Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

La table de l’inquisition

Classé dans : - époque contemporaine,littérature et culture — 6 juillet, 2008 @ 7:18

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*

In genere.
Ils le laissent dans la salle d’audience. Les inquisiteurs de la table le regardent. Le troisième inquisiteur lui ordonne de s’asseoir. Le forgeron s’assied sur le banc indiqué, destiné aux détenus de très humble condition. La nappe carmin lui aveugle les yeux comme la lumière l’a aveuglé, tous deux – nappe et lumière – se déversant devant lui comme les signes clairs du ciel et de l’enfer réunis en une parfaite fraternité.
Frère manoel de quadros commença l’interrogatoire réservé aux questions générales, et que l’on appelle pour cela ‘’ in genere ».
- Quel est votre nom ?
- Fernão vasques.
- Votre âge ?
- Trente ans.
- La qualité de votre sang ?
- Vieux chrétien.
[1]
- Quel est votre métier ?
- Forgeron.
- Où êtes-vous né ?
- A Monsaraz.
- Où demeurez-vous ?
- A Monsaraz.
Tout ceci, la table le savait, bien sûr. Ils continuèrent par de nombreuses questions extravagantes, se renseignèrent sur toute sa famille, parents et grands-parents des deux côtés, oncles et tantes des deux côtés, frères et sœurs, demandèrent la condition de chacun d‘eux, et celle des enfants et des neveux, s’il en avait. Et s’il était chrétien baptisé et confirmé, où l’avait-il été et par qui ; s’il assistait à la messe et s’il communiait et s’il se confessait et s’il faisait des œuvres pieuses comme il convient à un chrétien ; s’il savait lire et écrire et s’il avait étudié une science quelconque ; s’il était déjà sorti du royaume et pour aller où, dans quels pays il était allé et qui il avait rencontré dans ces pays. A toutes ces questions ainsi posées, le forgeron s’efforçait de répondre : il parlait des vivants et des morts, des absents et des proches, de ceux qui étaient prisonniers et de ceux qui étaient libres, de tous, enfin, de tous ceux que sa mémoire pouvait se rappeler. In genere. Puis, pendant un moment, les inquisiteurs ne demandèrent plus rien, se contentant de regarder du haut de leur infinie compassion de punisseurs le forgeron qui fixait toujours le carmin déversé devant ses yeux. Et lorsque le scribe eut achevé de tout noter et posé la plume, le premier inquisiteur parla de nouveau :
- Maintenant, forgeron fernão vasques, vous vous agenouillerez et vous vous signerez, et vous réciterez par cœur et successivement le notre père, l’ave maria, le credo, le salve regina, les commandements de la loi de dieu et de notre sainte mère l’église.
Le scribe reprit sa plume pour noter tous les oublis ou les hésitations dans les prières ainsi ordonnées.

Sérgio Luís de Carvalho, As horas de Monsaraz, Campo das Letras, 1997

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[1] Par opposition aux « Nouveaux Chrétiens », c’est à dire aux Juifs convertis. compteur MySpace 

5 commentaires »

  1. bonjour,
    comme quoi il fait bon vivre a notre epoque
    tres sincerement
    lionel

    Dernière publication sur Lionel de BARROS, dessins et peintures : Guepe

  2. lusina dit :

    Oui, Lionel, merci de ta visite !

  3. iferhounene dit :

    bonjour
    j’espére que t’as passé des vacances agréables
    +
    abdenour

  4. iferhounene dit :

    « le poete est semblable au prince des nuées ,
    exhiléau sur le sol au milieu des huées
    ses ailes de geants l’empechent de marcher »
    a qui appartient de morceau de poéme et qule est le titre du poeme
    abdenour
    amicalement

  5. iferhounene dit :

    « et rose elle a vécue ce que vivent les roses , l’espace d’un matin
    la rose et moi différeons d’une chose
    un soleil voit naitre et mourir la rose
    mille soleils ont vu naitre ma’mour »
    de quyi est , ce morceau de poeme, donnez le titre
    amicalement
    abdenour

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