passion
J’ai connu la légende de Al-Ghatash encore enfant, assis près du fauteuil à bascule de mon grand-père, seuls lui et moi, dans l’ancien atelier de confection qui se trouvait dans l’arrière-cour de la vieille maison de la rue Formosa, à Campos dos Goytacazes. Le vieux Nagib me contait en portugais ce que je suppose être son adaptation personnelle de la Qafiya.
Dès le début, cette histoire d’un poète qui traverse le désert en quête d’une femme inconnue, d’une énigme liée à une fabuleuse montagne circulaire, d’un génie borgne et aveugle qui pouvait voyager dans le temps, me fascina.
Je me rappelle l’émotion de mon grand-père sur son fauteuil à bascule. Je sentais qu’il croyait à la légende de l’énigme, à la possibilité pour nous aussi, hommes de chair et d’os, de retourner vers le passé. Chaque fois que je feignais de douter, il me regardait, très sérieux, et me désignait un instrument recouvert de poussière où je reconnus plus tard un petit télescope.
Mon grand-père Nagib mourut avant de m’apprendre ce qu’était un télescope. J’ai grandi avec ce poème dans la mémoire. C’est évident. Mais je voulais l’avoir dans une version écrite.