Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour décembre, 2008

Au-delà de la plage

Posté : 28 décembre, 2008 @ 10:35 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 8 commentaires »

Au-delà de la plage dans - époque contemporaine sao_to10

Plage à São Tomé

Baie brune de notre terre,
viens baiser les pieds agrestes
de nos plages assoiffées,
et chante, ma baie
les ventres gonflés
de mon enfance,
mes rêves, ardents
pour mon petit
jeté sur le sable
de la plage brune
geignant sur l’arène
de la plage Gamboa.

Chante, mon enfant,
ton rêve hurlant
dans le sable distant
de la plage brune.
[...]

Maman marche pour vendre le poisson
et toi, dans la barque des eaux marines
- Ah, le poisson du soir
dans ma baie
ma maman sereine
qui vend du poisson
pour lutter contre la faim
de son petit.

Alda Espírito Santo (São Tomé)

 dans littérature et culture

« Je pense que la poésie est toujours contestataire, qu’elle affirme toujours un manque » (Interview in Africa 21, novembre 2007)

Alda Espírito Santo est née à São Tomé en 1926.

Elle est actuellement présidente de l’Union Nationale des Ecrivains et Artistes de São Tomé e Príncipe, charge qu’elle cumule avec la présidence du Forum de la Femme.

Oeuvre poétique:

O Jogral das Ilhas, 1976, São Tomé, e. a
É Nosso o Solo Sagrada da Terra, 1978, Lisboa, Ulmeiro

Revenir à la page d’accueil

 

tag à l’envers contre la pollution

Posté : 27 décembre, 2008 @ 7:10 dans - époque contemporaine, musique et chansons, vidéos documentaires | 9 commentaires »

Image de prévisualisation YouTube

 

OSSARIO : ART LESS POLLUTION
Intervention urbaine : ALEXANDRE ORION

Musique: INSTITUTO

Video: BIG BONSAI

 

Alexandre Orion, artiste brésilien, taggue des crânes dans un tunnel routier de Sao Paulo, au nez et à la barbe de la police de l’endroit. Et pourtant, celle-ci ne peut rien faire, parce qu’il ne se sert pas d’une bombe de peinture, mais d’un chiffon. Le tunnel est tellement sale qu’il lui suffit d’enlever une couche de crasse du tunnel. Son art éphèmere sera détruit, comme il l’avait prévu, par la municipalité, obligée de nettoyer le tunnel après son passage.

Revenir à la page d’accueil

Si je savais qu’en volant…

Posté : 24 décembre, 2008 @ 7:02 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons, Poesie | 2 commentaires »

 

 

Image de prévisualisation YouTube

Gaiteiros de Lisboa, Se eu soubesse que voando

Si je savais qu’en volant

j’atteindrais ce que je désire,

 Je me ferais faire des ailes….

 

(Poème de Fernando Pessoa)

Fantômes

Posté : 16 décembre, 2008 @ 7:10 dans - époque contemporaine, musique et chansons, Poesie | 15 commentaires »

 

Revenir à la page d’accueil

Un beau texte de Fatima sur la vidéo :

Ces visages à l’expression de qui n’attend rien de l’avenir, peut-être les fantômes de la société qui ne les voit même pas, ne les entend même pas, ne les comprend même pas. Des visages solitaires, surpris par leur propre apparence, empruntés par la caméra qui prend le temps de poser un regard sur eux, sans rien leur dérober, sans indécence, avec pudeur et humilité. Avec le respect dû à chaque Homme. Un autre silence. Images de lieux vides, mais lourds de sens.

analyse fréquentation web

Image de prévisualisation YouTube

Pedro Abrunhosa, Quem Me Leva Os Meus Fantasmas

( Au Portugal 9000 personnes dorment dans la rue, dont 685 à Porto)

Voir les paroles :

(more…)

le pain

Posté : 15 décembre, 2008 @ 8:25 dans - XVIIème/XVIIIème siècles, littérature et culture | 2 commentaires »

padre.jpg

La plus grande obligation que Dieu a faite à l’homme est celle de se nourrir. Jetez vos regards sur le monde entier, et vous verrez que tous en arrivent à se résoudre à chercher du pain.
Que fait le laboureur, quand il ouvre la terre avec sa charrue, quand il bêche, arrose, taille, sème ? Il cherche du pain.
Que fait le soldat chargé de fer, quand il guette, combat, fait couler le sang ? Il cherche du pain.
Que fait le marin, quand il hisse, amène les voiles, sonde, lutte contre la mer et les vents ? Il cherche du pain.
Le marchand dans les maisons de contrats, quand il écrit des lettres, fait ses comptes, crée des compagnies ?
L’étudiant à l’université, quand il prend des leçons, remue des livres, se brûle les paupières ?
Le requérant dans les tribunaux, quand il prie, allègue, réplique, donne, promet, annule ? Il cherche du pain.
C’est en cherchant du pain que tout se résout, et tout s’applique à le chercher. Les pauvres donnent pour lui leur travail ; les riches donnent pour lui leurs propriétés ; les esprits généreux donnent pour lui leur vie ; les esprits bas donnent pour lui l’honneur ; ceux qui n’ont pas d’esprit donnent pour lui leur âme ; et il n’existe personne qui ne donnât au pain et pour le pain toute son attention.

 

 Padre António Vieira, Sermões

Revenir à la page d’accueil
 

Chanson d’aube

Posté : 14 décembre, 2008 @ 8:10 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

troubadgravure.jpg

Lève-toi, ami, qui dors dans le matin froid !
Tous les oiseaux du monde, d’amour, disaient :
je suis heureuse.

Lève-toi, ami, qui dors dans le matin clair !
Tous les oiseaux du monde, d’amour, disaient :
je suis heureuse.

 Tous les oiseaux du monde, d’amour, disaient :
de mon amour et du tien ils parlaient ;
je suis heureuse.

 Tous les oiseaux du monde, d’amour, chantaient.
de mon amour et du tien ils se souvenaient :
je suis heureuse.

 De mon amour et du tien ils se souvenaient ;
tu as cassé les branches où ils se perchaient.
je suis heureuse.

 Tu as cassé les branches où ils se perchaient,
et séché les fontaines où ils buvaient :
je suis heureuse.

 Tu as cassé les branches où ils se perchaient,
et séché les sources où ils se baignaient :
je suis heureuse.

 C.V. 243
CBN 604

Nuno Fernandes Torneol

 

(Dans la « chanson d’aube », il est impératif de ne pas se laisser surprendre...)

Revenir à la page d’accueil

Histoire de crayon

Posté : 13 décembre, 2008 @ 7:42 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

crayon.jpg

 

- Tu sais ce qui m’arrive ?
Reginaldo se jeta sur le canapé, l’air soucieux à l’extrême.
[...] Je m’assis sur le vieux fauteuil, bien à l’aise, et lui répondis que non.
- Le crayon, c’est ce que je te dis, expliqua-t-il en se frappant le genou.-
Le crayon ? Quel crayon ? demandai-je, avec le délicat étonnement de qui n’a rien à voir avec l’histoire.
- Oui, le crayon, au bureau. Il est bientôt fini. Qu’est-ce que je vais faire, maintenant, tu peux me le dire ?
Je ne répondis rien, évidemment, et j’allai préparer deux boissons fortes, ce qui paraissait s’imposer.
Quand je revins, Reginaldo eut l’air soulagé. Il but une gorgée ambitieuse, posa avec précaution son verre sur la table basse, poussa un soupir qui évoquait un rugissement et poursuivit sa laborieuse explication.
- Au bureau c’est comme ça, j’ai déjà dû te le raconter. Un crayon par mois, c’est tout. Voilà. D’ailleurs, jusqu’à maintenant, je m’en suis contenté. Mais ces derniers temps les crayons s’usent à une vitesse folle. Du moins les miens. Tu n’imagines pas ! Dès que tu en prends un neuf, il se termine.
D’un geste nerveux, il porta son verre à sa bouche. Puis, toujours avec précaution, il le reposa sur la table.
- Et alors voilà que j’en ai usé cinq ! Tu te rends compte ! Et je ne vois vraiment pas comment. A peine je fais une croix en face de l’addition vérifiée, paf, la mine se met à fondre, on dirait qu’elle disparaît dans le papier. L’enfer.

(more…)

Rêve

Posté : 10 décembre, 2008 @ 9:35 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

 

femmefrileuse.jpg

Jean-Antoine Houdon
La Frileuse
1783
Musée Fabre, Montpellier

C’est un être presque éthéré. Je ne peux dire si elle a existé ou si je l’ai inventée ; je sais qu’elle a disparu dans un souffle de plus en plus éphémère, avec deux yeux verts d’effroi. Je sais que je me suis mis à rêver, et que j’ai été emporté, perdu, comme une chose inerte…
Elle est morte transie de froid. Une femme pâle – comme un oiseau. De la tendresse et deux yeux verts d’effroi. Elle hésite, pose à peine les pieds par terre, pleure doucement, et elle va peut-être le réveiller, se plaindre… Elle n’ose pas, et ébauche un sourire aussitôt mouillé de larmes. Elle meurt de froid. En août – elle meurt de froid. Même pour lui sourire elle se cache, et elle se met alors à regarder le mur (je vais te dire où), à parler au mur, à se plaindre à la grande tache d’humidité de la paroi. Deux yeux verts d’effroi, une robe de soie, et des bas usés aux talons. Un rien de tendresse l’aurait sauvée – personne ne peut l’arracher à ce rêve informe.

Raul Brandão, Húmus, première édition 1907

Revenir à la page d’accueil
analyse fréquentation web

12