Un peu d’humour, et de saudade
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Tourné à Odivelas (barrage du Vale da Ganza)
Petit désaccord sur la route à suivre (c’est à droite ? Non, à gauche ! Non, à droite !)
Chanson (d’Amália Rodrigues, ici c’est Dulce Pontes qui chante)
Je ne sais pas pourquoi j’aime tant Évora
Oui, je me souviens d’Évora
Quand j’arrive au bord du Tage
Les vagues m’emportent.
J’ai quitté l’Alentejo
J’ai regardé en arrière en pleurant
Alentejo, de mon âme
Tu es tellement loin.
Moissonneuse, sous la chaleur
Sous la chaleur, hélas, coupant le blé
Moissonne les peines de mon âme
Moissonne-les, emporte-les.
Bento Caeiro / Joao Camilo
La file de fourmis qui explorait l’arête gauche, corrodée, du bassin, venait de découvrir la jambe du stagiaire. Il les écrasait une à une entre ses doigts, en s’efforçant de ne pas se mettre à s’agiter de façon inévitablement ridicule. Aucun insecte, ni volant ni rampant, ne paraissait incommoder Bárbara Emília, appuyée les yeux fermés à l’armature de la treille.
- Et après ?
- Alors, après c’est quand les remises ont commencé, tous ces trucs-là. Je suis contente de ne rien à voir avec tout ça. Grâce à Dieu, je suis dactylo, n’est-ce pas ?
Maintenant il y avait aussi une abeille qui rétrécissait ses cercles autour de lui.
- Il y aurait eu une honte quelconque à être moissonneuse ?
Moissonneuse sous la chaleur, sous la chaleur, hélas, coupant le blé, chantonna-t-elle comme si aucune provocation ne pouvait atteindre son trône champêtre de reine, du haut d’un bassin recouvert d’une treille. Moissonne les peines de mon âme, moissonne-les, emporte-les. Elle lui lança deux grains de raisin, encore verts et durs, sans même se donner la peine d’ouvrir les yeux. Il avait réussi à se placer, penché, dans l’unique position où le soleil tapait sur son visage mais où tout le reste de son corps était à l’ombre.
- Même si ce n’était pas une honte ce serait une plaie, jeune homme. Parce que quand la réforme agraire a commencé à battre de l’aile, quand les grands propriétaires sont revenus, et d’autres venus d’on ne sait où pour saisir aussi des terres, quand il a commencé à apparaître ces lois qui disaient qu’il fallait tout recomposer comme c’était avant, les premières à se retrouver au chômage ont été les femmes. Ce sont toujours les femmes qui trinquent, sauf que celles-là l’avaient déjà presque oublié. Tout le monde parle beaucoup des chômeurs de la réforme agraire, mais si tu regardes bien c’est presque tous des femmes. C’est comme ça, c’est tout. Quand le mal atteindra les dactylos je me plaindrai aussi.
Clara Pinto Correia, Adeus, princesa, Relógio d’Água, 1985