Lusopholie

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Découverte

Classé dans : - moyen âge/ XVIème siècle,littérature et culture — 26 septembre, 2007 @ 13:50

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Découverte dans - moyen âge/ XVIème siècle p42vol4

Armada de Pedro Alvares Cabral

Le samedi [25 avril 1500] au matin, le Capitaine général [Pedro Alvares Cabral] nous demanda de mettre à la voile et nous nous avançâmes par le chenal, qui est très large et très profond, de six ou sept brasses. Tous les vaisseaux purent passer et vinrent jeter l’ancre par cinq ou six brasses de fond, dans un mouillage si grand, si beau et si sûr que deux cents navires et vaisseaux auraient pu y tenir.
Dès que les vaisseaux furent à l’ancre, leurs capitaines se réunirent sur le navire amiral. Le Capitaine général ordonna à Nicolau Coelho et à Bartolomeu Dias d’aller à terre, d’y conduire les deux hommes et de les y laisser avec leurs arcs et leurs flèches. On donna à chacun d’eux une chemise neuve, un bonnet rouge et un rosaire fait de gros grains blancs en os, qu’ils emportèrent ainsi qu’un grelot et une clochette. Le Capitaine envoya en leur compagnie, pour qu’il reste parmi eux, un jeune proscrit, valet de Dom João Telo, du nom d’Afonso Ribeiro; il devait aller avec eux pour s’enquérir de leur mode de vie et coutumes. Le Capitaine me demanda d’accompagner Nicolau Coelho. Ainsi nous piquâmes droit vers la plage; et là apparurent soudain quelque chose comme deux cents hommes, tout nus, tenant arcs et flèches à la main. Ceux qui venaient avec nous leur firent signe de se reculer et de déposer leurs arcs; ce qu’ils firent, sans pour autant se tenir beaucoup en retrait. Dès que ceux-ci eurent déposé leurs arcs, ceux qui étaient avec nous s’enfuirent, et le proscrit avec eux, sans qu’aucun d’eux ne se retournât: c’était à qui courrait le plus vite. Ils traversèrent un fleuve d’eau douce qui coule par-là, dont l’eau, abondante, leur arrivait jusqu’à la taille. Nombreux furent ceux qui les suivirent. Ils coururent jusqu’à un bois de palmiers, où d’autres les attendaient, et ils s’arrêtèrent en cet endroit.

Là-dessus, le proscrit revint en compagnie d’un homme qui l’avait pris sous sa protection, dès qu’il avait sauté de la chaloupe et qui l’avait conduit jusque là. Et ainsi le ramenèrent-ils jusqu’à nous. Avec eux revinrent ceux que nous avions emmenés avec nous, lesquels étaient à nouveau nus et avaient quitté leurs bonnets. Beaucoup d’autres s’approchèrent alors. Ils entraient dans l’eau et venaient jusqu’à la chaloupe, aussi loin qu’ils pouvaient. Ils portaient des calebasses pleines d’eau et prenaient aussi quelques uns des barils que nous transportions, les remplissaient d’eau et nous les apportaient. Sans aller jusqu’à monter sur la chaloupe, ils s’en approchaient suffisamment pour nous les faire passer, et ainsi nous les récupérions. En échange, ils demandaient qu’on leur donne quelque chose. Nicolau Coelho avait avec lui des grelots et des colifichets: aux uns il donnait des grelots, aux autres des colifichets, de telle sorte qu’attirés par ses présents ils en étaient presque à nous donner la main. Ils nous offraient des arcs et des flèches en échange des chapeaux et des bonnets de lin, ou de tout autre objet qu’on voulait bien leur donner. C’est à ce moment là que partirent les deux autres jeunes gens; nous ne les revîmes jamais.
Beaucoup d’entre eux – on peut même dire la plupart – portaient des morceaux d’os fichés dans les lèvres. Certains n’en avaient pas, mais ils avaient les lèvres percées, et dans les orifices ils portaient des rondelles de bois semblables à celles que l’on utilise pour boucher les outres. D’autres avaient trois morceaux d’os: un au milieu, et deux sur les côtés. Il y en avait parmi eux dont le corps était peint par quartiers de différentes couleurs, les uns moitié de leur couleur naturelle et moitié d’une teinture noire légèrement bleutée, les autres semblables à une table d’échecs.

Il y avait parmi eux trois ou quatre jouvencelles, jeunes et jolies, aux longs cheveux très noirs qui leur tombaient sur les épaules. Leurs parties honteuses étaient si hautes, si soigneusement closes et si dépourvues de toute toison qu’à bien les regarder nous ne sentions aucune honte.

Lettre du Brésil de Pero Vaz de Caminho au roi Dom Manuel, mai 1500, traduction de Bernard Emery.

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