Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Chant de mort

Classé dans : - XIXème siècle,littérature et culture,Poesie — 27 janvier, 2009 @ 9:00

tupi.jpg

Guerrier Tupi

Mon chant de mort,
Guerriers, le voici:
Je suis fils de la selve,
C’est là que j’ai grandi;
Guerriers, je descends
De la tribu Tupi.

De la tribu grande,
Que le mauvais sort
A rendue errante,
Guerriers, je naquis;
Je suis brave, et fort,
Je suis fils du Nord;
Mon chant de mort,
Guerriers, le voici.

 

Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi:
Sou filho das selvas,
Nas selvas cresci;
Guerreiros, descendo
Da tribo tupi.

Da tribo pujante,
Que agora anda errante
Por fado inconstante,
Guerreiros, nasci;
Sou bravo, sou forte,
Sou filho do Norte;
Meu canto de morte,
Guerreiros, ouvi.

Antônio Gonçalves Dias (Maranhâo), 1823-1864.

gonalves2.jpg

Fils d’un commerçant portugais et d’une cafusa, métisse de Noir et d’Indien, Gonçalves Dias réunissait en lui les trois ethnies qui ont formé la base de la population brésilienne.

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6 commentaires »

  1. gmc dit :

    à noter que le chant de mort du guerrier est toujours et avant tout un chant de vie (voir dans un registre plutôt proche les différents hakas – haka des homes, haka des femmes + pays par pays – des maoris):

    http://fr.youtube.com/watch?v=RZW4k6ynVzs&feature=related#

    http://www.dailymotion.com/video/x6qy9s_13emeguerrier_shortfilms

    texte anglais:

    « lo’ there, do I see my father
    lo’ there, do I see my mother
    and my sisters and my brothers
    lo’ there, do I see the line of my people
    back to the beginning
    lo’, they do call to me
    they bid me take my place among them
    in the halls of Walhalla
    where the braves
    they live forever »

    trad française (plutôt bien faite):

    « voyez cela, je vois mon père
    voyez cela, je vois ma mère
    et mes soeurs et mes frères
    voyez cela, je vois tous mes ancêtres
    qui sont assis et me regardent
    Et voilà, voilà qu’ils m’appellent
    et me demandent de prendre place à leurs côtés
    dans le palais de Walhalla
    là où les braves
    vivent à jamais »

  2. gmc dit :

    désolé, le lien youtube ne fonctionnait plus, le voilà:

    http://www.youtube.com/watch?v=kf9LQIS_0rw#

    (la première minute uniquement)

    à noter que le rendu est différent suivant la langue dans laquelle on l’entend.

  3. Jean Cristtus Portela dit :

    Ma chère Menina, ta traduction du poème de Gonçalves Dias est superbe, tes textes nous reservent toujours une surprise… Je t’embrasse, Jean.

  4. lusina dit :

    @ Jean : Merci, mais c’était très court ! Je n’ai pas traduit tout le poème…

    @ gmc : Merci pour les documents, entièrement d’accord pour le rapprochement avec le haka. Sauf qu’ici, il y a un jeu terrible sur les sonorités et le rythme, et comme je le dis plus haut, je ne me suis pas lancée dans la traduction entière !

  5. gmc dit :

    vous seriez chou si vous nous donniez le reste du chant ;-)

    en échange, je vous offre un petit truc sympa de mahmoud darwich, en guise de préambule:

    Et ils ne demandent pas: que vient-il après la mort?
    Bien que plus intimes avec le livre du Paradis qu’avec les comptes de la terre, ils sont préoccupés par une autre question: que devons-nous faire avant cette mort?

    Proches de la vie, nous vivons et nous ne vivons pas – comme si la vie avait été découpée en parcelles d’un désert où les dieux marchandeurs de la propriété plantent leurs disputes.
    Nous vivons près d’une ancienne poussière.
    Nos vies encombrent la nuit de l’historien:
    « Bien que je les ai fait disparaître, ils reviennent à moi de l’absence. »
    Nos vies encombrent l’artiste:
    « Je les dessine et deviens l’un d’entre eux, voilé de brume. »
    Nos vies encombrent le général:
     » Comment un fantôme peut-il encore saigner? »
    Nous devons être ce que nous voulons être. Et nous voulons un peu de vie, pas juste pour rien – mais pour honorer la résurrection venue après notre mort.
    Inintentionnellement, ils disent les mots du philosophe:
    « La mort ne signifie rien pour nous: si nous sommes, lui n’est pas.
    La mort ne signifie rien pour nous: s’il est, donc nous ne sommes pas. »
    Et ils ont reconfiguré leurs rêves et continué de dormir debout.

  6. lusina dit :

    Merci de ce beau texte.

    Pour le chant, je ne vous promets rien (c’est beaucoup de travail!) mais je vais m’efforcer.

    En attendant, voilà l’original : ;)

    Meu canto de morte,
    Guerreiros, ouvi:
    Sou filho das selvas,
    Nas selvas cresci;
    Guerreiros, descendo
    Da tribo tupi.

    Da tribo pujante,
    Que agora anda errante
    Por fado inconstante,
    Guerreiros, nasci;
    Sou bravo, sou forte,
    Sou filho do Norte;
    Meu canto de morte,
    Guerreiros, ouvi.

    Já vi cruas brigas,
    De tribos imigas,
    E as duras fadigas
    Da guerra provei;
    Nas ondas mendaces
    Senti pelas faces
    Os silvos fugaces
    Dos ventos que amei.

    Andei longes terras
    Lidei cruas guerras,
    Vaguei pelas serras
    Dos vis Aimoréis;
    Vi lutas de bravos,
    Vi fortes – escravos!
    De estranhos ignavos
    Calcados aos pés.

    E os campos talados,
    E os arcos quebrados,
    E os piagas coitados
    Já sem maracás;
    E os meigos cantores,
    Servindo a senhores,
    Que vinham traidores,
    Com mostras de paz.

    Aos golpes do imigo,
    Meu último amigo,
    Sem lar, sem abrigo
    Caiu junto a mi!
    Com plácido rosto,
    Sereno e composto,
    O acerbo desgosto
    Comigo sofri.

    Meu pai a meu lado
    Já cego e quebrado,
    De penas ralado,
    Firmava-se em mi:
    Nós ambos, mesquinhos,
    Por ínvios caminhos,
    Cobertos d’espinhos
    Chegamos aqui!

    O velho no entanto
    Sofrendo já tanto
    De fome e quebranto,
    Só qu’ria morrer!
    Não mais me contenho,
    Nas matas me embrenho,
    Das frechas que tenho
    Me quero valer.

    Então, forasteiro,
    Caí prisioneiro
    De um troço guerreiro
    Com que me encontrei:
    O cru dessossêgo
    Do pai fraco e cego,
    Enquanto não chego
    Qual seja, – dizei!

    Eu era o seu guia
    Na noite sombria,
    A só alegria
    Que Deus lhe deixou:
    Em mim se apoiava,
    Em mim se firmava,
    Em mim descansava,
    Que filho lhe sou.

    Ao velho coitado
    De penas ralado,
    Já cego e quebrado,
    Que resta? – Morrer.
    Enquanto descreve
    O giro tão breve
    Da vida que teve,
    Deixai-me viver!

    Não vil, não ignavo,
    Mas forte, mas bravo,
    Serei vosso escravo:
    Aqui virei ter.
    Guerreiros, não coro
    Do pranto que choro:
    Se a vida deploro,
    Também sei morrer.

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