Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour mai, 2007

La machine

Posté : 29 mai, 2007 @ 9:10 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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sophies.maze.free.fr

Plusieurs accidents étaient déjà arrivés à des collègues de travail. L’un d’eux mortel. Une terrible malchance, tous le reconnaissaient, un ensemble de probabilités rares qui s’étaient mêlées ; mais cet improbable cessa de l’être et plusieurs années après il était inscrit comme un fait : une mort provoquée par la machine sur laquelle travaillait Joseph Walser.
Elle exigeait de lui, donc, une attention permanente. Une attention exacte, disait Klober, en accentuant le caractère bizarre du lien entre un mot vaste et peu compréhensible, comme l’attention, et un mot ferme et parfaitement sans ambiguïté, comme l’exactitude. Une attention exacte, c’était ce qui était nécessaire à qui travaillait sur cette machine. L’attention comme qualité émotionnelle, qualité peu corporelle, peu manuelle, dirait Klober, jointe au mot objectif : exactitude. Un mot rationnel, issu du monde scientifique.
[...]
L’attention exacte résumait donc ce qui était nécessaire à la fonction de Joseph Walser : être un animal parfait, un animal non-animalesque, non imprévisible, un organisme sans fluctuations, un organisme qui parvenait à rester égal à lui-même, immuable, pendant tout le temps où il était devant la machine. Parce que cette machine exigeait de chacun des employés un ensemble de gestes déterminés, répétés, et de séquence constante. La moindre déviation du geste exact, au geste conséquent de l’attention exacte exigée, la moindre déviation aurait pour conséquence une perturbation de l’efficacité de la machine et donc une production plus basse, ou même une panne.

Gonçalo M. Tavares, A máquina de Joseph Walser, Caminho, 2004

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Encore un héros

Posté : 23 mai, 2007 @ 11:20 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

 

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Freud a dit : dans tout acte sexuel, il y a deux personnes de trop (je cite de mémoire). Si Pedro Domingues João (le camarade Tir Infaillible) était initié aux méandres de la psychanalyse, nous ne le savons pas. Ce qu’il se passait, alors, c’est qu’il se rappelait Rita avec une fréquence excessive, quand il faisait l’amour avec Lemba, et, dans le cas où la « privilégiée » (nous verrons que notre personnage se considérait comme un « élu ») était la première, l’image de la seconde s’interposait toujours entre eux, un peu avant les ultimes clameurs par lesquelles, cédant à l’appel irrémédiable du sang, ils célébraient la liaison physique de leurs deux corps (dans l’exemple donné ici, l’âme jouait un rôle rigoureusement inoffensif).
Avant d’aller plus loin, il convient de procéder à certains éclaircissements : le pseudonyme de Pedro Domingues João était un authentique nom de guerre et n’avait rien à voir avec la signification pécheresse qu’on a attribué, en portugais d’Angola, à l’expression « tirer un coup ». Tout le monde l’appelait, donc, Tir Infaillible, non pas à cause de sa vitalité sexuelle largement commentée, mais parce que, durant la lutte pour l’indépendance, il s’était rendu célèbre en réussissant à abattre les hélicoptères ennemis d’un seul coup de fusil. Il y en avait même qui, soit parce qu’effectivement ils lui faisaient davantage confiance, soit parce qu’ils étaient incapables de mesurer les distances lorsqu’il s’agissait d’un presque héros, l’appelaient simplement : camarade Infaillible.
Son adresse au tir était si redoutable que les tuga
(1) en étaient arrivés à répandre le bruit, en plus d’une occasion, qu’il était mort au combat ou qu’il avait été fait prisonnier, simplement pour démoraliser les autres guérilleros. Dans leurs transmissions pathétiques à travers la Voix d’Angola, ils le désignaient comme « le terroriste Tir Infaillible » et autres insultes hystériques déjà tellement chantées et déchantées, en poésie comme en prose, dans la littérature angolaise. Mais il filait toujours entre les doigts de leurs féroces chasseurs, sautillait de région en région, abattant des hélicoptères comme on abat des lapins imprudents. Il était devenu une légende.

João Melo (Angola), Imitação de Sartre et Simone de Beauvoir, Caminho, 1999

(1)« Portugais » (péjoratif)

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considérations

Posté : 22 mai, 2007 @ 10:15 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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*

- Ça reste entre nous, murmura Laurinda, penchant son corps frêle en avant. Non, je n’aime pas dire du mal des patronnes… Mais Madame Céleste, vous voyez, voilà-t-il pas qu’elle s’est trouvé un gamin qui pourrait être son fils, un morveux qui n’a même pas de poils sur la poitrine ?
- Qui c’est, celle-là ? demanda Vanda, sans lever le regard de la recette de lotte qu’elle allait préparer pour le dîner.
- Depuis le temps que je vous répète que Madame Céleste, c’est celle qui s’est séparée de son mari… Celle qui tient un restaurant de prêt-à-manger, je sais pas comment ça s’appelle.
- Je vois. Oh, Laurinda, passez-moi les œufs, s’il vous plaît. Et faites attention à l’heure, vous avez vu qu’il est déjà presque sept heures.
- Et alors ? Il n’y a personne qui m’attend. En sortant d’ici je vais me coller devant la télévision. C’est pas que le travail manque à la maison, ne croyez pas que j’ai rien à faire.
- Ce n’est pas pour ça, s’excusa Vanda. C’est qu’il fait bientôt nuit, acheva-t-elle, n’ayant pas le courage de lui dire qu’elle préfèrerait qu’elle soit partie quand son mari arriverait, vers sept heures et demie.

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Faussement prometteur

Posté : 21 mai, 2007 @ 9:51 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 2 commentaires »

Faussement prometteur dans - époque contemporaine discob10

Le torse du discobole

Une pensée qui se détache
pas un aveu – elle m’est venue solennellement.
Ni un don méritant qu’on s’y attache
ni même un jeu réclamant la réciprocité.

Une serviette partagée
pas non plus, même humide,
une dévotion manifeste ou une aveugle estime.

Bien qu’il y ait du détachement
Et un certain mérite à jeter sur soi
un tissu moelleux et tiède qui à l’instant
a fait le tour de sa chère poitrine, et couché
tous ses poils du même côté :

Motif faussement prometteur,
l’or d’un autre, la serviette-toison.

Jean Cristtus Portela (Brésil), Mars 2007

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Marrabenta

Posté : 20 mai, 2007 @ 10:55 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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Naissance d’une musique et d’une danse

Légende :

Maria était la plus belle fille des alentours, mais c’était aussi la plus solitaire. Comme elle n’avait pas d’amoureux, elle va consulter le guérisseur. Celui-ci devine que le mal est dans les jambes de Maria. Après l’avoir traitée, il lui demande de danser. Libérée de ses maux, Maria danse et choisit le partenaire de son coeur, qui danse la « marrabenta de l’amour »

Le Marrabenta est un genre musical, comme le zouk ou la salsa. Il est typique du sud du Mozambique et surtout de la ville de Maputo, la capitale. La musique était jouée par des musiciens n’ayant aucune expérience académique et qui dès lors se produisaient avec les moyens du bord : bidons d’huile, pièces en bois, cordages de pêche.

L’histoire du Marrabenta remonte aux années 1930. C’est une musique répétitive, rythmée, destinée au mouvement, au rythme minimaliste des guitares et claviers.

Pendant la lutte de libération, les Portugais ont considéré cette musique comme subversive et fermé les lieux où les musiciens se produisaient. Après l’indépendance, le Marrebenta a réapparu dans le pays mais la jeune génération urbaine a depuis lors développé son propre style sous l’influence du rap occidental.

Peu après l’indépendance en 1975, beaucoup de jeunes musiciens sont apparus, ont réinventé le style et lentement, mais sûrement, ils ont imposé au Mozambique le principale rythme urbain d’aujourd’hui.

(source : www.amigos-de-mocambique.org/)

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Arrivée aux Açores

Posté : 17 mai, 2007 @ 8:02 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Madredeus, As Ilhas dos Açores

David arriva aux Iles dans un avion qui sentait le fuel, dont les rivets presque dévissés vibraient de huit en huit minutes de manière troublante. A côté de lui se trouvait une mère muette et un père silencieux qui, de temps en temps, levait les mains vers l’endroit où un jour ses deux yeux avaient fonctionné. Ils n’étaient pas, tous les trois, plus éloignés que les autres fois. Ils s’étendaient sur ce même désert qu’ils avaient pour lieu de repos depuis le jour de la chute de la grue.
Mais David était trop excité pour y penser. Il avait créé dans son esprit l’idée que sa vie ne parviendrait jamais à s’élever du ras du sol. Et c’était avec une agréable surprise qu’il voyait, à ce moment-là, les nuages courir au-dessous de lui. Mais à dix-sept ans, tout semble être ainsi : la vie et la mort, en même temps.
« Nous survolons en ce moment le groupe central – commença la voix barbue du commandant – A droite on peut voir l’Ile de BBBSSSSSHHH…. GRRRSSHHHH… ».
Saloperie de micro ! Ça, ça l’irritait. Ne pas comprendre. Mais l’expression « Ile de… » était en soi suffisamment stimulante. Dans une minute ils verraient sûrement les palmiers…
L’avion commença à descendre et ils entrèrent dans un massif de nuages. Les lumières les prévenant de mettre les ceintures et d’éteindre les cigarettes s’allumèrent.

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Retour du Canada

Posté : 16 mai, 2007 @ 7:15 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | Pas de commentaires »

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Starlight, « Viagem aos Açores »

Starlight est un groupe luso-canadien. Cette chanson a été écrite après leur premier concert dans leur village d’origine, Ribeira Quente, à Sao Miguel, Açores, après leur retour du Canada, où ils ont vécu de nombreuses années.

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Cangaceiro

Posté : 15 mai, 2007 @ 11:59 dans - époque contemporaine, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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Lampião, le roi du cangaço

Héros ou bandit ? De toute façon, un mythe, c’est sûr.
Maria Gomes de Oliveira fut la première femme à apparaître dans le décor du cangaço.
( « Reveille-toi, Maria Bonita, va vite faire le café.
Le jour arrive et la police est déjà levée… « )
Ses compagnons : Corisco et Dada
Virgolino Ferreira da Silva, dit Lampião, né dans l’état de Pernambouco, écrivit son histoire de chef du cangaço du Nordeste avec du sang, mais, malgré tout, il fut le bandit le plus admiré du Brésil.

(La scène macabre que vous pouvez voir à la fin est restée exposée plus trente ans au Musée Nina Rodrigues, à Salvador, les têtes de Lampião, de Maria Bonita et d’autres cangaceiros.)

Un projet de loi fut proposé le 24 mai 1965, et le 6 frévrier 1969, les dépouilles mortelles des cangaceiros eurent droit à une sépulture.

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