Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour mars, 2007

Taiguara, Zumbi

Posté : 14 mars, 2007 @ 11:45 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | Pas de commentaires »

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Taiguara, La Révolte du Borel (quartier de Rio)

Il existe un peuple qui prête le drapeau
Pour couvrir une telle lâcheté et infamie,
La fureur du poète cria ainsi la douleur
De l’esclave noir qui souffrait tant

Et aujourd’hui,se souvenant de Castro Alves,
Le peuple danse la samba et traverse les mers
Et nous renvoie un chant afro-bantou …
la lutte qui est née avec Zumbi dos Palmares

Oiá, salut, Zumbi… courageux frère
Tu as donné ta propre vie pour ne pas trahir
Ceux qui, là-bas au Quilombo,
Ont tapé sur tes épaules un authentique « congo » (
danse africaine)
mort oui !
esclave non !
On chante ta mémoire à la Ferme du Ciel
La voix des employés est celle du Borel

Allez, paume, paume paume…
Allez, pied, pied, pied…
Tourne, tourne, tourne, petite
Tu es venue de Guinée
Mais tu existes…

(Voir l’article précédent, « Palmares, quilombo », et aussi « Le navire Négrier », poème de Castro Alves)

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Posté : 2 mars, 2007 @ 12:19 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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Charlie Chaplin dans Le Dictateur

(L’écrivain Lourival a déjà été surpris de voir arriver chez lui, successivement, Alexandre le Grand, Jules César et Napoléon… )

Quand la porte d’entrée fut poussée avec une violence inutile, personne ne regarda, sauf Lourival qui, malgré tout, était le maître de maison.

Avec sa mèche tombant sur le sourcil, rabougri et tête nue, mais encore reconnaissable, pour le moins à sa minuscule moustache et la swastika qui se détachait sur le brassard rouge qui entourait sa manche, Adolf entra, brandissant le bras.
- Sieg Heil, dit automatiquement Lourival les mains en avant pour prévenir un quelconque dommage imprévu.
Dehors l’orage était arrivé de manière subite et agressive, rayant de zigzags le soleil qui disparaissait. Vibrant de coups de tonnerre prolongés.
Adolf avait commencé à parler, incompréhensible comme toujours.
Alors, pour la première fois, la porte arrière qui donnait sur la cuisine s’ouvrit.
Tout le monde se tut.
La voix monocorde, fatiguée et geignarde affirma, avant que son propriétaire fût entré dans la pièce :
- Nous devons nous souvenir que nous sommes un pays de gens humbles. Nous devons savoir que la patrie nous oblige à vivre la charrue dans une main et l’épée dans l’autre ; et avec économie…
(1)
Lourival ne voulut pas en entendre davantage, il ne regarda même pas. Il ne pouvait déjà plus supporter de savoir qui c’était, celui-là. Il se dirigea d’un bond vers la porte de devant, qui était toujours ouverte.
Dehors la pluie avait cessé. Le tonnerre aussi. Il n’y avait qu’une lumière vague et inutile qui enveloppait la maison. Et le cri inattendu d’une chouette.
Il regarda autour de lui, pour voir s’il n’y avait pas là un paysan quelconque, les mains dans les poches et l’œil bovin. Il n’y en avait pas. Il sortit et courut discrètement jusqu’à la cour, à l’arrière, où était garée la vieille Fiat toujours opportune.
Le soleil avait disparu et les choses paraissaient plongées dans une pénombre oscillante.
Lourival monta dans la voiture, mit le moteur en marche et appuya sur l’accélérateur, démarrant brutalement. La petite voiture roula, Lourival à son bord, sur le sentier, jusqu’à la route principale.
Lourival freina alors, mit la tête à la portière et jeta un dernier regard à la pauvre maisonnette qui, là en haut, continuait à exister.
Au milieu de l’obscurité croissante la maison se détachait sur un nuage rougeâtre et insensé qui l’enveloppait comme une sphère fluide.
Il rentra la tête. Et mit le pied sur le champignon. Le plus fort possible.

Mario-Henrique Leiria, « Regressos« , Novos contos do Gin, 1974

(1) C’est Salazar qui parle

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