Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

passion

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 3 juillet, 2007 @ 9:15

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J’ai connu la légende de Al-Ghatash encore enfant, assis près du fauteuil à bascule de mon grand-père, seuls lui et moi, dans l’ancien atelier de confection qui se trouvait dans l’arrière-cour de la vieille maison de la rue Formosa, à Campos dos Goytacazes. Le vieux Nagib me contait en portugais ce que je suppose être son adaptation personnelle de la Qafiya.
Dès le début, cette histoire d’un poète qui traverse le désert en quête d’une femme inconnue, d’une énigme liée à une fabuleuse montagne circulaire, d’un génie borgne et aveugle qui pouvait voyager dans le temps, me fascina.
Je me rappelle l’émotion de mon grand-père sur son fauteuil à bascule. Je sentais qu’il croyait à la légende de l’énigme, à la possibilité pour nous aussi, hommes de chair et d’os, de retourner vers le passé. Chaque fois que je feignais de douter, il me regardait, très sérieux, et me désignait un instrument recouvert de poussière où je reconnus plus tard un petit télescope.
Mon grand-père Nagib mourut avant de m’apprendre ce qu’était un télescope. J’ai grandi avec ce poème dans la mémoire. C’est évident. Mais je voulais l’avoir dans une version écrite.

J’ai fouillé la maison de la rue Formosa, retourné les malles, ouvert chacun des cinq mille volumes des étagères, fait même tomber le télescope, et je n’ai trouvé que quelques notes éparses sur la littérature arabe, sans aucune mention de Al-Ghatash ou du génie borgne et aveugle.
[...]
C’est le désir de récupérer les fragments perdus et de donner forme écrite à la Qafiya qui me poussa à apprendre l’arabe classique, l’hébreu, l’ensemble des dialectes syriaques et même l’idiome épigraphique éteint du Yémen. Je me suis aussi intéressé à l’archéologie du Moyen-Orient, je me suis penché sur la géographie des déserts de Syrie et d’Arabie; j’ai étudié l’ethnologie bédouine et pratiquement retenu par coeur la poésie préislamique.
Mais c’est seulement quand je me suis voué à la Science des étoiles sous la forme primitive où elle surgit parmi les Chaldéens que j’ai pu recomposer la poésie originale et trouver la solution de l’énigme de Qaf.

Alberto Mussa, L’énigme de Qaf, traduction de Pierre Rivas (publié dans la revue Europe, n° 919-920 consacré à la Littérature du Brésil, http://www.europe-revue.info/)

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2 commentaires »

  1. binicaise dit :

    Une enigme que j’aimerai connaitre, est ce que je dois lire ce livre… peut être, en tout cas je vais noter le titre .
    Bon week end Jacqueline

    Dernière publication sur Binicaise : Blog en pause pour une durée indéterminée.

  2. lusina dit :

    C’est un livre très intéressant, malheureusement à l’heure actuelle seuls des extraits sont traduits en français…

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