Découverte
Armada de Pedro Alvares Cabral
Le samedi [25 avril 1500] au matin, le Capitaine général [Pedro Alvares Cabral] nous demanda de mettre à la voile et nous nous avançâmes par le chenal, qui est très large et très profond, de six ou sept brasses. Tous les vaisseaux purent passer et vinrent jeter l’ancre par cinq ou six brasses de fond, dans un mouillage si grand, si beau et si sûr que deux cents navires et vaisseaux auraient pu y tenir.
Dès que les vaisseaux furent à l’ancre, leurs capitaines se réunirent sur le navire amiral. Le Capitaine général ordonna à Nicolau Coelho et à Bartolomeu Dias d’aller à terre, d’y conduire les deux hommes et de les y laisser avec leurs arcs et leurs flèches. On donna à chacun d’eux une chemise neuve, un bonnet rouge et un rosaire fait de gros grains blancs en os, qu’ils emportèrent ainsi qu’un grelot et une clochette. Le Capitaine envoya en leur compagnie, pour qu’il reste parmi eux, un jeune proscrit, valet de Dom João Telo, du nom d’Afonso Ribeiro; il devait aller avec eux pour s’enquérir de leur mode de vie et coutumes. Le Capitaine me demanda d’accompagner Nicolau Coelho. Ainsi nous piquâmes droit vers la plage; et là apparurent soudain quelque chose comme deux cents hommes, tout nus, tenant arcs et flèches à la main. Ceux qui venaient avec nous leur firent signe de se reculer et de déposer leurs arcs; ce qu’ils firent, sans pour autant se tenir beaucoup en retrait. Dès que ceux-ci eurent déposé leurs arcs, ceux qui étaient avec nous s’enfuirent, et le proscrit avec eux, sans qu’aucun d’eux ne se retournât: c’était à qui courrait le plus vite. Ils traversèrent un fleuve d’eau douce qui coule par-là, dont l’eau, abondante, leur arrivait jusqu’à la taille. Nombreux furent ceux qui les suivirent. Ils coururent jusqu’à un bois de palmiers, où d’autres les attendaient, et ils s’arrêtèrent en cet endroit.