Lusopholie

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histoire vraie

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 26 janvier, 2007 @ 20:32

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Aristote

Ceci est l’histoire de Juliana Nangove et de Pedro Canivete João. Je ne veux, en aucune façon, faire la fête ni lancer un feu d’artifice, mais il s’agit – comme, je l’espère, peut-être naïvement, les lecteurs en seront d’accord à la fin du récit – d’une merveilleuse histoire d’amour, qui ne pourrait arriver, évidemment, que dans notre fantastique pays nommé Angola, plus précisément à Ondjiva, là-bas dans le Sud. Juliana Nangove avait 90 ans et Pedro Canivete João 22, mais, malgré cette abyssale différence d’âge, un jour ils se réveillèrent et décidèrent de se marier, déclenchant, à partir de là, une succession d’événements qui ne seraient jamais oubliés par personne. Selon la radio, cette histoire s’est réellement passée, elle n’est pas une invention d’un écrivain qui n’avait rien à faire. Quoi qu’il en soit, personne n’en connaît l’origine, d’où il résulte que je vais devoir presque tout inventer. Ce n’est pas très facile, parce que, dès le début, les deux personnages sont un tantinet mystérieux, comme il convient, d’ailleurs,à une histoire incroyable de ce genre. Mais je ne dois pas céder à la tentation de me contenter d’une série d’élucubrations supposément créatives et intelligentes, car, comme on me l’a enseigné, une nouvelle digne de ce nom doit contenir une intrigue, ce qui implique de s’appuyer sur des faits concrets et – qui sait ? – palpables. La grande embrouille, c’est que, depuis Aristote, personne ne sait de façon certaine ce que sont des faits. D’un autre côté, s’il est vrai que je connais quelque chose de la vie de Juliana Nangove, de Pedro Canivete, je ne sais virtuellement rien. En réfléchissant bien, ça n’a rien d’extraordinaire, il suffit de remarquer la différence d’âge entre eux pour comprendre pourquoi j’en sais plus sur la première que sur le second. Quatre-vingt-dix ans, c’est bien plus de la durée d’une vie, surtout en Angola, cette région de la planète terre où semblent avoir convergé, ces dernières années, tous les malheurs de ce monde et de l’autre (s’il existe). Par conséquent, il est normal que je connaisse mieux les antécédents, disons-le comme ça, de Juliana Nangove puisque Pedro Canivete João en est encore au commencement de son existence, et, en principe, ne doit pas avoir vécu d’expériences ou d’événements susceptibles d’être reconnus par la littérature.

João Melo, « O amor é eterno enquanto dura », in The serial killer, Caminho, 2004

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