Un zonard
Marco fut réveillé en sursaut par le soleil qui le frappait en plein dans les yeux. Il tenta de se calmer, de comprendre où il était. Puis, quand il se souvint enfin, il s’assit d’un bond dans le lit et se frotta frénétiquement les paupières. Lorsqu’il les rouvrit, il vit devant lui, attachés avec du papier collant à la lampe de chevet, un billet de cinq mille et une feuille de papier lilas.
« Marco », lut-il à voix basse. « Il a fallu que je sorte et comme je n’ai pas réussi à te réveiller je t’ai laissé dormir. Je dois rentrer vers quatre heures et j’aimerais beaucoup que tu m’attendes. Si tu ne peux pas, téléphone-moi bientôt. Je t’embrasse. Céleste. P.S. Comme je n’ai pas de monnaie, je te laisse 5000 escudos. » Marco se souvint vaguement de lui avoir demandé de lui prêter 1000 escudos quand elle s’était penchée sur lui pour l’embrasser. Il se souvint également du goût bizarre resté sur ses lèvres et du parfum fort qui l’avait fait éternuer deux ou trois fois.
Ensuite, il se leva et mit son oreille contre la porte. Est-ce que l’autre s’est tirée aussi ? Bordel, la peur qu’elle m’a faite, avec ses yeux de poisson et ses cheveux tirés sur sa tête ! J’ai cru que j’allai péter un plomb, pensa-t-il, jetant un coup d’œil par la porte entrouverte avant de sortir dans le couloir. J’ai une faim du diable. J’espère qu’il y a quelque chose qui se bouffe.