Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

avoir des objectifs

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 1 décembre, 2007 @ 23:53

 

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pourquoi parlent-ils comme ça de moi

 

Quand je touche le loto, il faut penser positif pour arrêter de galérer, le joueur aime dire galérer, quand je gagne au loto j’achète une ferme et je plante des oliviers, une vigne rustique, le non joueur, je me demande bien où allait cette femme, si elle s’est aperçue que, le joueur, arrête tes conneries, joue au loto, les occasions de devenir riches sont rares, le non joueur, ma plus grande peur c’est de tomber un jour sur un des miens dans cet état, nous faisons des allers-retours sur cette route et un jour, le joueur, si tu touchais le loto qu’est-ce que tu ferais, le non joueur, un mec est en train de travailler tranquillement, moi j’aime ce que je fais, même, mais si je tombe sur un des miens écrabouillé dans un terrain vague, le joueur, tu commences à m’énerver à parler de ça, je joue toujours la même combinaison, un de ces jours ça va être mon tour, un de ces jours, après je n’ai plus qu’à acheter la ferme et être réveillé par le chant du coq, tu te rappelles ce que c’est qu’être réveillé par le chant du coq, le non joueur, je pense que je n’ai jamais été réveillé par le chant du coq, le joueur, réfléchis un peu à ce que tu ferais si tu gagnais au loto, le non joueur, écoute je n’en sais rien, peut-être que j’achèterais une maison plus grande, une petite voiture, je ne sais pas, le joueur, c’est ça ton problème, ton problème c’est que tu n’as pas d’objectifs,

 

une autre façon de distinguer les deux hommes, celui qui a des objectifs et celui qui n’en a pas, dans la vie on doit avoir des objectifs, je ne me laisse jamais distraire, je suis toujours, toujours en train de penser, rappelle-toi que tu as un objectif, tu es là pour atteindre un objectif, c’est la seule façon de supporter ça, aujourd’hui c’est cette femme, demain ça va être quelqu’un d’autre et encore quelqu’un d’autre, j’en ai déjà secouru tellement que j’en arrive à penser que tout le monde meurt sur la route, de toute façon ça passe vite, un jour on naît et le lendemain on est déjà en train de mourir, et même ça peut ne pas prendre deux jours, si on n’a pas d’objectif on est foutu, quand je me mets à penser à des conneries je me souviens de la ferme et ça va mieux, c’est les mecs comme toi, qui n’ont pas d’objectifs, qui sont un problème par ce qu’ils n’ont rien à quoi se raccrocher, l’homme qui n’a pas d’objectifs s’est tu et celui qui a des objectifs aussi, ils ont tous les deux les pieds froids, sommeil, faim, ils ont tous les deux besoin de vêtements secs, de chaleur, d’un lit pour dormir, d’un morceau de pain, ces hommes sont vraiment pareils, tu crois qu’ils vont mettre encore longtemps, pourrait demander n’importe lequel des deux hommes, je ne sais pas, répondrait l‘autre, ça dépend, les conditions sont mauvaises, ils ont pu être appelés pour un autre accident, les hommes se taisent de nouveau, la pluie rebondit sur le toit, on dirait même qu’elle chante, l’un d’eux dit, je pense que je n’ai jamais vu pleuvoir autant, cette femme devait avoir quelque chose d’urgent à faire, si ce n’était pas urgent c’est qu’elle était folle pour être sur cette route par une nuit pareille, elle devait avoir quelque chose de très urgent à faire

 

Pourquoi est-ce qu’ils parlent de moi au passé

Dulce Maria Cardoso, Les Anges, Violeta (L’esprit des péninsules, 2006 )

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