un zombie
Oui, il avait les yeux ouverts, et même, il voyait. Mais il était mort. Il avait le visage terreux, mais son sang devait circuler encore. Il était vivant. C’était un fonctionnaire, sûrement. Il n’était pas fatigué, ce n’était pas l’ennui, c’était la routine, l’indifférence, l’expression faciale de l’inefficacité. Non, de l’inertie. C’était le sort du destin national. Sottise. C’était un tampon encreur. Il surveillait, c’est à dire qu’il épiait la loi, et il paraissait immobile et inattentif. Pour une loi encore à venir. Et c’est pour cela qu’il semblait mort, mortifié par l’inutilité d’authentifier la fausseté d’une quelconque loi qui ne passe par le tampon que pour disparaître parce que personne ne la connaît. Car les lois sont nombreuses et leur solitude est immense. Que Dieu soit avec elles.
Dimíter Ánguelov, Partida incessante, Nova Atica, 2001