Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour le 3 décembre, 2008

mystère

Posté : 3 décembre, 2008 @ 7:58 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Le port de Rio de Janeiro

 

Tout avait commencé – du moins il le semblait – lorsque deux frères carmélites avait été découverts non loin de la plage, attachés, dévêtus, recouverts d’excréments et de scarifications, bien que la bourse de l’un d’eux fût restée intacte.
Revenus à eux, ils ne surent en aucune façon donner la raison pour laquelle ils avaient étaient réduits à cette condition. Ils se souvenaient seulement qu’ils traversaient le champ de Santo Antônio, la nuit, lorsqu’ils avaient été surpris par des malfaiteurs armés de couteaux et de bâtons.
Rien n’avait encore était éclairci, il y avait eu l’attaque de l’entrepôt de la douane, puis l’incendie pendant lequel une sentinelle avait péri. Aussitôt après on avait empoisonné l’alcade – tout indiquait que c’était l’œuvre d’une esclave non identifiée. Et on était arrivé au comble de la panique avec le massacre du moulin de l’Irajá – où on avait assassiné les domestiques, humilié la famille des maîtres et libéré tout un village d’esclaves.
Au début (comme on vint à le savoir) Unhão Dinis n’avait pas accepté la théorie du prélat ; mais il avait changé d’avis lorsque s’était produit l’incident de la prison publique. Et il était venu jusque là, à ma porte, précisément pour demander du secours.
Moi, Mendo Antunes, armateur établi dans cette ville depuis 1623, dès que je fus averti de cette visite inattendue, je craignis que le juge vînt m’importuner avec cette histoire des mesures sanitaires contre l’étripage en plein air de mes baleines. Et je ne me fis pas attendre.
Je descendis au salon, passai devant la calunga que j’entretenais fièrement sur la desserte d’ébène, m’assurai que le visiteur admirait mes tapis et le saluai froidement, affectant d’être pressé. Je m’en repentis aussitôt. C’était une autre histoire que Gonçalo venait me raconter.
J’écoutai alors, rassuré, la narration des faits. Il paraissait que – il y avait environ deux jours – les détenus avait souffert de violents malaises, avec de la fièvre, des vomissements et de la diarrhée – symptômes d’une probable tentative d’empoisonnement. Il n’y avait pas eu de victimes, à part un indien. Le fait semblait s’insérer dans la suite des sinistres auxquels assistait passivement la ville ; et le magistrat avait exigé une enquête rigoureuse.
Forcé de déposer, le geôlier avait déclaré avoir vu, dans une posture bizarre, près de la prison, la veille de l‘événement, un esclave de la maison de Unhão Dinis lui-même.
L’intrigue commençait à m’intéresser, mais je n’avais pas encore compris pourquoi moi, un simple armateur, j’avais été appelé à collaborer à l’élucidation du problème. Ce fut alors que le juge acheva :
- Alors, j’ai donné l’ordre d’incarcérer le suspect. Nous avons aussi trouvé, dans la cuisine de la prison, derrière des sacs de farine, une espèce d’outre, attachée à un lacet de cuir cru pour pouvoir être portée en bandoulière, qui contenait, en plus d’un petit couteau (objet de facture grossière), un curieux manuscrit, apparemment rédigé dans une langue de nègre. J’ai entendu dire que vous, Mendo, vous sauriez la traduire.

Alberto Mussa, O Trono da Rainha Jinga, 1999

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