Arrivée aux Açores
Madredeus, As Ilhas dos Açores
David arriva aux Iles dans un avion qui sentait le fuel, dont les rivets presque dévissés vibraient de huit en huit minutes de manière troublante. A côté de lui se trouvait une mère muette et un père silencieux qui, de temps en temps, levait les mains vers l’endroit où un jour ses deux yeux avaient fonctionné. Ils n’étaient pas, tous les trois, plus éloignés que les autres fois. Ils s’étendaient sur ce même désert qu’ils avaient pour lieu de repos depuis le jour de la chute de la grue.
Mais David était trop excité pour y penser. Il avait créé dans son esprit l’idée que sa vie ne parviendrait jamais à s’élever du ras du sol. Et c’était avec une agréable surprise qu’il voyait, à ce moment-là, les nuages courir au-dessous de lui. Mais à dix-sept ans, tout semble être ainsi : la vie et la mort, en même temps.
« Nous survolons en ce moment le groupe central – commença la voix barbue du commandant – A droite on peut voir l’Ile de BBBSSSSSHHH…. GRRRSSHHHH… ».
Saloperie de micro ! Ça, ça l’irritait. Ne pas comprendre. Mais l’expression « Ile de… » était en soi suffisamment stimulante. Dans une minute ils verraient sûrement les palmiers…
L’avion commença à descendre et ils entrèrent dans un massif de nuages. Les lumières les prévenant de mettre les ceintures et d’éteindre les cigarettes s’allumèrent.