Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour septembre, 2007

L’homme laid

Posté : 30 septembre, 2007 @ 8:06 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 4 commentaires »

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Dessin de Luke Brown (www.spectraleyes.com)

C’est peut-être pour ça qu’ils lui racontèrent l’histoire de l’Homme Laid.

Il y a longtemps, au milieu du sertão, une femme sentit la vie bouger en elle. En ajoutant à ça les nausées et la pratique de la conception acquise avec ses cinq enfants précédents, elle alla voir son mari et se déclara enceinte. Celui-ci, qui gagnait sa vie en vendant des chaises faites de branches d’arbres ramassées dans la forêt, tressées de rameaux d’arbustes, dans les formes que son imagination lui dictait, soupira, avant d’accepter avec joie l’arrivée d’une bouche supplémentaire. Sa femme, pourtant, éprouvait des sentiments mêlés, qu’elle mit sur le compte de la difficulté à nourrir un enfant de plus. C’était, en vérité, une sorte de pressentiment du destin qui se profilait. Son ventre grossit normalement jusqu’à près de quatre mois. Un jour, apparut un homme grand et laid, qui demanda de l’eau et quelque chose à manger. Ses mains étaient épaisses et sèches comme s’il lui était interdit de toucher la fragilité. Le mari se trouvait dans la forêt en train de chercher du bois et n’assista pas à l’arrivée de l’inconnu. Les enfants entourèrent l’homme qui mangeait et le pressèrent de questions. Lorsqu’il eut presque fini, il dit à la femme que sa famille était une beauté. Elle, qui avait toujours été aimée pour la gentillesse de son cœur, déclara qu’il n’y avait rien de plus important pour elle que la beauté d’une nuit de pleine lune, en compagnie de gens qu’on aime. L’homme sembla méditer cela, affirmant que, pour autant qu’il regarde autour de lui, il ne voyait rien de laid. Elle-même était si jolie qu’il avait décidé d’en profiter. La femme recula, appelant son mari à grands cris, mais cela ne lui servit de rien. Les enfants furent enfermés dans une baraque où, auparavant, on enfermait les poules, et la femme fut attachée au bord du lit. L’homme sortit et revint.

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samba d’été

Posté : 29 septembre, 2007 @ 9:30 dans musique et chansons, Poesie | 4 commentaires »

http://www.dailymotion.com/video/3tBmJL9rcoQ2o36j

Caetano Veloso, Samba de verão ( original de Paulo Sergio Valle et Marcos Valle, 1965 )

Tu as vu que l’amour, je n’ai jamais vu ça,
Est passé sans s’arrêter, mais m’a juste regardé
S’il repasse, je cours après, je demande, je lui parle,
Je lui dis que l’amour a été fait pour donner
Ecoute, il est comme l’été, le coeur réchauffé,
Saute tout à coup pour voir la fille qui vient,
Elle vient, elle a toujours cette mer dans le regard
Tu vas voir, pas de doute, elle n’a jamais personne à aimer
Aujourd’hui si, elle dit que si, j’en ai assez d’attendre,
Je n’ai pas arrêté, ni dormi, juste pensé à me donner
J’appelle, mais tu ne viens pas,
Bien,
Je laisse tomber, regarde le ciel

Parle soleil, mais toi tu viens.

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compteur stats

Découverte

Posté : 26 septembre, 2007 @ 1:50 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Découverte dans - moyen âge/ XVIème siècle p42vol4

Armada de Pedro Alvares Cabral

Le samedi [25 avril 1500] au matin, le Capitaine général [Pedro Alvares Cabral] nous demanda de mettre à la voile et nous nous avançâmes par le chenal, qui est très large et très profond, de six ou sept brasses. Tous les vaisseaux purent passer et vinrent jeter l’ancre par cinq ou six brasses de fond, dans un mouillage si grand, si beau et si sûr que deux cents navires et vaisseaux auraient pu y tenir.
Dès que les vaisseaux furent à l’ancre, leurs capitaines se réunirent sur le navire amiral. Le Capitaine général ordonna à Nicolau Coelho et à Bartolomeu Dias d’aller à terre, d’y conduire les deux hommes et de les y laisser avec leurs arcs et leurs flèches. On donna à chacun d’eux une chemise neuve, un bonnet rouge et un rosaire fait de gros grains blancs en os, qu’ils emportèrent ainsi qu’un grelot et une clochette. Le Capitaine envoya en leur compagnie, pour qu’il reste parmi eux, un jeune proscrit, valet de Dom João Telo, du nom d’Afonso Ribeiro; il devait aller avec eux pour s’enquérir de leur mode de vie et coutumes. Le Capitaine me demanda d’accompagner Nicolau Coelho. Ainsi nous piquâmes droit vers la plage; et là apparurent soudain quelque chose comme deux cents hommes, tout nus, tenant arcs et flèches à la main. Ceux qui venaient avec nous leur firent signe de se reculer et de déposer leurs arcs; ce qu’ils firent, sans pour autant se tenir beaucoup en retrait. Dès que ceux-ci eurent déposé leurs arcs, ceux qui étaient avec nous s’enfuirent, et le proscrit avec eux, sans qu’aucun d’eux ne se retournât: c’était à qui courrait le plus vite. Ils traversèrent un fleuve d’eau douce qui coule par-là, dont l’eau, abondante, leur arrivait jusqu’à la taille. Nombreux furent ceux qui les suivirent. Ils coururent jusqu’à un bois de palmiers, où d’autres les attendaient, et ils s’arrêtèrent en cet endroit.

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renaissance

Posté : 26 septembre, 2007 @ 7:08 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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A côté des roses, son image dans le miroir. Ses cheveux châtains, longs, ses yeux verts. Son corps encore humide. La légère fragrance du gel de bain. Un parfum de femme nue.
Elle pensa pour la millième fois qu’elle était trop jolie. La perfection de ses traits avait quelque chose de terrifiant. D’immuable. Ses yeux immenses brillaient comme des perles. Et ses seins parfaits, de femme qui ne veut pas d’enfants…
De femme seule.
Elle se rappelait ce qu’elle avait dit à David lorsqu’ils avaient rompu : « Je ne supporte pas de me réveiller la nuit et de te voir à côté de moi dans le lit. »
Puis elle avait tenté d’adoucir la chose : « J’ai besoin d’être seule pour écrire. »
Et elle avait continué à vivre seule, même après avoir terminé son livre. Si tant est qu’elle l’ait terminé. Il lui semblait qu’elle était encore en lui, liée… Bien qu’elle se soit enfuie très loin. Dans l’île où elle était née vingt-huit ans auparavant, dans la maison qui avait appartenu à ses grands-parents et qui était à présent la sienne.

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Tradition et humour

Posté : 24 septembre, 2007 @ 6:10 dans musique et chansons | 3 commentaires »

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Psst Tó Maxoste, Tas cos copos (approximativement : tu es bourré)

(http://www.maxoste.com)

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Narcissisme contagieux

Posté : 22 septembre, 2007 @ 7:31 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Echo et Narcisse, William Waterhouse (1849-1917)

Quand il avait repris ses sens et regardé ses pieds, il avait vu qu’il n’avait pas de sabots, et s’était aperçu qu’il était un homme. Assez mal vêtu, et par conséquent, pauvre et sans goût. Lorsqu’il avait vu son visage reflété dans une flaque, il avait compris qu’il ne connaissait pas ce visage et était tombé dans le désespoir. Mais il s’en était rendu compte à temps et avait pensé qu’il valait mieux se rendre au commissariat, pour qu’on l’identifie. Et il s’était mis à raconter son histoire, qui avait, pour ainsi dire, une fin ténue et confuse, mais il s’était perdu dans tant de détails, il avait raconté tant d’exploits qu’à son grand étonnement il s’était pris d’enthousiasme et n’avait plus pu s’arrêter. Certains policiers avaient été si absorbés qu’ils avaient fini par s’endormir et d’autres avaient commencé à errer comme des somnambules et il n’avait plus su s’ils l’écoutaient ou s’ils fantasmaient sur ce qu’ils croyaient avoir entendu de sa bouche et s’il n’était pas dans un asile au lieu d’un commissariat.

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Ô Discordia

Posté : 21 septembre, 2007 @ 5:01 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 2 commentaires »

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Pêcheurs, (tissu appliqué d’Evelyne Régnault)

Je l’ai vu se coucher sur la mer paresseuse
Le soleil en clin d’oeil aux ondes sirupeuses
Le vent glacial fouettait l’ocre chaud des falaises
Là-bas au bout du monde en côte portugaise

Je t’ai vu te coucher dès la fin de l’histoire
Tandis que l’or du jour se change en peur du soir
Je t’ai vu te coucher comme un enfant fragile
Qui ne croit plus en rien et baisse ses longs cils

Tout s’endort et s’éteint quand vient la fin des temps
Dans la nuit engourdie décline tout autant
La passion des amants noyée par l’inquiétude

De l’obscurité dense ombrée de solitude
Naît un souvenir flou perdu dans les dédales
D’un monde analphabète et qui perd les pédales.

Marialou, in Duos avec Jocelyn

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Voracité

Posté : 19 septembre, 2007 @ 6:07 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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(Extrait lu par Carlos Gomes)

- C’est la poussière, dit Mário, en s’essuyant les mains à sa chemise.
- Ce sont les bestioles et la méchanceté des hommes, dit Alcino.
- Ce serait une catastrophe si quelqu’un apprenait que les livres sont tous pourris, dit l’évêque, une des rares fois où il vint s’enquérir des progrès de l’oeuvre. Il faut que je vous envoie d’urgence un spécialiste.
C’est à ce moment-là qu’on fit venir du couvent des Bernardines une soeur handicapée des jambes, mais très savante sur le chapitre de la conservation et la restauration. Elle fut amenée dans une espèce de fauteuil roulant en bois qui se traînait plus qu’il ne roulait.
- C’est pour l’expiation des péchés du monde, qui sont plus nombreux que les miens, disait-elle. Mais en réalité, la souffrance se situait surtout dans les bras des soeurs assistantes qui, en rechignant (et même en maudissant intérieurement l’heure où elle avaient fait un pas en avant pour se proposer pour aider leur consoeur âgée) la déposèrent d’étagère en étagère et ensuite près d’une des grandes tables de la pièce.
Ils apprirent alors, l’aspirant prêtre et le prêtre aspirant, que :

a) On ne sort jamais un livre de son étagère en tirant sur le bord supérieur de la tranche. Les livres sont faits pour être rangés en respectant un espace vide entre eux, qui facilite leur retrait, (et on voyait bien qu’ils avaient dû tout faire sans précaution, parce que les hommes, tout prêtres qu’ils soient, n’ont aucune délicatesse pour rien.)
b) On ne doit jamais poser des documents directement les uns sur les autres, sans une protection, car les additifs chimiques de l’un pourraient atteindre l’autre par effet de migration. Parce que tout migre, même le malheur.

- Nous avons fait ce que nous avons pu. Nous avons même utilisé du ruban adhésif…

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