Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Nombre d’or

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 19 juin, 2007 @ 9:30

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« Dieu nous a laissé un grand souvenir », dit-il en lissant ses cheveux en arrière. Puis il mit la main dans sa poche – c’était une poche très profonde, ou alors ce n’était qu’une métaphore assez lente.
Finalement il en tira quelque chose de minuscule et commença à le déplier. Je dus reculer pour laisser la place au dépliage de ce rituel solennel. Il répondit à mon geste en dépliant et en déployant le souvenir dans une autre direction. C’était quelque chose d’une transparence croissante, parce que ce n’était qu’à travers ses mouvements, et plus tard par ses mouvements autour de ce qu’il avait déplié (c’était un carré, ou peut-être avait-il la divine proportion, ce pouvait être une erreur de perspective) que j’en déduisais la dimension. L’espace permettait la continuation du dépliage et je commençais à m’impatienter, prêt à m’en aller malgré mon respect pour la mystérieuse mise à plat de ce qui devait théoriquement être une surface. J’hésitai parce qu’il me vint cette idée bizarre : l’action de déplier peut être morose et désagréable pour un homme inexpérimenté, mais qui a été capable de plier cette immensité de transparence parfaite ? Ce ne peut être que Lui. Mais pour quoi faire ?
« Ce n’est plus la peine, vous pensez à autre chose de totalement différent », dit mon inconnu, et d’un geste brusque il jeta à terre la transparence.
Non, ce n’était pas une surface transparente, et elle n’avait pas la divine proportion. Personne n’essayait de la déplier. J’étais devant une énorme flaque, à Campo Grande, et je me demandais comment faire pour passer de l’autre côté.

Dimíter Ánguelov , Partida incessante, Nova Atica, 2001

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2 commentaires »

  1. Noah Norman dit :

    Toujours aussi déroutant ce Dimiter Ánguelov, j’adore, merci Lusina.

    Ceci étant dit, phi, le nombre d’or est présent dans la nature en 1.61…, en plus approchant 1/3 ou en suite de Fabionacci (Fleur de tournesol, coquillage, implantation des feuilles sur une tige, pomme de pin…) et tout ça reste un très grand mystère de la mère nature !

    Bien à toi,

    Nono

  2. lusina dit :

    Merci, Nono ! Oui, la divine proportion est présente dans la nature, et c’est pourquoi, à mon avis, on la trouve si esthétique ;-) . (Sauf quand il s’agit d’une flaque d’eau dans un terrain boueux !)

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