Une vie de paria
Alentejo (photo Al Farrob, http://www.al-farrob.com/)
Pendant quelques jours le vent du Nord se calme. De grosses pluies se mettent à tomber le matin, s’attardent tout l’après-midi, et ne s’éteignent qu’avec le soir. Puis, de nouveau le vent fait irruption du côté du Nord. Le temps sec, froid et sombre.
Elle est étroite, toujours la même, la vie de la campagne. Rares sont les événements étranges, tout se répète. Même lorsqu’un changement se confirme et persiste, il devient aussitôt monotone. C’est ce qui arrive à Palma. Bien qu’il n’ait encore traversé la frontière qu’une demi-douzaine de fois, il lui semble qu’il y a longtemps qu’il fait de la contrebande.
Dans la masure, les repas quotidiens atténuent vite l’appréhension de Julia, les colères d’Amanda Carrusca. Tous se montrent reconnaissants, et seule Mariana s’obstine à contrarier l’harmonie établie. Mais ses raisons se heurtent à la réalité du moment : ils ont de quoi manger.
Manuel da Fonseca, Seara de vento, 1958 ( 16° éd.Caminho 1984)