Presque une nature morte
Peinture de Jota Braz, 2003
Le bras d’un fleuve qui se détache de la berge, les branches
prolongent, dans l’eau, la nostalgie de la terre. La pureté
de la lumière ne traverse pas la surface pour se perdre
dans un fond où l’on ne devine pas (là, où le courant
fait sauter l’écume du centre, personne ne s’aventure
- même si les pierres séparent le cours blanc
des eaux). « Qu’est-ce que c’est ? », demandes-tu. La parabole
capitale de ta vie coupée en deux, comme s’il n’y avait pas
une direction unique qui se poursuit jusqu’à
la fin. « Même pas l’amour ? » Pourtant, le soir amène
le froid, la vision transparente des monts, et même
le chant des oiseaux semble plus net, comme si
aucune autre vibration ne l’influençait. Je respire
avec toi la connaissance de la réalité bien qu’elle
passe par la découverte d’une autre vie, par le contact
entre deux solitudes, ou simplement par une brève
hésitation avant que les lèvres ne se touchent, entraînant
l’un et l’autre à passer sur l’autre rive – la plus abstraite,
celle qui sépare seulement un corps d’un autre corps et,
encore, définit les limites entre la raison et le sentiment.
Nuno Júdice, Teoria geral do sentimento, 1999
2 commentaires »
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C’est étrange
voir beau
je vois un oiseau derrière tout ce blanc
blanc qui n’est pas vilain
le calme qui repose tout cela.
bisous
jade
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Merci de ta visite, Jade. Ravie que tu aimes ce tableau et ce poème.
A bientôt!
lusina