portugaisité

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C’est un tunnel – je marche à l’intérieur depuis des heures, des jours, ou des années, peu importe, et il y a une clarté au fond (notez le paradoxe ! mais quel fond ?) et jamais ce tunnel maudit (ou béni ?) ne s’achève, ou alors, jamais cette clarté ne se transforme en lumière.
- Vous êtes drôle ! Qui vous a mis dans la tête cette idée de lumière ? Vous avez vu une fois, dans votre vie, même pour une fraction de seconde, la lumière ? Moi, c’est le contraire, si tant est que le néant soit ce monstrueux manque de lumière, si tant est que le néant ait un contraire. J’avance dans une obscurité épaisse, et sans aucun doute, à une vitesse vertigineuse, folle, délirante. Choisissez d’autres synonymes si vous voulez ; et l’obscurité ne s’épaissit jamais davantage. C’est un tunnel, je dis un tunnel comme on dit « égal ». Et j’entends à mes côtés, depuis des jours, ou des mois, ou des années, une voix féminine :
- Il ne doit pas manquer beaucoup pour que le tunnel s’achève !
Et il y a des jours, ou des semaines, ou des années, je n’ai pas pu me retenir et j’ai demandé :
- Vous venez d’où, Madame ? Quelle est votre nationalité ?
- Je suis Portugaise, bien sûr !
Et à ce moment-là, j’ai aperçu cette clarté singulière qui naît de l’obscurité – la portugaisité.
- Amie, nous sommes sauvés ! L’obscurité ne peut plus nous vaincre. Elle est notre compagne traditionnelle, elle est historique, elle est primordiale, elle est éternelle !
- Aidez-moi à descendre !
- Descendre d’où ? On ne peut pas descendre dans cette obscurité. Mais si cela arrivait, ce serait le bouquet. Pour nous et pour la nation. Vu la position stratégique et géopolitique de notre obscurité. Pourquoi est-ce que vous me regardez comme ça ? Vous ne comprenez pas votre langue maternelle, vous n’êtes pas émue par votre grammaire nationale ? Comme les bonnes intentions se perdent – comme un vers-luisant à l’aube.
- Attention ! Il y a des limites à tout ! Il n’est pas permis de porter offense à la lumière, ni au vers luisant.
Dimíter Ánguelov, Trinta contos até ao fim da vida, &tc, 1998


la vague
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c'est comme ces adieux lancés sur la route bitumée d'étoiles, vers laquelle on s'avance mélancoliquement humble avec dans les pensées cette paisible nonchalance qui illumine parfois nos visages, ' le cur du temps' vient caresser tes sens que c'en
est magistral, puis soudain il y a dans l'air atone des passages aphones que j'emprunte en apnée les doigts crispés sur le fil d'ariane tressé d'anémones, là dans les profondeurs abyssales des chants cétacés ma vague déferlante vient fracasser ton corps d'épousée.
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