée comme s’il s’agissait d’un examen, l’apprenti regarde l’assiette avec une aisance plus évidente. Et, après avoir observé, il découvre alors ce qui intrigue l’antiquaire, et qui l’intrigue lui aussi à présent. Alors il demande :
- Pourquoi est-ce que, contrairement à la norme générale, cette assiette a un visage peint au milieu ?

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