Exiguïté
Cette histoire se passe dans un T Zéro avec vue sur l’Etoile du Matin. Il ne peut y entrer (avec peine) qu’un seul personnage. C’est pourquoi les éventuels dialogues seront des monologues dédoublés, dans la mesure du possible. On ne voit pas si le personnage est grand ou petit, malade ou bien portant, parce que son corps essaie toutes les positions que les limites lui imposent – la division de l’espace a été faite par un architecte qui a voulu nous convaincre (on peut voir ou deviner la division des autres T) que l’univers est triangulaire dans ses formes basiques. Ainsi les précautions de ce personnage temporaire paraissent excessives, à en juger par l’effort qu’il fait pour s’asseoir, pour adapter son corps et sa fonction ( son âme) à l’angularité – toujours trop étroit ou trop large, préservant sa non-fonctionnalité fondamentale. D’où la nécessité de transférer son âme dans sa tête et de se pelotonner au moins dans les objets imaginaires : d’exister, finalement, de l’intérieur. Son regard dissimule la véritable couleur de ses yeux à travers une mutation de fuite – une fuite de biais – par conséquent, aucun paysage, aucun visage, aucune paroi, ne parviennent à s’installer assez longtemps pour voir ce que l’on dit la vérité, sans entraîner avec lui un peu de la couleur de ses yeux. Parfois, grâce à la vitre de la fenêtre (conçue spécialement pour ne pas être lavée de l’extérieur) ou à sa vue, grandement conditionnée par la première, l’Etoile devient double ou triple ou plus encore et il voit une constellation à laquelle il donne des noms divers, car elle n’est jamais la même. Et c’est là qu’il transporte son habitation parce que c’est plus commode, plus abstrait. Mais cette vérité serait-elle possible ? Car la vérité ne peut se réduire à un fait; pas de vérité sans une limite minimum, et c’est en établissant cette limite minimum que se perdent les vérités de toute dimension, forme et contenu.
Ecoutons sa réflexion :
J’ai commencé à pratiquer le yoga dans la baignoire de mon nouvel appartement de luxe.