Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour avril, 2008

Matin

Posté : 30 avril, 2008 @ 7:27 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

 

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Ecoutez, Laurinda, j’aurais besoin que vous m’amidonniez mon chemisier en soie, le rouge, vous voyez lequel c’est ? Je n’ai pas encore décidé si je vais le mettre ou pas, à cette heure-ci il est impossible de savoir ce que je vais avoir envie de porter plus tard, vous comprenez ?

- Pas de problème. J’ai presque fini la cuisine et je n’ai plus qu’un tour à faire au salon. Votre chambre, peut-être que c’est mieux…

- Vous pouvez laisser ma chambre pour mercredi. Faites-moi seulement la petite salle de bains et passez l’aspirateur au salon. Vous savez, comme d’habitude. Maintenant je vais essayer de commencer à me préparer, je suis énormément en retard. Je viens chercher le café après.

- Que Dieu vous garde, murmura Laurinda. Que Dieu vous garde, je m’occupe du message.

- Et mettez deux tasses sur le plateau, s’il vous plaît.

Je voudrais bien voir ce que ça va donner. La place de son mari n’était pas encore refroidie dans le lit qu’il y en avait déjà un. [...] Ça, c’était la première fois. Et puis il y a eu….

- Laurinda ! appela Celeste. Alors, ce café ?

- Voilà ! cria Laurinda en sortant les tasses du placard. Aujourd’hui, alors, tu es drôlement pressée, murmura-t-elle en écarquillant ses yeux globuleux.

(more…)

Lavage de cerveau

Posté : 29 avril, 2008 @ 7:00 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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La première fois que l’infirmière a daigné perdre du temps avec moi pour une conversation plus importante que les instructions monosyllabiques qui régissent mon quotidien d’incarcéré, ç’a été lorsque, ayant lu attentivement le texte qui précède [...] elle m’a fait savoir, péremptoirement, que si j’avais l’intention d’écrire un nouveau roman d’amour il valait mieux que je m’ôte ça de l’idée. Il suffisait de doubler la dose de liqueur verte et je verrais que pas une unique scène d’amour ne fleurirait à la pointe sensuelle de mon stylo Futura fina. En augmentant la dose de liqueur rose d’autant que la verte, je n’alignerais aucun syntagme sur la feuille A4 parce que elle-ci ferait dévier ma vocation vers d’autres appétits. Seule la liqueur de la nuit, la jaune, qui avait la propriété d’apaiser les excès des autres, viendrait à mon secours – mais alors elle me trouverait déjà en conflit ouvert avec l’envie de dormir, qui provenait justement de l’ingestion de cette dernière – essayant de rétablir les désobéissances de la journée. Donc, si je persistais à écrire, je devrais éviter une écriture à contenu, me consacrer peut-être, pour me divertir, à la réalisation de poèmes légers, de quatrains, pourquoi pas, ou à l’écriture automatique des surréalistes, privée de liens, ou à celle, iconique, de l’avant-garde des années soixante, qui semait des symboles américains – des bombes, à proprement parler – sur la carte du Vietnam, ou à des notes de reportages, ou au récit de souvenir d’événements récents… Jamais, au grand jamais, un roman d’amour, ça n’intéressait pas la Science de construire ses thèses sur la façon dont le couple amoureux s’organise en une relation duale stricte ou se dilue dans la relation triangulaire – question poussiéreuse et rebattue – ou encore des histoires de cordel dans lesquelles le vil séducteur s’envoie la pucelle, qui est obligée de se réfugier au couvent après la consommation de l’abus, pendant que le tiers exclu se fait sauter la cervelle, de chagrin.

Júlio Conrado, Desaparecido no Salon du Livre, Bertrand, 2001

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Luanda, des rues et des gens

Posté : 27 avril, 2008 @ 7:33 dans musique et chansons, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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Luanda, encore, plus animé.

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le semba est notre drapeau

Posté : 26 avril, 2008 @ 12:29 dans musique et chansons, vidéos documentaires | 2 commentaires »

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Images de Luanda

Musique de Paulo Flores, O semba é nossa bandeira

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capitaines d’avril

Posté : 25 avril, 2008 @ 7:01 dans - époque contemporaine, musique et chansons, vidéos documentaires | 2 commentaires »

 

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Il y a 34 ans …

 

Extrait du film Capitaines d’avril, avec Stefano Accorsi dans le rôle du capitaine Salgueiro Maia (ci-dessous)

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La réalisatrice et actrice principale est Maria de Medeiros

 capitaines d'avril dans - époque contemporaine 77_ph5

Le photographe qu’on aperçoit à la fin est (dans la réalité) le Brésilien Sebastião Salgado.

salgado dans musique et chansons

On entend chanter José Afonso

 dans vidéos documentaires

(Monument de Grândola)

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Non intervention

Posté : 24 avril, 2008 @ 7:23 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Tête dans la lune, huile de Catherine Scharbach

Qu’on me permette, cependant, de me présenter. Je ne suis pas le psychanalyste payé à prix d’or pour accompagner l’évolution d’un cas dont les aspects exotiques constitueraient sans aucun doute une alternative au bavardage ennuyeux de la clientèle qui assurent la stabilité d’un commerce à bon marché, tel qu’est celui de l’analyse. Je ne suis que le Narrateur. Un narrateur discret, jusque là, non-intervenant par précaution et par honneur. Depuis le début, je me suis montré tolérant. Je n’ai risqué aucune sorte d’intromission dans la genèse du projet. Je n’ai influencé ni l’écriture, ni le sens des lettres. Et je n’ai pas manifesté la moindre envie de m’immiscer dans les raisons invoquées pour atteindre l’autre en plein cœur par le simple fait que la figure adoptée m’a, moi aussi, pris complètement par surprise. [...] Je suis un Narrateur professionnel, Alcino et ses partenaires sont des amateurs, voilà la vérité. Mais je suis ici pour les aider aimablement à sortir du salmigondis dans lequel ils se sont fourrés. Ou pour l’aider lui, si, comme je le pense, cette histoire de trois en un ne tient pas debout.

En bref, je nommerai désormais Sujet, chaque fois que possible, l’homme partagé en trois, cousant ensemble, ainsi, les morceaux des hétéronymes. Il est bon de commencer par restaurer l’unicité de la créature, même si le chemin est long jusqu’à la perfection. But qu’il m’est possible d’atteindre, je l’espère, avec la collaboration de Sandra [...]. Je la connais à peine, bien entendu. Ce que je sais d’elle, je l’ai appris par les récits du Sujet. Je n’ai pas idée, même de façon approximative, de qui est Sandra aujourd’hui. Je suis à peine capable de distinguer les modifications des traits de personnalité indispensables à la création d’un être littéraire – c’est aussi l’un des objectifs de mon intervention.

Júlio Conrado, Estação ardente, Campo da comunicação, 2006

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un zombie

Posté : 23 avril, 2008 @ 7:10 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 3 commentaires »

 

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Oui, il avait les yeux ouverts, et même, il voyait. Mais il était mort. Il avait le visage terreux, mais son sang devait circuler encore. Il était vivant. C’était un fonctionnaire, sûrement. Il n’était pas fatigué, ce n’était pas l’ennui, c’était la routine, l’indifférence, l’expression faciale de l’inefficacité. Non, de l’inertie. C’était le sort du destin national. Sottise. C’était un tampon encreur. Il surveillait, c’est à dire qu’il épiait la loi, et il paraissait immobile et inattentif. Pour une loi encore à venir. Et c’est pour cela qu’il semblait mort, mortifié par l’inutilité d’authentifier la fausseté d’une quelconque loi qui ne passe par le tampon que pour disparaître parce que personne ne la connaît. Car les lois sont nombreuses et leur solitude est immense. Que Dieu soit avec elles.

Dimíter Ánguelov, Partida incessante, Nova Atica, 2001

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malchance

Posté : 21 avril, 2008 @ 7:02 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Au lieu de la charmante épouse qu’il désirait avec ardeur, le major hérita d’une charmante belle-mère et d’une épouse laide entre eux deux.

Dégoûté, il en prit possession et repartit : puisqu’il ne pouvait être heureux, il voulait au moins être plus riche. Il retrouva le roi Chimarizene, son partenaire de tant d’affaires passées, plus vieux et plus édenté mais encore vif et hargneux, toujours aussi assoiffé d’eau de vie. Qui l’attendait avec sa fille laide pour la lui rendre. Ernestino n’était intéressé que par la reprise des affaires, de sorte qu’il accepta et vécut pendant trois ans dans cet arrangement avec deux femmes laides : Sá Amélia dans la maison, Alina Chimarizene dans sa paillote. Et si la dernière reconnaissait et respectait la première, venue de l’extérieur, avec des manières de femme presque blanche, Sá Amélia, en revanche, ne voulait même pas entendre parler de sa rivale, que le mépris et la jalousie rendaient encore plus laide qu’elle n’était en réalité.

Pauvre Sá Amélia ! Elle était toujours passée au second plan depuis son enfance, et le mariage prolongeait son infortune au lieu d’y mettre fin. « Tu veux dresser Chimarizene contre moi, femme ? » s’indignait son mari quand elle posait la question. « Tu veux nous voir dans la misère ? », exagérait-il, faisant du chantage. De sorte que la malheureuse posait à peine les yeux sur le major dans la journée, se résignant à partager ses nuits avec sa rivale. Il n’y avait pas d’autre solution.

Mais ce n’était pas seulement de cette humiliation que lui venait son malaise. Elle ne connaissait pas la langue qui était parlée, elle s’énervait après les domestiques. Elle était effrayée par le rugissement des fauves et le chant nocturne des travailleurs en transit, qui passaient la nuit dehors tout près de sa fenêtre. Elle ne distinguait pas l’un de l’autre. Habituée depuis toute petite à respirer l’air de la mer, à la vision panoramique qu’elle procure, là aussi elle cherchait une terrasse d’où elle pourrait voir plus loin à l’horizon. Mais pour son malheur, la mer était ici une forêt dense, une brousse oppressive et remplie de bruits étranges d’où semblait venir tout le mal !

João Paulo Borges Coelho (Mozambique) As visitas do Dr.Valdes, Caminho, 2004

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