la boulangère d’Aljubarrota
Bataille d’Aljubarrota (1385)
Le groupe qui manifestait sur le Terreiro do Paço, en pleine capitale portugaise, était celui qui avait déjà agi quelques mois plus tôt dans la ville plus modeste de Bragança, dans le Nord du Portugal, pour la défense de la stabilité sacrée de l’institution du mariage intra-lusitanien. Comme la RTPI l’avait déjà annoncé à l’époque, en premier lieu, Bragança avait été envahie par une foule de Brésiliennes en situation illégale et sans vergogne, dont le seul objectif était de voler leurs maris aux légitimes et chastes citoyennes portugaises. C’est pourquoi le nombre de divorces dans la localité avait augmenté de façon effrayante, depuis l’arrivée de ces Brésiliennes, lesquelles, mystérieusement, ne se montraient que la nuit, dans les boites et les cabarets de l’endroit.
En effet, il suffisait qu’un homme, par un quelconque hasard, pénètre dans l’un de ces antres de perdition une seule fois pour que, en rentrant chez lui, le matin suivant, il exige immédiatement le divorce d’avec sa vieille compagne de tant d’années.
Il fallut, par conséquent, l’énergique intervention de ces femmes, héritières légitimes de la Boulangère d’Aljubarrota, pour, comme on dit, restaurer la légalité. La mairie de Bragança était promptement intervenue et avait ordonné la fermeture de toutes les boites de nuits et cabarets, qui réouvriraient quelques jours plus tard sous des désignations plus prononçables, comme centre culturel et de loisirs ou des appellations de ce genre. Les Brésiliennes, pour leur part, avaient dû changer de nationalité.
L’attention de ces femmes courageuses était à présent, avec toute leur justice et leur sens de l’opportunité, tournée vers l’Angola. En réalité, les nouvelles qui arrivaient tous les jours de l’ancien joyau de la couronne portugaise en Afrique n’étaient pas simplement troublantes, mais vraiment atterrantes. Il ne s’agissait pas que des effets de la guerre, du retard économique, des progrès galopants du sida ou de la corruption généralisée de ses dirigeants. Si ce n’avait été que ça, eux, les Angolais, qu’ils se débrouillent.
La menace était autre et, si l’on ne prenait pas de mesures stratégiques, elle pourrait même mettre en danger la sécurité nationale du Portugal : les maris portugais qui allaient là-bas pour aider le pays à résoudre les problèmes que les indigènes ne parvenaient pas à régler étaient la cible de conspirations savamment ourdies pour qu’ils ne remettent plus les pieds au Portugal. L’opération commençait dès l’aéroport de Luanda, où ils étaient attendus par des bataillons de négresses et de mulâtresses, qui les emmenaient vers un lieu inconnu. Lorsqu’ils réapparaîtraient, ils cesseraient de sentir des pieds, ils se mettraient à se laver les dents tous les jours et, comme si ça n’était pas suffisant, ils se mettraient à danser la samba, le kizomba, le kuduro et la tarrachinha. Ils seraient, par conséquent, entièrement tropicalisés.
João Melo (Angola),The Serial Killer, Caminho, Outras Margens, 2004
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