Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

équivoque

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 18 juin, 2008 @ 8:18

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Ô Morales, écoutez ça, c’est un morceau d’anthologie. Vous avez décortiqué le dossier d’un bout à l’autre, mais peut-être n’avez-vous pas fait le rapprochement. Alors voilà : il y a la fameuse circulaire dans laquelle le commissaire attire l’attention, et demande la compréhension de tous, par conséquent aussi celle d’Aureliano, sur des « erreurs, omissions et équivoques » parfaitement normales lors d’un événement d’envergure transcendante tel que celui de créer en France une tête de pont capable de permettre l’avancée écrasante de la littérature portugaise sur les terres d’Astérix et Cie. Comme si douze fonctionnaires qui se déplacent pour assister cinquante écrivains n’étaient pas en nombre plus que suffisant pour prévenir les équivoques, les erreurs ou omissions dont parle le document en question.[...]
Ils n’ont pas organisé le dossier pour l’émission « Cinquante minutes avec … » de notre homme. Mais n’était-ce pas la chose la plus simple du monde, s’agissant d’un écrivain dont personne ne parle ? Il suffisait de placer ses « Cinquante minutes avec… » au moment de la visite de Guterres et Jospin au Salon et l’affaire était faite.

 

Qui se souviendrait de lui ? Lui-même n’aurait pas osé rêver, avant et pendant le débat, qu’il avait droit au dossier. Quand il se réveillerait, il serait trop tard. Et s’il avait réclamé a posteriori, on l’aurait renvoyé à la circulaire, des omissions dans des moments pareils étant tout à fait normales. Normales, vous saisissez, Morales ? C’est ce qui s’est passé. Ils ont oublié d’imprimer et de lui remettre le badge d’Invité pour l’inauguration ? N’était-ce pas parfaitement normal – ou aurait-on dû courir le risque que le président Chirac serre la pince à un misérable deuxième ligne à un moment qui pourrait bien devenir une image capable de voyager, le triste Aureliano devenant la figure de proue des écrivains portugais en transit glorieux vers les cinq continents ? Vous voyez, ô Morales, ce bon Chirac tomber sur notre homme par hasard et, se fiant au badge d’Invité, adresser un instant à l’auteur de Un Homme ordinaire pendant la Révolution des Oeillets des questions du style « Comment se porte la littérature portugaise ? » ou une autre banalité du même acabit, pendant que les photographes, les machinistes de télé, les reporters, immortaliseraient la grandeur du moment et la démesure de l’équivoque, qui ne serait plus, celle-ci, tellement normale ?

Júlio Conrado, Desaparecido no Salon du Livre, Bertrand, 2001

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