Chant de mort
Guerrier Tupi
Mon chant de mort,
Guerriers, le voici:
Je suis fils de la selve,
C’est là que j’ai grandi;
Guerriers, je descends
De la tribu Tupi.
De la tribu grande,
Que le mauvais sort
A rendue errante,
Guerriers, je naquis;
Je suis brave, et fort,
Je suis fils du Nord;
Mon chant de mort,
Guerriers, le voici.
Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi:
Sou filho das selvas,
Nas selvas cresci;
Guerreiros, descendo
Da tribo tupi.
Da tribo pujante,
Que agora anda errante
Por fado inconstante,
Guerreiros, nasci;
Sou bravo, sou forte,
Sou filho do Norte;
Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi.
Antônio Gonçalves Dias (Maranhâo), 1823-1864.
Fils d’un commerçant portugais et d’une cafusa, métisse de Noir et d’Indien, Gonçalves Dias réunissait en lui les trois ethnies qui ont formé la base de la population brésilienne.
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à noter que le chant de mort du guerrier est toujours et avant tout un chant de vie (voir dans un registre plutôt proche les différents hakas – haka des homes, haka des femmes + pays par pays – des maoris):
http://fr.youtube.com/watch?v=RZW4k6ynVzs&feature=related#
http://www.dailymotion.com/video/x6qy9s_13emeguerrier_shortfilms
texte anglais:
« lo’ there, do I see my father
lo’ there, do I see my mother
and my sisters and my brothers
lo’ there, do I see the line of my people
back to the beginning
lo’, they do call to me
they bid me take my place among them
in the halls of Walhalla
where the braves
they live forever »
trad française (plutôt bien faite):
« voyez cela, je vois mon père
voyez cela, je vois ma mère
et mes soeurs et mes frères
voyez cela, je vois tous mes ancêtres
qui sont assis et me regardent
Et voilà, voilà qu’ils m’appellent
et me demandent de prendre place à leurs côtés
dans le palais de Walhalla
là où les braves
vivent à jamais »
désolé, le lien youtube ne fonctionnait plus, le voilà:
http://www.youtube.com/watch?v=kf9LQIS_0rw#
(la première minute uniquement)
à noter que le rendu est différent suivant la langue dans laquelle on l’entend.
Ma chère Menina, ta traduction du poème de Gonçalves Dias est superbe, tes textes nous reservent toujours une surprise… Je t’embrasse, Jean.
@ Jean : Merci, mais c’était très court ! Je n’ai pas traduit tout le poème…
@ gmc : Merci pour les documents, entièrement d’accord pour le rapprochement avec le haka. Sauf qu’ici, il y a un jeu terrible sur les sonorités et le rythme, et comme je le dis plus haut, je ne me suis pas lancée dans la traduction entière !
vous seriez chou si vous nous donniez le reste du chant
en échange, je vous offre un petit truc sympa de mahmoud darwich, en guise de préambule:
Et ils ne demandent pas: que vient-il après la mort?
Bien que plus intimes avec le livre du Paradis qu’avec les comptes de la terre, ils sont préoccupés par une autre question: que devons-nous faire avant cette mort?
Proches de la vie, nous vivons et nous ne vivons pas – comme si la vie avait été découpée en parcelles d’un désert où les dieux marchandeurs de la propriété plantent leurs disputes.
Nous vivons près d’une ancienne poussière.
Nos vies encombrent la nuit de l’historien:
« Bien que je les ai fait disparaître, ils reviennent à moi de l’absence. »
Nos vies encombrent l’artiste:
« Je les dessine et deviens l’un d’entre eux, voilé de brume. »
Nos vies encombrent le général:
» Comment un fantôme peut-il encore saigner? »
Nous devons être ce que nous voulons être. Et nous voulons un peu de vie, pas juste pour rien – mais pour honorer la résurrection venue après notre mort.
Inintentionnellement, ils disent les mots du philosophe:
« La mort ne signifie rien pour nous: si nous sommes, lui n’est pas.
La mort ne signifie rien pour nous: s’il est, donc nous ne sommes pas. »
Et ils ont reconfiguré leurs rêves et continué de dormir debout.
Merci de ce beau texte.
Pour le chant, je ne vous promets rien (c’est beaucoup de travail!) mais je vais m’efforcer.
En attendant, voilà l’original :
Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi:
Sou filho das selvas,
Nas selvas cresci;
Guerreiros, descendo
Da tribo tupi.
Da tribo pujante,
Que agora anda errante
Por fado inconstante,
Guerreiros, nasci;
Sou bravo, sou forte,
Sou filho do Norte;
Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi.
Já vi cruas brigas,
De tribos imigas,
E as duras fadigas
Da guerra provei;
Nas ondas mendaces
Senti pelas faces
Os silvos fugaces
Dos ventos que amei.
Andei longes terras
Lidei cruas guerras,
Vaguei pelas serras
Dos vis Aimoréis;
Vi lutas de bravos,
Vi fortes – escravos!
De estranhos ignavos
Calcados aos pés.
E os campos talados,
E os arcos quebrados,
E os piagas coitados
Já sem maracás;
E os meigos cantores,
Servindo a senhores,
Que vinham traidores,
Com mostras de paz.
Aos golpes do imigo,
Meu último amigo,
Sem lar, sem abrigo
Caiu junto a mi!
Com plácido rosto,
Sereno e composto,
O acerbo desgosto
Comigo sofri.
Meu pai a meu lado
Já cego e quebrado,
De penas ralado,
Firmava-se em mi:
Nós ambos, mesquinhos,
Por ínvios caminhos,
Cobertos d’espinhos
Chegamos aqui!
O velho no entanto
Sofrendo já tanto
De fome e quebranto,
Só qu’ria morrer!
Não mais me contenho,
Nas matas me embrenho,
Das frechas que tenho
Me quero valer.
Então, forasteiro,
Caí prisioneiro
De um troço guerreiro
Com que me encontrei:
O cru dessossêgo
Do pai fraco e cego,
Enquanto não chego
Qual seja, – dizei!
Eu era o seu guia
Na noite sombria,
A só alegria
Que Deus lhe deixou:
Em mim se apoiava,
Em mim se firmava,
Em mim descansava,
Que filho lhe sou.
Ao velho coitado
De penas ralado,
Já cego e quebrado,
Que resta? – Morrer.
Enquanto descreve
O giro tão breve
Da vida que teve,
Deixai-me viver!
Não vil, não ignavo,
Mas forte, mas bravo,
Serei vosso escravo:
Aqui virei ter.
Guerreiros, não coro
Do pranto que choro:
Se a vida deploro,
Também sei morrer.