Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour octobre, 2007

cercle mystique

Posté : 30 octobre, 2007 @ 8:18 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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anajungle.jpg

 

Aquarelle de Ana Diogo (2004)

L’initiative fut considérée comme louable, bien que pour des raisons inconnues. C’était une expérience où il faudrait non seulement afficher son curriculum, mais prouver la pureté de son âme et de ses intentions. Il fallait la réaliser au milieu de la jungle au moment de la pleine lune. Je ne me préoccupai pas de la méthodologie, car l’expérience ne doit jamais en être l’esclave. L’essentiel était de suivre l’exemple de certains mystiques, de rendre la réalité visible pour les autres. Une tâche d’une extrême simplicité – dessiner un cercle, ni trop grand ni trop petit, mais suffisamment confortable pour s’asseoir et appeler mentalement la population animale, en un rituel très singulier, et attendre qu’elle s’approche. Si la pureté n’était pas entachée de mélanges indésirables, et donc dangereux, aucun animal sauvage ou apprivoisé n’entrerait dans le cercle pour massacrer ou blesser les membres de l’équipe.
Pendant que les autres s’occupaient de la perfection du cercle, je remarquai, avec une certaine inquiétude, que la lune était trop pâle (serait-ce possible ?) un peu verte, et que ses contours étaient difformes. Les étoiles elles-mêmes étaient ternes et troubles, beaucoup perdaient l’équilibre et tombaient sans aucun éclat. D’autres, dans les constellations, et surtout le Petit Chariot, n’étaient pas à leur place, créant l’image d’un carrosse tordu, incapable de suivre le droit chemin. Même l’obscurité se trouvait étrangement indéfinie. Comme j’étais consterné par le hurlement des renards, le cri peu habituel des chouettes, et constamment distrait par le vol désordonné des chauves-souris, plusieurs pensées irrégulières me passèrent dans la tête, sans léser en rien la noblesse de cet acte mystico-politique.

 

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Comptine ancienne, et kuduro actuel

Posté : 29 octobre, 2007 @ 7:21 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons, Poesie | 4 commentaires »

 


caboverdecrianas.jpg

Enfants au Cap Vert
 
Soleil d'août.
Rayons à pic.
Même pas le goût
De vivre.
Littoral brûlant.
Collines nues.
Poussière rouge,
Dans la valse folle du vent d'Est.
                         Midi
                         Pas une goutte d'eau...
                         Le ciel formant des enfers
                         L'agonie
                         Des pauvres
                       - Pauvres de tout -
                         Le regard muet
                         Etouffant des cris
                         Qui ne sortent pas.
 Mais :
 Nuit de clair de lune,
Vent calmé.
Après le souper,
Des enfants jouent
Au coin de la terrasse :
 
                        Poule
                        Blanche
                        Qui entre
                        Chez
                        les gens
                        Cherchant
                        Des grains
                        De maïs.
                        Et encore :
                        C'est moi
                        C'est Bô
                        C'est Carlos
                        C'est Valério
                        C'est Fêdo.
Nous voilà tous, tous,
Cherchant
Des grains
De maïs
les années de crise,
Et encore...
 - Non !...
                          Petit Canif
                          Gros canif
                          Va
                          En
                          France.
  
Poule blanche
Le spectre de la mort
Le sort
De tous.
 Regarde-moi !
Ainsi.
  
                        Petit Canif
                        Gros canif
                        Va
                        En
                        France.
                      - La seule espérance...
  
France légendaire
Terre lointaine
D'où les enfants
Viennent toujours dans un panier
Et où
Les années de crise
Dans un panier de bois
(Macabre nef !)
 
                        Petit Canif
                        Gros Canif
                        Pauvres petits
Allez-y !...
 
Pedro Corsino Azevedo (Cap Vert), "Mensagem", 
Casa dos Estudantes do Império, 1964.

 

http://www.dailymotion.com/video/21NPJ9kyXoX2A8bou

Juste avec le pied…

 

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Un peu d’actualité

Posté : 25 octobre, 2007 @ 8:23 dans - époque contemporaine | 14 commentaires »

 

Un peu d'actualité dans - époque contemporaine lisboa

Le pont Vasco da Gama, au Nord de Lisbonne

Un sommet Afrique-Union européenne doit avoir lieu à Lisbonne les 8 et 9 décembre prochain. On ne sait pas encore si le président du Zimbabwe, (ancienne Rhodésie du Sud) accusé de violations des droits humains par Londres et certains pays européens, y participera.
A la dernière réunion permanente de la Communauté des Pays de Langue Portugaise (CPLP), qui s’est tenue à Lisbonne au début de cette semaine, le Premier ministre du Cap Vert a déclaré que les divergences entre quelques pays européens et africains ne devaient pas empêcher les relations entre les deux continents.
Le Royaume uni et la République tchèque ont annoncé qu’ils ne participeraient pas.

 

 

(D’après la revue angolaise África21, octobre 2007)

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La mort du rossignol

Posté : 21 octobre, 2007 @ 8:00 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture | 2 commentaires »

 

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La mort du rossignol dans - moyen âge/ XVIème siècle holbei10

Hans Holbein le jeune, Portrait d’Elsbeth Binsenstock… (détail), 1528

Comme j’étais ainsi à regarder où courait l’eau, je sentis bouger la forêt. Je crus à quelque danger, et la peur me saisit, mais regardant par là, je vis que venait une femme, et, posant mes yeux sur elle attentivement, je vis qu’elle était grande, bien faite, avec un visage de dame, de dame du temps jadis.
Toute de noir vêtue, avec sa démarche tranquille et les manières assurées de son corps, de son visage et de son regard, elle semblait digne de respect. Elle s’avançait seule, en apparence si songeuse qu’elle n’écartait pas les branches, sinon quand elles lui barraient le chemin ou lui blessaient le visage. Elle posait ses pieds dans les fraîches herbes, le bas de sa robe traînant sur elles. Et entre quelques pas lents qu’elle faisait, de temps en temps elle reprenait son souffle fatigué, comme si son âme voulait la quitter. Lorsqu’elle arriva près de moi, qu’elle me vit, joignant les mains à la manière d’une femme qui a peur, un instant elle s’arrêta comme si elle avait vu une chose inhabituelle, et moi aussi je me tenais ainsi, non parce que j’avais peur, car son aspect agréable me rendit tout de suite la chose impossible, mais parce qu’il était nouveau pour moi de voir là quelqu’un, alors que je parcourais depuis longtemps, pour mon malheur, ce lieu et toutes ces berges.
Elle ne resta pas longtemps ainsi, car il semble que me voyant aussi telle que j’étais, de bonne manière :
- C’est grande merveille, commença-t-elle en s’adressant à moi, de voir une demoiselle dans ce lieu désert, depuis que mon grand malheur a enlevé au monde mon…
Et, après un long moment, la voix déjà mêlée de larmes, elle prononça :
- fils.
Et puis, tirant de sa manche un mouchoir, elle commença à s’essuyer le visage en s’approchant de l’endroit où j’étais. Et je me levai alors, faisant preuve à son égard de cette courtoisie à laquelle la sienne propre et son apparence m’obligeaient. Et elle :

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Rap du voyage

Posté : 20 octobre, 2007 @ 7:09 dans littérature et culture, musique et chansons, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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La Harissa, regresso à terra

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kuduro

Posté : 16 octobre, 2007 @ 12:05 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | 8 commentaires »

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« les maris portugais qui allaient là-bas pour aider le pays à résoudre les problèmes que les indigènes ne parvenaient pas à régler étaient la cible de conspirations savamment ourdies pour qu’ils ne remettent plus les pieds au Portugal. L’opération commençait dès l’aéroport de Luanda, où ils étaient attendus par des bataillons de négresses et de mulâtresses, qui les emmenaient vers un lieu inconnu. Lorsqu’ils réapparaîtraient, ils cesseraient de sentir des pieds, ils se mettraient à se laver les dents tous les jours et, comme si ça n’était pas suffisant, ils se mettraient à danser la samba, le kizomba, le kuduro et la tarrachinha. Ils seraient, par conséquent,entièrement tropicalisés.« 

João Melo (Angola),The Serial Killer, Caminho, Outras Margens, 2004

Le Kuduro s’importe … et a du succès !

Quant aux danseurs de kizomba… rien à dire :

http://www.dailymotion.com/video/4sxCvr9Mqu4cd7PTJ

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Balade à Monsaraz

Posté : 14 octobre, 2007 @ 7:15 dans vidéos documentaires | Pas de commentaires »

Monsaraz

Vues de Monsaraz
Album : Vues de Monsaraz

20 images
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Les temps changent

Posté : 14 octobre, 2007 @ 7:10 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

monsarazwhite.jpg

Tous deux approchaient à présent de leur ville, d’où ils étaient sortis tous deux très tôt, car le voyage de Monsaraz à évora est un voyage auquel on doit penser bien avant la veille et auquel on doit réserver toute une journée. A force d’être incertains les chemins deviennent une chose amère, dont le méchant état et le mauvais usage ne révèlent rien d’autre aux passants qu’une sage leçon :
«Chemine avec prudence car, si l’arrivée ne se dérobe pas, incertain est ton voyage. »
Et ce fut alors – soit parce les vêpres sonnaient soit parce que l’envie de repos était plus forte que la fatigue du corps – que tous deux pressèrent qui sa charrette, qui sa monture, et virent la ville s’ouvrir devant eux. Puis c’est le soleil déjà faible qui se déverse sur les toits des maisons et les visages des gens ; et le sol de schiste qui court sous les pieds, connu et familier ; et les visages connus qui se saluent et sa propre maison qui à la fin s’approche. Et de la pénombre de sa maison, où il vient d’entrer, au juge le soleil paraît plus faible encore, et plus distante sa lumière.
Ce fut seulement alors – dans la solitude de cette sienne maison – que Luís de Castro se rappela ce que le forgeron d’évora lui avait dit cette après-midi-là et ce qui s’était passé dans l‘atelier. Il se rappela l’éclat du métal chauffé au rouge et le vacarme du fer battu et la chaleur, cette chaleur qui ne serait pas plus forte si la porte de la forge était la dernière porte avant les domaines infernaux.

[...]
Oui, la ville serait différente avec son horloge dans sa tour ; et ils pourraient dire, ceux qui y venaient et qui en partaient, aussi bien que ceux qui par la volonté du destin y naissaient, que des temps nouveaux alors viendraient, que la ville était plus altière et souveraine ; et qu’elle croîtrait en vigueur et en force, étendant son ombre et son timbre à d’autres terres, au lieu d’être seulement l’ombre d’elle-même, brisant cette étrange malédiction de pauvreté et de jours gris dont seules sont victimes les terres qui sont loin de tout. Aucun autre rêve n’était plus important pour cet homme que celui-ci : donner aux habitants de la ville, qui était aussi la sienne, le péché d’orgueil d’être nés là et, par conséquent, de demeurer là. Et en tout cela l’horloge monumentale n’était pas une fin, mais en elle-même le commencement de tout.

Sérgio Luís de Carvalho, As horas de Monsaraz, Campo das Letras, 1997

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