alentejo
Quand je vais en Alentejo, il faut que je fasse très attention. L’air est si clair et les distances sont si distantes … le sol est si ras …
Dans la plaine, il peut aussi bien être 3 heures, comme 4 h et demie, ou 2 h du matin, ou minuit du jour précédent, le temps a pris une cuite, disent ceux qui ne savent pas. Les étoiles, de jour comme de nuit, veillent sur la campagne ouverte.
Il n’y a pas de terre plus proche du ciel, marcher à pied est une religion, sur ces collines…
Le silence alentejano est un rituel et un mythe. Les chiens, et quelques hommes, le savent bien…
Les femmes mettent encore un foulard à cause du soleil, mais, en même temps, elles n’en mettent pas, lorsque l’air leur demande… quand la chaleur arrive, elles lèvent les bras pour le desserrer sur leur nuque…
Je reste là, assis, à voir disparaître le soir, jusqu’à ce que tout soit obscur. La lune est nouvelle, et cela veut dire qu’elle est noire.
Texte de Mário Furtado
Collines en Alentejo (Tissu appliqué D’Evelyne Régnault)
« … il y a des époques de l’années où le sol est vert, d’autres jaune, et puis marron, ou noir. Et aussi rouge, par endroits, couleur d’argile et de sang saigné. Mais ceci dépend de ce qui a été planté et de ce qui est cultivé, ou pas encore, ou pas en ce moment, ou de ce qui a poussé du simple fait de la nature, sans la main de personne, et ne vient à mourir que parce qu’est arrivée sa fin dernière. Ce n’est pas le cas du blé, qui, comme toute vie, est coupé. Ni du chêne liège, à qui tout vif, même si l’on ne s’en rend pas compte à cause de son sérieux, on arrache la peau. Avec des hurlements. » (José Saramago, Levantado do chão, Caminho, 1980)