Lusopholie

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Le bonheur

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 4 avril, 2007 @ 12:25

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- J’ai… tant d’années et je ne suis pas encore arrivé à comprendre pourquoi il faut que je sois triste de ne pas me sentir heureux.
- Le bonheur est toujours un peu angoissant parce qu’on n’y trouve jamais d’explication suffisante.
- Les Français l’ont expliqué: le bonheur ne dure jamais longtemps – c’est pour cela qu’ils disent «bonheur» et non pas «bonnes heures»
- Avoir conscience de cela, c’est presque tragique.
- Tenter de transformer le tragique en bonheur est plus tragique que le tragique.
- Moi, au Loto comme au bonheur, je préfère perdre sans jouer.
- Lorsque nous nous sentons heureux, nous ne sentons pas moins l’énorme poids de ce qui nous transporte.
- Regardez ces photographies – vous pouvez vous faire une idée de mon bonheur.
- Comment as-tu pu être si heureux, en sachant qu’un jour tu allais oublier ton bonheur?
- Le bonheur, je ne l’ai pas oublié. Mais j’ai oublié tout le reste. C’est pour ça que lorsque je regarde ces photographies je me sens heureux.
- Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de se débarrasser du bonheur…
- C’est par ici! La route du bonheur est toujours en sens unique.
La conversation sur le bonheur est toujours circulaire. Personne ne se sent bien. Et puis, il est difficile d’en sortir – comme s’il était possible d’atteindre le bonheur, en n’arrêtant pas de parler – un appel désespéré qui finit par ressembler au hurlement d’un chien qui devine la mort de quelqu’un. C’est pour cela que je me suis appuyé à un tombeau pour me reposer. Mais je n’en ai pas eu le temps – un cycliste s’approchait, en roulant de plus en plus vite. Qu’est-ce que c’était? Son regard paraissait déconnecté de tout. Une impulsion frénétique, incontrôlable. Une recherche instinctive de félicité.
J’ai levé le bras pour l’arrêter:
- Vous n’avez pas peur de vous écrabouiller contre une croix?

- C’est plus dangereux sur la route.
- Ni plus ni moins. C’est lamentable de mourir…
- Je ne veux pas vivre! Je veux être heureux!
- La félicité a ses limites – elle ne dépend pas de la vélocité. Là dehors, il meurt tous les jours des gens heureux. Par excès de vélocité.
Il s‘arrêta brusquement, regarda ses pieds et essaya de faire marche arrière.
- La félicité n’a pas de marche arrière.
Il porta ses mains à sa bouche en un geste de préparation à la dernière tentative. Et je le plantai là comme une statue funéraire. A présent, m’étant rapproché, j’entendais la voix de mes amis (qui peut avoir des amis dans un cimetière! ?):
- Ç’a été une année heureuse – j’ai trouvé cinq trèfles à quatre feuilles en moins d’une demi-heure. Mais je n’ai même pas pu sourire.
- Le vrai bonheur est muet – il ne parle pas, il ne rit pas. Il ne tolère pas ces détails. Mais qui me dit que le «vrai» bonheur est le meilleur? Vous comprenez mon dilemme. Moi, je n’ai jamais cherché de trèfles. J’ai toujours trouvé ce que je n’attendais pas et que je ne voulais pas trouver. Et malgré tout j’ai été si souvent heureux. Vous comprenez à présent mon doute? Au sujet du vrai bonheur.

Dimíter Ánguelov, Sol Oposto, Ática 2000

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2 commentaires »

  1. saxifrage dit :

    Tiens plutôt que des oeufs de Pâques , j’irai demain dans le jardin chercher un trèfle à quatre feuilles…amicalement

  2. lusina dit :

    J’espère que tu en as trouvé un…
    Amicalement

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