Un rayon de soleil
La vérité, cependant, oblige à dire que cet homme, au milieu de sa vie, avait regardé une femme, ou plus exactement une parente, qui avait éveillé en lui, pour la première fois, un désir dépassant le vice animal de satisfaire la simple nécessité d’une nuit. C’était une adolescente de quinze ans, mais ceci n’avait pas d’importance en ce temps où les fiançailles se faisaient par l’intermédiaire de la famille, sans que l’on s’occupât de la préparation ou de l’expérience de la jeune fille qui, parmi six ou sept frères et sœurs, n’était qu’un poids dont la famille voulait se débarrasser, par n’importe quel moyen, et encore mieux si c’était en la cédant à ce vieux (pour les canons de l’époque) disponible et riche. Ce qui l’avait fait la regarder était son décolleté, tellement inattendu dans une famille de la campagne, d’où surgissaient les formes de ses seins qui lui ouvraient l’appétit, et un visage qui souriait, même quand elle était sérieuse, comme si ses yeux savaient déjà capter toute l’allégresse du monde en un temps aussi austère et fermé que cette triste moitié de siècle.