Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour juin, 2008

La leçon

Posté : 16 juin, 2008 @ 7:09 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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A Comédia de Deus (1995)
Director: João César Monteiro

Comment apprendre à servir les glaces dans les cornets…

Jean de Dieu partage son temps entre son travail au Paradis de la Glace où la satisfaction générale, il fait office de responsable et d’inventeur de la spécialité de la maison, la fameuse glace Paradis qui fait les délices de la clientèle; et son appartement qu’il occupe ses heures oisives et solitaires à ranger dans un précieux album qu’il appelle Le Livre des Pensées, toute sa collection de poils pubiens féminins.
Les jeunes filles d’origine modeste qui constituent le personnel de la boutique sont l’objet de ses soins constants. Il veille à ce que soient respectées des règles d’hygiène très strictes pour ne pas mettre en péril la santé publique. Judite, la patronne du Paradis de la Glace songe à fusionner avec une entreprise française. Elle compte sur ses talents pour faire pencher en sa faveur un glacier français venu tout exprès de Paris pour savourer la spécialité de la maison.

 

Petite soeur

Posté : 14 juin, 2008 @ 7:37 dans musique et chansons | 9 commentaires »

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Mayra Andrade ( Cap-Vert) Mana

Mána sta nóba bunita
Manxi ta sunha kordádu
Fla ma pobréza ka pa el
Ma trabádju kré sta-l mutu kansádu.
Ntom, e fasi um bistidu nóbu
E sai di si kutélu
Bá Práia Sánta-Mariâ
Bá ránja um kasaméntu.
Mána bá sidádi grándi
Fla amem na sakraméntu
Se mai nem ka sabi d-el,
Pai dja duenti só disgostu.
Mána ka kré kel k’é di sel
É só ta djobi pa ládu,
Kel ki Nhordés da-l é poku pa el
E fla m-e sta mutu mal kalsádu.
Mána bá sidádi grándi
Tiru saí-l pa kulátra…

Sara Tavares

Posté : 13 juin, 2008 @ 7:55 dans musique et chansons | 2 commentaires »

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Sara Tavares (Cap Vert) en concert à Portalegre (Nord Alentejo)

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prêcher aux poissons

Posté : 8 juin, 2008 @ 5:43 dans - XVIIème/XVIIIème siècles, littérature et culture | 2 commentaires »

prêcher aux poissons

Saint Antoine de Lisbonne (Azulejos)

prêcher aux poissons dans - XVIIème/XVIIIème siècles lettre10e voudrais aujourd’hui, comme Saint Antoine, me tourner de la terre vers la mer, et comme les hommes ne profitent pas de mon prêche, prêcher aux poissons. La mer est si proche qu’ils m’entendront bien. Maria signifie : maîtresse de la mer (Domina Maris). Et, bien que le sujet soit si désuet, j’espère que la grâce habituelle soit avec moi. Ave Maria. Enfin, qu’avons-nous à prêcher aujourd’hui aux poissons ! Pas de pire auditoire. Au moins les poissons ont deux qualités d’auditeurs: ils entendent et ne parlent pas. Il n’est qu’une chose qui pourrait chagriner le prêcheur, c’est que les poissons soient incapables d’être convertis. Mais cette douleur est si banale que déjà, par habitude, on ne la sent presque plus. C’est pourquoi je ne parlerai ni du ciel ni de l’enfer aujourd’hui: ainsi, ce sermon sera moins triste que ceux que je fais aux hommes pour leur montrer le chemin de leurs deux fins.
Vous êtes le sel de la terre. Il vous faut savoir, frères poissons, que le sel, comme vous fils de la mer, possède deux propriétés dont vous pouvez ressentir les effets en vous-mêmes: conserver ce qui est sain, et le préserver, afin qu’il ne se corrompe pas. [...] L’une est louer le bien, l’autre réprimander le mal. Il ne suffit pas de le remarquer, et de réprimander les poissons, encore faut-il les imiter et de les louer. Quand le Christ compara son église au filet du pêcheur, il ordonna que les pêcheurs recueillent les bons poissons et rejettent les mauvais. Et là où on trouve des bons et des mauvais, il faut louer et réprimander. Je diviserai donc mon sermon en deux points: D’abord je louerai vos vertus, puis je vous reprocherai vos vices.
[...]

Padre António Vieira (Lisbonne 1606 – Salvador de Bahia 1695) Extrait du Sermão de Santo António aos Peixes (Sermon de Saint Antoine aux poissons)

(à suivre)

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drôle de bête…

Posté : 5 juin, 2008 @ 7:02 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 6 commentaires »

drôle de bête... dans - époque contemporaine tortue10

Pendant ce temps, là en haut sur la terre, la famille de l’homme très volontaire, ayant commencé par le tenir pour disparu, avait opté en dernière extrémité pour le grand deuil, bloquant l’entrée de la chambre dans laquelle il dormait toutes les nuits.
Jusqu’à ce qu’un jour, alors qu’il ne croyait plus à la fin des trous, il n’y eut plus, en fait, de continuation de celui-ci, qui s’arrêtait exactement là, sans apothéose, sans commémoration, sans victoire, exactement comme un simple trou de rue dont on voit le fond au soleil. Enfin, arrivé là ce point, même la révolte ne servirait à rien.
Se retirant en lui-même, l’homme qui était très volontaire exigea des décisions, de nouvelles décisions, autres; mais rien à faire, il avait tout oublié, il s’était débarrassé de tout, il ne savait plus que creuser avec une pelle. Il avait, surtout, très sommeil, il se rappela son lit avec ses draps, son traversin et son mol oreiller, si lointain ! Maudite pelle ! La tortue d’eau ! Et il donna avec force un coup de pelle au fond du trou. Mais la pelle lui échappa des mains et alla plus loin qu’il le supposait, laissant une fente ouverte par où entrait une chose qu’il avait oubliée depuis longtemps – la lumière du soleil. Sa première sensation fut l’allégresse mais elle ne dura que trois secondes, la suivante fut de stupeur : aurait-il en vérité percé la Terre d’un côté à l’autre ?

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Une étrange aventure

Posté : 4 juin, 2008 @ 7:26 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

José de Almada Negreiros, également journaliste, essayiste et écrivain, est surtout connu pour sa peinture.

Une étrange aventure dans - époque contemporaine almada_pessoa

Almada Neigreiros, Portrait de Fernando Pessoa, 1954

- Il ne s’agit plus d’être incompris dans cette histoire de tortue, non ; maintenant il s’agit de la force de ma volonté. C’est elle qui est mise à l’épreuve, voilà l’occasion propice, ne perdons pas de temps ! Ne faiblissons pas !
Au bord du trou se trouvait une pelle en fer, de celles qu’utilisent les travailleurs ruraux. Il saisit la pelle et se mit à creuser le trou. La première pelletée de terre, la seconde, la troisième, et c’était merveille de contempler ce majestueux spectacle qui mettait nos yeux en présence du plus efficace des témoignages de ténacité depuis les anciens. En vérité, chaque fois qu’il enfonçait la pelle dans la terre, avec foi, avec force, et sans autre intention, on voyait qu’il y avait là une volonté entière ; et encore que ce fût scientifiquement impossible que la terre se fendît chaque fois qu’il y mettait la pelle, c’était pourtant l’indiscutable impression que son geste produisait. Ah, non ! Ce n’était pas un vulgaire travailleur rural. On voyait parfaitement que c’était quelqu’un qui était très volontaire et qui se trouvait là par hasard, parce qu’il se l’était lui-même imposé, il s’était forcé par nécessité spirituelle, pour des raisons différentes de celles des travailleurs ruraux, à l’accomplissement d’un devoir, un devoir important, une question de vie ou de mort : sa volonté.

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La tortue d’eau

Posté : 2 juin, 2008 @ 6:33 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 5 commentaires »

 

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Il était une fois un homme très volontaire, qui se promenait parfois tout seul sur les routes. Un jour il vit au milieu de la route un animal qui semblait ne pas tomber bien à propos : une tortue d’eau.
L’homme très volontaire n’avait jamais vu de tortue d’eau ; pourtant, désormais il y croyait. Il s’approcha davantage et vit de ses propres yeux que c’était bien, en vérité, l’animal répertorié par la zoologie.L’homme très volontaire était radieux, il avait des nouveautés à raconter au déjeuner, et se mit donc à courir en direction de sa maison. A mi-chemin, pensant que sa famille pouvait bien ne pas croire la nouvelle s’il n’apportait pas la tortue d’eau, il s’arrêta d’un coup. Comme il était très volontaire, il ne pourrait pas supporter que sa famille imaginât qu’il avait inventé cette histoire de tortue d’eau. Il revint sur ses pas. Lorsqu’il arriva près de l’endroit où il l’avait vue, la tortue d’eau, qui s’était méfiée dès la première fois, s’enfila dans son trou mine de rien.L’homme très volontaire tenta de voir à l’intérieur, et après avoir beaucoup regardé, ne parvint à voir que ce que l’on voit d’habitude à l’intérieur des trous, c’est à dire de l’obscurité. De tortue d’eau, point.

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