Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour janvier, 2009

contre les tricheurs

Posté : 30 janvier, 2009 @ 9:10 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 7 commentaires »

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Qui n’aime pas et ne sait rien d’amour
fait échouer l’amour de ceux qui aiment
voici pourquoi : quand avec une dame
on jure qu’on meurt d’amour pour elle
elle sait bien que ce n’est pas vrai.
Ainsi, à mon sens, est perdu qui aime
vraiment, comme moi.

Car si elle pouvait reconnaître qui l’aime
sincèrement de tout son coeur
elle souffrirait de sa peine, sa dame,
mais à cause de tous les menteurs
elle va penser que tous sont pareils
Ainsi, à mon sens, est perdu qui aime
vraiment, comme moi.

Quand ceux qui n’ont déjà plus peur
que l’amour les fasse souffrir
devant les dames viennent jurer mieux
ou aussi bien que ceux qui aiment
elles ne savent plus qui croire
Ainsi, à mon sens, est perdu qui aime
vraiment, comme moi.

(CV 699/CBN 1043)

João Baveca (Galice, cour d’Afonso X)

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Une mission

Posté : 29 janvier, 2009 @ 7:11 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 2 commentaires »

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Coucher de soleil à Tete (http://mocambique1.blogs.sapo.pt)

Il y a trois siècles, des prêtres barbus et catholiques avaient osé défier les anciens esprits M’bona, leur rachetant leur troupeau humain. Infatigables, remontant le Zambèze contre le courant, contournant ses traîtres bancs de sable, passant devant la cité de Tete, effectuant divers transbordements pour vaincre d’infranchissables barrières et changeant pour des tirants d’eau plus modestes que la nouvelle navigation puisse accepter, renonçant presque devant Zumbo mais poursuivant toujours, tournant à droite et remontant l’Aruângua, ils arrivaient enfin à ce bout inconnu du monde avec leur attirail et de nouveaux éléments de foi qui avaient même surpris Dedza, le grand dieu. Des béliers hydrauliques inouïs, qui allaient contre la nature en faisant monter l’eau alors qu’il est sûr et certain que la nature la fait descendre ; de nouvelles plantes, bonnes à manger mais assoiffées, qui ne poussent pas sans cette eau qui monte contre la nature.
Dans leurs épaisses soutanes brunes les prêtres étaient forts comme des taureaux et ils étaient en permanence rouges de chaleur et irascibles. Ils se déplaçaient rapidement et parlaient beaucoup à ce peuple sec et minuscule, donnaient des ordres sévères, comme si le temps ne suffisait pas pour exécuter un ordre donné (le peuple était intrigué par cet effort vain pour faire se hâter le temps, alors que même les enfants savent que c’est le temps qui contient les hommes et non le contraire).

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Leur langue à tous…

Posté : 28 janvier, 2009 @ 6:40 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 15 commentaires »

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Communauté des pays de langue portugaise

La langue portugaise est parlée au Portugal (y compris Açores et Madère) en Angola, au Mozambique, au Cap Vert, en Guinée Bissau, en Guinée équatoriale, à Sao Tomé et Principe, au Timor oriental, au Brésil, à Goa et à Daman et Diu ( Inde) et à Macao (Chine), en tout par plus de 230 millions de personnes.
L’unification de la langue portugaise est à l’ordre du jour : signée par l’Angola, le Brésil, le Cap Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal, Sao Tomé et Principe à Lisbonne, le 16 décembre 1990, rejoints par le Timor oriental en 2004 et des observateurs galiciens (la langue galicienne étant très proche du portugais), l’accord orthographique a été ratifié par le Portugal en décembre dernier, et il est entré en vigueur au 1er janvier 2008. Mais le Portugal va proposer un moratoire de dix ans avant de l’appliquer.
Il existe pour l’instant, depuis 1911, deux normes orthographiques divergentes et toutes deux officielles : la brésilienne, d’un côté, et de l’autre la portugaise (appliquée à tous les autres pays de langue portugaise)
Le portugais est actuellement la seule langue parlée par plus de 50 millions de personnes qui présente deux orthographes différentes, contrairement au castillan et à l’anglais.
L’unification de la langue modifiera 0,5% des mots brésiliens et 1,6 % des mots portugais.
Les détracteurs les plus acharnés de cet accord sont… les éditeurs portugais, mais certains éditeurs brésiliens ne la voient pas d’un bon oeil non plus. (Pour l’instant, les livres sont retraduits de brésilien en portugais et vice-versa…)

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Chant de mort

Posté : 27 janvier, 2009 @ 9:00 dans - XIXème siècle, littérature et culture, Poesie | 6 commentaires »

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Guerrier Tupi

Mon chant de mort,
Guerriers, le voici:
Je suis fils de la selve,
C’est là que j’ai grandi;
Guerriers, je descends
De la tribu Tupi.

De la tribu grande,
Que le mauvais sort
A rendue errante,
Guerriers, je naquis;
Je suis brave, et fort,
Je suis fils du Nord;
Mon chant de mort,
Guerriers, le voici.

 

Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi:
Sou filho das selvas,
Nas selvas cresci;
Guerreiros, descendo
Da tribo tupi.

Da tribo pujante,
Que agora anda errante
Por fado inconstante,
Guerreiros, nasci;
Sou bravo, sou forte,
Sou filho do Norte;
Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi.

Antônio Gonçalves Dias (Maranhâo), 1823-1864.

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Fils d’un commerçant portugais et d’une cafusa, métisse de Noir et d’Indien, Gonçalves Dias réunissait en lui les trois ethnies qui ont formé la base de la population brésilienne.

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alentejo

Posté : 26 janvier, 2009 @ 7:05 dans vidéos documentaires | 6 commentaires »

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Quand je vais en Alentejo, il faut que je fasse très attention. L’air est si clair et les distances sont si distantes … le sol est si ras …

Dans la plaine, il peut aussi bien être 3 heures, comme 4 h et demie, ou 2 h du matin, ou minuit du jour précédent, le temps a pris une cuite, disent ceux qui ne savent pas. Les étoiles, de jour comme de nuit, veillent sur la campagne ouverte.
Il n’y a pas de terre plus proche du ciel, marcher à pied est une religion, sur ces collines…
Le silence alentejano est un rituel et un mythe. Les chiens, et quelques hommes, le savent bien…
Les femmes mettent encore un foulard à cause du soleil, mais, en même temps, elles n’en mettent pas, lorsque l’air leur demande… quand la chaleur arrive, elles lèvent les bras pour le desserrer sur leur nuque…
Je reste là, assis, à voir disparaître le soir, jusqu’à ce que tout soit obscur. La lune est nouvelle, et cela veut dire qu’elle est noire.

Texte de Mário Furtado

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Collines en Alentejo (Tissu appliqué D’Evelyne Régnault)

« … il y a des époques de l’années où le sol est vert, d’autres jaune, et puis marron, ou noir. Et aussi rouge, par endroits, couleur d’argile et de sang saigné. Mais ceci dépend de ce qui a été planté et de ce qui est cultivé, ou pas encore, ou pas en ce moment, ou de ce qui a poussé du simple fait de la nature, sans la main de personne, et ne vient à mourir que parce qu’est arrivée sa fin dernière. Ce n’est pas le cas du blé, qui, comme toute vie, est coupé. Ni du chêne liège, à qui tout vif, même si l’on ne s’en rend pas compte à cause de son sérieux, on arrache la peau. Avec des hurlements. » (José Saramago, Levantado do chão, Caminho, 1980)

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chanson d’ami

Posté : 23 janvier, 2009 @ 7:01 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 8 commentaires »

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La mer, à Vigo

Celles qui savent aimer leur ami,
courez avec moi à la mer, à Vigo,
et nous nous baignerons dans les flots.

Celles qui savent aimer d’amour,
courez avec moi vers la mer agitée,
et nous nous baignerons dans les flots.

Courez avec moi vers la mer, à Vigo,
Et nous le verrons, mon aimé,
Et nous nous baignerons dans les flots.

Courez avec moi vers la mer agitée,
et nous le verrons, mon aimé,
et nous nous baignerons dans les flots.

Martim Codax (Galice) XIIIème siècle, CBN 1282/CV 888

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LUZ DO MAR

On voit l’ami à Vigo
Comme on le voit courir
Vif argent sur les flots
Porté par le vent du désir

On voit l’ami à Vigo
Quand on sort du dormir
Quand la lune est au plus haut
Et que passe le parfum de l’inspir

L’ami toujours attend à Vigo
Plage déserte au blanc menhir
Dont le soleil a fait cadeau
Comme d’un instant de sourire

gmc

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Grenades

Posté : 22 janvier, 2009 @ 7:37 dans littérature et culture | 4 commentaires »

« Dora remarque les lèvres de la femme qui sont de la couleur des graines de grenade, elle n’avait jamais vu de femme aux lèvres couleur de graines de grenade, »  

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On m’a demandé la couleur des graines de grenades… alors, pour ceux qui n’ont jamais vu, voilà. 

La pluie, variation

Posté : 19 janvier, 2009 @ 7:10 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 6 commentaires »

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Dora surveille l’homme de la table à côté et les gouttes qui battent sur la vitre, le vent forme un filet de gouttes qui glisse, sur la vitre des milliers de rayures d’eau, l’homme n’arrête pas de taper des doigts sur le dessus de la table, il est impatient, il attend quelqu’un, Dora essaie de deviner qui est en retard, de l’autre côté de la porte du café arrive un homme qui traverse la rue si vite qu’une voiture le klaxonne, elle pense que c’est lui que l’homme attend mais conclut rapidement que non parce que l’homme dans la rue ne s’arrête pas, maintenant Dora regarde un homme qui s’abrite à l’entrée d’un magasin, une vieille femme qui resserre la veste d’un enfant qu’elle tient par la main, ils sont si drôles les gens vus d’ici, des poissons dans un aquarium, Dora dit tout bas à Ângelo, cet homme qui est assis à côté de nous en a marre d’attendre, encore heureux que tu ne sois pas arrivé en retard, je déteste attendre, Ângelo regarde l’homme comme s’il cherchait quelque chose, une façon d’apprendre à attendre la meilleure occasion pour dire ce qu’il a à dire, Dora demande, tu as fait un spectacle hier, oui et il a très bien marché, Ângelo se met à raconter le spectacle mais Dora l’interrompt,

il paraît que tu as quelque chose à me dire

[...]

une femme entre dans le café et sourit à l’homme de la table à côté, Dora dit,

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