Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour février, 2007

la canneraie

Posté : 24 février, 2007 @ 8:24 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Zambèze

Les cannes sont très hautes et le vent y siffle d’étranges mélodies, incessantes et désolées. D’après certains, ce bruit est un son très ancien, la plainte de ceux qui sont morts et dont les âmes sont restées ici à se lamenter. Cette terre des Ansengas était très active et l’ivoire qui en sortait alimentait tout le cordon de villes qui descendaient en aval du fleuve : Cachombo, Tete, Sena, et la dernière de toutes, Quelimane, où l’on respirait l’air de la mer. Ici, où le commerce se faisait entre gens de tous les environs, le nom des Ansengas était très respecté parce qu’ils tiraient de là le meilleur produit. A cause de la cupidité d’individus dévoyés les malheurs avaient commencé ici même, à l’endroit que les anciens appelaient Mazombwe, où de chaque mort mal enterré était née une canne toute droite, et de là cette canneraie. Araújo Lobo, le Matakenya, et beaucoup d’autres, étaient arrivés, et lorsque l’ivoire avait été épuisé ils avaient continué à chasser par inertie, et parce que les animaux à tuer de leurs mains manquaient, ils se mirent à tuer les hommes. Mais on ne pouvait comparer les dents humaines à la corne du rhinocéros ou à la défense d’éléphant, et les chasseurs sans foi ni loi avaient poursuivi leur massacre, et ceux qu’ils ne massacraient pas ils les emmenaient on ne sait où, par colère et par vengeance. Ainsi le Mazombwe se changea en un désert de gens vivants et en une concentration d’âmes en peine. Chacune, chaque canne, et toutes les cannes droites, qui se lamentent et qui tremblent sous la caresse du vent. C’est ça, la canneraie.

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encore les boulangères

Posté : 22 février, 2007 @ 12:22 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

 

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Nuit de fête à Luanda

(Joaquim vient de voir un reportage où il était question de femmes portuguaises arrivant en Angola pour reprendre leurs maris…)

- Putain ! ne put s’empêcher de s’exclamer Joaquim Manuel da Silva, à la fin de ce reportage. Plus que stupéfait, il était littéralement paniqué. Son regard se porta vers le côté où se trouvait, splendidement nue, Zinga Cristina, une magnifique noire angolaise qu’il venait de découvrir au Club Paradise, d’à peine dix-huit ans, aux yeux profonds qui contenaient toute la sagesse du monde, aux seins agressifs dressés vers le ciel, aux cuisses entièrement exposées, à la peau sombre et lisse comme du velours, mais ce qu’il vit fut l’image de Maria des Douleurs, son épouse, grosse, les cheveux gris, toujours renfrognée, qu’il avait laissée à Montemor-o-Novo.
Et maintenant ? Cette question se mit, à partir de ce moment-là, à lui marteler la tête. Je dois dire, pour sa défense, que, ce jour-là, il ne manqua pas de respecter les obligations qu’il venait de contracter auprès de Zinga Cristina, car le souvenir de Víriato et d’autres de ses courageux ancêtres coulait encore dans ses veines. Mais, pour la belle Angolaise, ce ne fut rien d’extraordinaire. Ce Portugais-là avait beaucoup à apprendre.
[...]
Pendant exactement une semaine, il sonda Internet, essayant de trouver plus amples renseignements sur les nouvelles boulangères d’Aljubarrota, mais rien. Il téléphona à tous ses amis de Montemor-o-Novo, mais aucun ne put l’aider non plus. Le plus étrange, c’est que, de même qu’aucun autre media ne parlait du sujet, personne non plus (du moins parmi les gens qu’il avait contactés) n’avait vu le reportage à la RTPi. Il devait s’agir, probablement, d’un scoop de la station de télévision portugaise, mais si extraordinaire qu’aucun autre média n’osait le citer ou le commenter, comme d’habitude.
Joaquim Manuel da Silva était si inquiet que, pendant tout ce temps, il n’eut plus aucun contact avec Zinga Cristina. C’est pourquoi il ne sut pas, naturellement, que l‘Angolaise avait déjà rencontré un Italien qui avait promis de l’emmener à Rome, promesse dont le narrateur ignore si elle fut acceptée ou non. Un doute, cependant, torturait constamment, à ce moment-là, la tête de son ex-amoureux portugais : comment Maria des Douleurs avait-elle appris, deux semaines seulement après son arrivée en Angola pour prendre en charge la cuisine d’un restaurant japonais qui allait ouvrir bientôt à Luanda, qu’il avait rencontré Zinga ?

Il décida donc d’éclaircir l’histoire. Puisque, à distance, il ne parvenait pas à en savoir plus sur le corps expéditionnaire des portugaises, auxquelles Maria des Douleurs était certainement liée, – Je me coupe les couilles si elle ne l’est pas ! disait-il – de la façon la plus radicale pour un homme – il décida de faire le voyage jusqu’à Montemor-o-Novo, afin d’empêcher sa femme de s’embarquer dans cette ridicule aventure.

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(Montemor o Novo)

Comme on dit communément, c’était la dernière des choses à faire.
Quand il arriva à Montemor-o-Novo, sans avoir prévenu personne, il faisait déjà nuit. Il n’y a que lui, pourtant, qui puisse être blâmé du fait que, après être entré dans la maison le plus silencieusement possible pour ne pas réveiller Maria des Douleurs, en se servant des clés qu’il avait toujours sur lui, il ait trouvé le compère Antero sur elle, tous deux grognant et reniflant comme des porcs. De toute façon, Joaquim Manuel da Silva était un type pacifique, et il se contenta de se demander :
- Et maintenant ? Je lui tire une balle dans la tête ou je repars en Angola ?
Si cette histoire s’achève dans le sang, je n’y suis strictement pour rien.

João Melo (Angola) « Les Portugaises arrivent », in The Serial Killer, Caminho, 2004

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acrobaties

Posté : 18 février, 2007 @ 6:45 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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Du dehors, et malgré les lézardes convaincantes et les murs qui s’effritaient, le bâtiment leur parut encore suffisamment solide. Non sans peine, ils investiguèrent ensuite à l’intérieur, piétinant avec agilité les gravats accumulés et traversant en un silence compénétré les salons successifs, attaqués par l’humidité et les odeurs nauséabondes qui s’échappaient des murs et du sol tout éventré. Une cour intérieure, à l’arrière, en particulier, leur plut : pour son éclairage tamisé, pour les arcs capricieux des balcons du premier étage et aussi parce que c’était un décor majestueux pour piler le mil et le maïs sans finir de faire écrouler la maison. A la fin du rigoureux examen, la construction les séduisit. Elle était parfaite pour les fins visées : la création d’un foyer suffisamment ample pour les abriter eux et les nombreux voisins et amis désireux d’aller vivre dans la partie basse de la ville. Sur-le-champ ce fut décidé : occupation immédiate et irrémédiable, avec la conséquente transmutation de tous leurs biens, maux, animaux domestiques et de compagnie et aussi, comment faire autrement ! de tous leurs inévitables parents.
Ici il faut peut-être rappeler que l’occupation de ladite construction était formellement interdite par une plaque scrupuleusement peinte comportant tous les interdits appropriés, y compris les scellés apposés par l’organisme de tutelle, et renforcée par des solives clouées en croix sur les portes et les fenêtres, lesquelles, comme ils se méfiaient, furent immédiatement utilisées pour commencer à déshumidifier l’ambiance et faire fuir en les enfumant les animaux, insectes et autres intrus de taille infime. Pour décourager, entre temps, toute velléité légaliste ou guerrière de contre-attaque, dans la première fournée d’habitants furent inclus deux juristes frais émoulus avec leurs familles respectives, un inspecteur de police et trois officiers supérieurs de l’armée, dont deux étaient en attente d’un logement depuis les combats triomphaux de la décennie précédente dans le Sud du pays. Complétaient le premier lot, au niveau des cadres moyens, une enseignante, un journaliste stagiaire, un ancien boursier avec son épouse étrangère et un éternel candidat au ministère, qui pour des raisons obscures et malgré les fortes recommandations d’anciens guérilleros, n’avait jamais réussi à dépasser la charge de chef du personnel de deuxième catégorie dans le secteur spécifique où il s’était initié pendant les années enfuies de l’indépendance comme veilleur de nuit.
L’installation prit un temps difficile à préciser, parce qu’elle continua de se faire indistinctement à toute heure du jour et de la nuit, pendant de longs mois. Personne n’entrait dans le bâtiment sans porter dans les mains, sur le dos ou en un équilibre miraculeux sur la tête une caisse, un paquet, un panier, un sac, un emballage, un pot, une boite en fer-blanc, etc., en même temps que de mystérieux et apparemment inutiles accessoires, qui allaient immédiatement enrichir les divers logements, avant même que ceux-ci ne fussent débarrassés de tous les résidus et les débris des passages antérieurs de tribus équivalentes d’humanoïdes. De toute façon, et pour augmenter la confusion, personne ne sortait du bâtiment sans porter des pierres, des briques, des tuiles ou des azulejos cassés ou encore des morceaux de verres, de fer ou de bois, des mottes de sables et des plâtras, des papiers froissés, des hardes crasseuses et Dieu sait quoi d’autre. Leur destin se terminait tout près de là. Tous ces objets étaient seulement transférés sur une jolie pelouse inexplicablement verte, sous deux palmiers s’ouvrant en discret éventail, à deux pas de trois conteneurs métalliques qui n’avaient pas d’usage digne de leur nom.

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Un peu d’humour, et de saudade

Posté : 15 février, 2007 @ 10:00 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | 2 commentaires »

http://www.dailymotion.com/video/5XylZwIlwjBXy2m3O

Tourné à Odivelas (barrage du Vale da Ganza)

Petit désaccord sur la route à suivre (c’est à droite ? Non, à gauche ! Non, à droite !)

Chanson (d’Amália Rodrigues, ici c’est Dulce Pontes qui chante)

Je ne sais pas pourquoi j’aime tant Évora
Oui, je me souviens d’Évora
Quand j’arrive au bord du Tage
Les vagues m’emportent.

J’ai quitté l’Alentejo
J’ai regardé en arrière en pleurant
Alentejo, de mon âme
Tu es tellement loin.

Moissonneuse, sous la chaleur
Sous la chaleur, hélas, coupant le blé
Moissonne les peines de mon âme
Moissonne-les, emporte-les.

Bento Caeiro / Joao Camilo

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La file de fourmis qui explorait l’arête gauche, corrodée, du bassin, venait de découvrir la jambe du stagiaire. Il les écrasait une à une entre ses doigts, en s’efforçant de ne pas se mettre à s’agiter de façon inévitablement ridicule. Aucun insecte, ni volant ni rampant, ne paraissait incommoder Bárbara Emília, appuyée les yeux fermés à l’armature de la treille.
- Et après ?
- Alors, après c’est quand les remises ont commencé, tous ces trucs-là. Je suis contente de ne rien à voir avec tout ça. Grâce à Dieu, je suis dactylo, n’est-ce pas ?
Maintenant il y avait aussi une abeille qui rétrécissait ses cercles autour de lui.
- Il y aurait eu une honte quelconque à être moissonneuse ?
Moissonneuse sous la chaleur, sous la chaleur, hélas, coupant le blé, chantonna-t-elle comme si aucune provocation ne pouvait atteindre son trône champêtre de reine, du haut d’un bassin recouvert d’une treille. Moissonne les peines de mon âme, moissonne-les, emporte-les. Elle lui lança deux grains de raisin, encore verts et durs, sans même se donner la peine d’ouvrir les yeux. Il avait réussi à se placer, penché, dans l’unique position où le soleil tapait sur son visage mais où tout le reste de son corps était à l’ombre.
- Même si ce n’était pas une honte ce serait une plaie, jeune homme. Parce que quand la réforme agraire a commencé à battre de l’aile, quand les grands propriétaires sont revenus, et d’autres venus d’on ne sait où pour saisir aussi des terres, quand il a commencé à apparaître ces lois qui disaient qu’il fallait tout recomposer comme c’était avant, les premières à se retrouver au chômage ont été les femmes. Ce sont toujours les femmes qui trinquent, sauf que celles-là l’avaient déjà presque oublié. Tout le monde parle beaucoup des chômeurs de la réforme agraire, mais si tu regardes bien c’est presque tous des femmes. C’est comme ça, c’est tout. Quand le mal atteindra les dactylos je me plaindrai aussi.

Clara Pinto Correia, Adeus, princesa, Relógio d’Água, 1985

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après les bibliophages…

Posté : 14 février, 2007 @ 12:59 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Les photophages

Ils arrivaient de toutes parts, les photographes, avides d’images de misère, de guerre et de faim. Même s’ils n’avaient pas eu leurs appareils (hypothèse assez improbable), on les aurait reconnus à leur gilet plein de poches, à leur air décontracté d’aventurier de cinéma, à la fausse sympathie dont ils usaient pour se faire des amis. Les exceptions étaient exceptionnelles, comme toujours. Ils se servaient de l’angle droit entre leur pouce et leur index pour pré-voir le monde qu’il leur convenait d’encadrer, ignorant tout le reste. Et très souvent l’essentiel leur échappait, ennemi de la rapidité de leurs obturateurs. Plus que le sujet de leurs enregistrements, ce qui les intéressait, c’était de mettre en relief leur présence derrière l’objectif. Pour que l’on dise : cette photo, là, ne peut être que d’Untel ! Dans ce but ils étaient capables de tout, même de rendre réelle une fiction plus proche de leur propre réalité. Sans scrupules majeurs. Pourquoi, par exemple, ce mutilé se traînait-il tout seul si loin de l’aveugle hésitant sur le chemin à suivre, si ensemble, un bref instant, ils pouvaient servir à illustrer les hautes valeurs de l’entraide ?
[...]

Et les gens réels ne manquaient pas d’être là, sur les photos : seuls, souffrants, sans attention et sans soins, certains mourants, regardant les photographes avec indifférence, sans avoir conscience que leurs regards iraient un jour affronter d’autres regards éphémères et lointains. Pourtant, c’était précisément ces photos-là qui rapportaient le plus et auxquelles était garantie une diffusion mondiale.Mais pour cela il était fondamental que la pose des victimes ne soit pas altérée et que leur douleur soit immuable, afin que les appareils puissent continuer à dévorer leurs images, impitoyables dans l’automatisme de leurs engrenages et dans la longue durée de leur souffle rechargeable… Il arriva qu’un jour le sort se retourna finalement contre le sorcier, en la personne d’un photographe reconnu comme l’auteur de nombreux parchemins de la plus grande importance. Il était en pleine session d’anthropophagie d’images, au milieu d’un groupe de réfugiés squelettiques et affamés, quand ceux-ci, mus par une inspiration subite en voyant les fourmis s’affairer sur un morceau de pellicule négligemment jeté sur le sol, commencèrent à se lever péniblement, animés d’une même idée fixe. Le photographe, pris au piège et paniqué, leur donna tous ses films déjà utilisés, pensant que c’était là la raison de cette révolte si pathétique. Ce qui arriva ensuite n’eut jamais la portée médiatique méritée. Les négatifs en son pouvoir, la foule se laissa aller de façon inattendue à une orgie alimentaire faite de sucements, de lèchements et de mordillements, salivant, triturant et déglutissant cannibalistiquement ses propres images encore à révéler. La leçon s’imposa plus vite encore qu’une photographie au polaroïd : tout être vivant affamé, indépendamment de la place qu’il occupe dans l’échelle de la Nature, possède un instinct pur et immanent qui lui fait détecter toute réserve de source protéique, pour insolites que soient son support et son involontaire déguisement.

José Mena Abrantes, Caminhos des-encantados, Caminho, 2000

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batailles navales

Posté : 12 février, 2007 @ 6:12 dans - XIXème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Caravelle ( photo José Varela, www.al-farrob.com)

Depuis que les nefs et les caravelles de la flotte de Pedro Álvares Cabral avaient accosté à Porto Seguro de « l’Ile de Vera Cruz », le destin maritime du Brésil était tracé. Il avait été découvert par des marins, qui avaient reconnu toute l’extension du littoral, de Oiapoque à Chuí, et établi les relevés cartographiques qui surprirent l’Europe, par la magnitude des nouvelles terres. Ce fut par mer qu’arrivèrent les premiers colons, par la mer que vinrent les outils de l’agro-industrie du sucre, et ensuite les pirates et les corsaires et, même, de grandes flotttes d’invasion. Dans les mers vertes du Nordeste, celles-ci furent vaincues lors de batailles mémorables.
L’arrivée de la famille royale portugaise dans sa colonie du Brésil, en 1808, fut le point de départ du processus de l’indépendance brésilienne, qui culmina le 7 septembre 1822, lorsque Dom Pedro, réagissant contre la pression des cortes portugaises, déclara l’indépendance.
La mer, comme toujours, fut le moyen qui permit de répandre la nouvelle dans tous les coins du nouveau pays. Comme elle était menacée dans son unité et son intégrité, il fallut à la nation, qui s’étendait entre 7.680 kilomètres de côte, des mesures urgentes. Une flotte se révélant indispensable, le génie de José Bonifácio l’imagina, la diligence de Cunha Moreira l’organisa et l’intrépide Cochrane en prit le commandement. Ce furent les navires de notre flotte qui assurèrent l’Indépendance.

[...]

Le Portugal n’avait pas accepté l’acte d’indépendance de sa colonie américaine. Il s’était montré décidé à garder, coûte que coûte, les zones du territoire brésilien où il exerçait toujours sa domination.
Le principal foyer de résistance au nouvel ordre se concentra à Bahia, où le Gouverneur des Armées, le général Madeira de Mello, disposait de forces terrestres et maritimes considérables. Le premier avril 1823, la Flotte Brésilienne, au secours de Bahia, avec à sa tête la Nef Pedro I, quitta Rio de Janeiro. Le 2 juillet, la situation du général Madeira de Mello n’était plus tenable : encerclé sur mer par les navires de notre flotte, acculé dans le golfe par la flottille commandée par João das Botas et ayant à combattre les nationalistes dans sa propre capitale, il résolut d’abandonner la lutte et de rentrer au Portugal.D’autres foyers de résistance à l’Indépendance s’allumèrent dans le Maranhão, le Pará et la Cisplatina. L’action des navires de la flotte fut décisive pour que le 8 mars 1824, les derniers éléments opposés à l’Indépendance quittent le pays.

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La nef Pedro I

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l’assaut

Posté : 12 février, 2007 @ 1:50 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Venus de la ville, les policiers et les gardes se préparent à l’assaut. Trois d’entre eux gravissent la colline avec une mitrailleuse. Au loin, on voit des groupes épars de paysans que la garde à cheval, courant d’un côté à l’autre, empêche d’approcher.
- Vous avez vu, père ? Rendez-vous ! … Ne vous faites pas tuer !…
- J’ai vu, oui !
Palma se dirige vers le banc de pierre sur lequel sont posées les cruches. Il emplit une bassine à ras bord, se plonge la tête dedans et la secoue. Sous sa chemise, l’eau ruisselle sur sa poitrine et son dos.
- Eh, Palma ! appelle quelqu’un, rageusement, du dehors. Rends-toi ! Rends-toi tout de suite, sinon ça sera pire pour toi !
Le visage creusé de rides, Palma se frotte les yeux. En boitant, il prend son fusil, et approche la bouche de la fente de la porte.
- Venez me chercher !
Amanda Corrusca lui touche l’épaule.
- Ecoute-moi, commence-t-elle, d’une voix rauque et lasse. Ta fille… ce qu’elle dit… Oui, moi aussi je pense la même chose. Qu’est-ce que tu peux faire, seul contre autant ?
Mais une vois résonne, lointaine. Palma guette.
Descendant la pente, un officier se dirige vers la colline. Sous ses ordres, répétés durement, les gardes retirent la mitrailleuse. Ils s’éloignent tous vers l’autre côté de la combe. Un mouchoir blanc en guise de drapeau, l’officier s’avance sur le sentier bordé de cistes, et s’arrête près du seuil.
Le visage marqué, brun de peau, regarde calmement la porte fermée.
- Rendez-vous, Palma. Sortez de là, je vous emmène à la caserne. Je vous donne ma parole d’honneur que personne ne vous touchera.
La voix de Palma crie, de derrière la porte :

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un mari jaloux

Posté : 10 février, 2007 @ 2:21 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Jalousie

« Quitata (1) sans vergogne ! », pensa l’homme au pistolet 45. « Pourquoi le cocu est-il le dernier à savoir ? !… »
Tout bien réfléchi : vraiment, il voyageait beaucoup, autant vers les provinces que vers l’étranger, c’était son travail, il lui fallait accompagner le ministre où qu’il aille, c’était la fonction d’un directeur de cabinet, bien qu’il n’eût pas souvent l’heur de découvrir (c’était, par exemple, une des expressions archaïques du personnage) une utilité quelconque à ces voyages (« est-ce que ce type ne m’emmènerait que pour lui porter sa serviette diplomatique ?). Mais, certainement, ces voyages incessants étaient la cause de son malheur, s’il passait plus de temps à la maison, Necas n’aurait pas éprouvé le besoin de se trouver un capitaine… Pourquoi, alors, le ministre l’emmenait-il toujours, obligatoirement, dans ces voyages inutiles ? Serait-il de mèche avec le capitaine ? Le ministre serait-il, dans le fond, le grand coupable ? Non, ce n’était pas possible…
L’homme au pistolet 45 était troublé. Par dessus le marché, l’attente commençait à le fatiguer. « Ne vais-je pas être ridicule, caché dans la cheminée, recouvert de suie ? »
Il profite de ce refuge, où il attend pour faire justice, pour continuer à penser. Après être devenu veuf, il avait décidé de se marier avec une vierge. Necas, nièce de la vieille Matári, tombait à pic. Récemment arrivée du Sud, elle n’avait sans doute pas la roublardise des Luandaises, qui ne devaient même pas être vierges des oreilles. Et, détail important : elle était jeune et très jolie.
La vieille Matári lui avait dit : « Si les draps ne crient pas, tu peux me la ramener…

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