A railleur, railleur et demi
*
(A Dona Guiomar Afonso Gata)
Quand je serai mort pour elle,
Je sais ce que dira ma belle :
« Je suis Guiomar Afonso ! »
Quand elle me donnera la mort,
Sais ce qu’elle dira de ce sort :
« Je suis Guiomar Afonso ! »
Quand je mourrai, elle portera
Sa main au menton et dira :
« Je suis Guiomar Afonso ! »
*
Joán García m’a demandé
de quelle mort je mourais
et tout à l’heure je lui ai dit ;
«Voici la mort qui me tue;
Guiomar Afonso Gata
est la dame qui me tue.».
Après qu’il m’eut demandé
qui me faisait tant souffrir,
moi-même je lui ai dit :
«Voici la mort qui me tue
Guiomar Afonso Gata
est la dame qui me tue.».
Rui Quemado (Minho)
Rui Queimado est mort d’amour
dans ses chants, à ce qu’il disait,
pour une dame, parce qu’il voulait
montrer son talent de trouveur.
Elle ne voulut pas son amour,
il se fit mourir dans ses chants,
mais ressuscita le troisième jour.
Il voulut montrer sa passion
pour une dame, mais je dirais :
préoccupé par la « maestria«
de ses chants, il a envie
bien que mort, de jouir de la vie.
Il est seul à pouvoir le faire,
personne d’autre ne le peut.
Et il n’a plus peur de la mort,
Sinon mille fois il la craindrait.
Il est le seul homme qui sait
Comment vivre en étant mort.
Dans ses chants il peut mourir
En étant vivant. Plus grand pouvoir
De Dieu ne pourrait obtenir.
Si Dieu me donnait ce pouvoir
De, bien que mort, pouvoir vivre,
Jamais je ne craindrais la mort.
Pero Garcia Burgalês (Burgos) ~1250
6 commentaires »
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C’est vraiment du beau travail ! J’adore ces poèmes, même si j’ai que 12 ans!
J’adore l’histoire, et j’avoue être la premier de la classe en toutes les matières!
(rire) voila vous pouvez me consulter à cette adresse : claire417@hotmail.fr
Les troubadours étaient merveilleux !
Merci de ta visite, Claire ! A bientôt !
pffff….
Un magnifique poème qui m’interpelle quand je le lis à haute voix, cette complainte est triste et à la fois pleine de sens.
je ne crains pas la mort, elle est dans l’ordre des choses, j’espère juste que la faucheuse, quand mon heure sera arrivée, soit rapide.
Mais si je devais vivre sans amour, je serais une morte parmis les vivants!
Bises Cécile et merci pour ce magnifique texte.
Dernière publication sur MICHELE HARDENNE : Livres publiés chez Editions L'Espérance
Merci de ta visite, Michèle !