Souvenirs
Sainte Cécile, Peinture sur bois du Maître du retable de Saint Bartholomée.(Alte Pinakothek de Munich)
J’éteins la radio, j’apprécie le silence de Coimbra, comme les autres fois, il y a deux mois ou il y a presque un an.
Il y a deux mois, en revenant de Saint-Jacques à Lisbonne, je me suis arrêté ici, il faisait nuit. Il y a un peu plus de dix mois, en allant de Lisbonne à Saint-Jacques, je me suis aussi arrêté, mais de jour. Je suis passé par ici, il y a dix mois, pour me rendre à l’adresse que j’avais notée sur un bout de papier, dans une rue proche de l’ancienne université. Mais je me rappelle bien avoir hésité quand, il y a dix mois, à mi-chemin de mon voyage à Saint-Jacques, je cherchais la rue dont j’avais noté le nom et le vieil homme qui y habitait. Je ne l’avais plus cherché depuis longtemps, depuis longtemps je ne pensais à lui que rarement, depuis que m on vieux professeur avait quitté Lisbonne. Quelques lettres brèves lettres échangées par obligation, un ou deux coups de téléphones de pure courtoisie, et rien d’autre. Il y a dix mois j’ai donc arrêté ma voiture devant sa porte, il faisait jour, il y avait des étudiants dans des rues proches et ma mémoire qui s’obstinait à insister. A présent je m’arrête de nouveau devant sa porte, et je regarde autour de moi en quête d’un café. A cette heure il n’y a rien d’ouvert.
- Et alors, qu’est-ce qui se passe ?
Cette voix aussi, je me la rappelle bien de mon enfance, dans la pièce d’étude de mon premier professeur. Mon premier cours.