Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour janvier, 2009

coup de colère

Posté : 17 janvier, 2009 @ 7:00 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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« C’est ce que nous vous demandons, Aureliano Viegas, que vous collaboriez comme cobaye pionnier dans le grand projet de l’Etat d’en finir avec les écrivains médiocres de manière que le Programme Juste Anonymat (inséré à l’horizon stratégique plus ambitieux du Meilleur des Mondes Recyclé) en passe d’être financé en grand par des fonds communautaires, puisse d’ores et déjà présenter des résultats palpables susceptibles de servir d’appât aux commissaires de Bruxelles qui doivent débloquer les fonds. Nous pouvons compter sur vous ? » Je lui ai fait un vaillant bras d‘honneur mental, j’ai dit à part moi « c’est ta mère qui était médiocre, de te faire comme ça », et j’ai à peine murmuré un « je verrai ce que je peux faire ». J’avais besoin de réfléchir mûrement à tout ce que je venais d’entendre. Les dieux étaient idiots mais la vie collective continuait à tourner au rythme de leurs tambours, voilà, on allait voir ce qu’on allait voir, ma salope.

Le lendemain matin l’infirmière est venue me casser les oreilles avec de sibyllines admonestations, disant que j’avais offensé sa petite maman chérie en pensées et en paroles déversées en majuscules, sur la feuille A4, de ma propre main.

 

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sirène d’eau douce

Posté : 16 janvier, 2009 @ 7:18 dans musique et chansons | 2 commentaires »

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Maria Bethânia – Sereia de Agua Doce, De Papo pro Ar, O Rio

 

Maria Bethânia Vianna Telles Veloso, soeur du chanteur compositeur Caetano Veloso, est née en 1946 à Santo Amaro da Purificação, à Bahia. Elle a toujours aimé chanter, imitait dans son enfance les artistes qu’elle entendait à la radio, et savait qu’elle était destinée à la scène.

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Histoire en plan

Posté : 11 janvier, 2009 @ 7:14 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 13 commentaires »

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Joueur de cavaquinho, Chorinho (détail), Portinari, 1942

- Quand j’ai vu entrer dans le métro un aveugle qui jouait de l’accordéon (c’était l’époque du carnaval ou des présidentielles, je ne sais plus), j’ai attendu un instant que l’inspiration de l’artiste atteigne son comble et je me suis mis à danser avec une ardeur non moins artistique. Les autres sont tous restés immobiles comme les morts frais désenterrés de Pompéi jusqu’à ce qu’une dame âgée et respectable se lève énergiquement et dise :
- Vous n’avez pas vu que tout le monde était gêné par votre gaîté ? Vous n’avez pas compris l’outrage que vous faisiez à ce pauvre homme !? »J’ai regardé autour de moi férocement et, d’un geste, j’ai arraché l’accordéon à l’aveugle et je me suis mis à jouer une mélodie très populaire. Ils se sont tous levés comme un seul homme et leur danse turbulente, frénétique, a déséquilibré le wagon, et même ça n’a fait peur à personne. C’était une allégresse, une extase horrible à voir. Comment expliquez-vous ça ?
- Il n’y a pas d’explication. Et je vais vous dire pourquoi.

 

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fleurs et fruits

Posté : 9 janvier, 2009 @ 7:45 dans musique et chansons, vidéos documentaires | 8 commentaires »

(Pour écouter la musique, il est conseiller d’arrêter le bruit de la mer…)

http://www.dailymotion.com/video/66WPwRTNCx2HKbYww

Joan Baez chante l’aria n° 5 des Bachianas brasileiras, du compositeur Heitor Villa-Lobos, (Rio de Janeiro) 1887 – 1959.

(Photos © Francesca Palli http://www.potomitan.info/ )
Ensemble de 8 violoncelles; David Soyer, violoncelle solo ; Maurice Abravanel, chef d’orchestre.

ARIA BRASILEIRA

Fleurs et fruits do Brasil
Comme une plage d’abondance
Un sourire au front du printemps
Une voix comme caresse
Un châle de mer autour du cou
Des épaules nues pour le vent
Et au coeur la tendresse
La beauté en souplesse
Perdue loin des nuages
Dans un velours de papillon

gmc

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Importation

Posté : 8 janvier, 2009 @ 8:57 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

 

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Robert Smithson, Spiral Jetty

Je disais quelque part qu’en ce moment précis la poétesse accompagne son bouc inspiratoire – ses yeux se meuvent plus lentement que ses pieds. Il n’y a là, apparemment, rien d’anormal. Lui est animé par une volonté qui ne lui appartient plus – à peine un léger vestige du fait qu’elle se déplace : s’éloigne-t-elle de la vie ou s’approche-t-elle de la mort ? On ne le voit pas – c’est ça la perfidie de la régularité, du mouvement en soi – ici la direction demeure indéchiffrable. Ou alors les deux cheminent ensemble pour tromper la vie et la mort en même temps. Elle se croit capable de l’encourager avec des vers morts, sans sens et même sans intention. Lui se considère comme l’appui sans lequel elle ne peut succomber dignement. Ils cheminent, se déplacent – une inspiration pour qui s’est arrêté, intrigué par la brève rencontre entre la croyance et l’illusion.
Pendant ce temps, j’observais un groupe de poètes homozygotes, qui discutaient de la monogénèse des idées littéraires et de la création en général. Et bien que ce soit un point indiscutable, et pesez cette vérité qu’ici on ne discute jamais de ce qui est discutable…. Non, ils ne discutaient pas (ils étaient tous poètes de courant et d’influence) – ils étaient d’accord. Ils ne faisaient que satisfaire au rituel quotidien : expliquer une fois de plus cette vérité étrange, pour des raisons esthétiques – la capacité à apprécier – par une question de désir historique et traditionnel.
Quelqu’un, qui ne faisait pas partie du groupe, a dit avec un grand enthousiasme :
L’année dernière, rien que pour la philosophie, nous avons importé de France plus de cinquante millions de virgules, treize million cinq cent mille points d’interrogation et près de trois millions de points d’exclamation ! Ce sont les chiffres officiels !
Tous sont restés muets et, par un bizarre réflexe, ont détourné les yeux vers le coin opposé. Comme si c’était précisément la page suivante de leur inquiétude intellectuelle. Il y avait là un mystère réaliste, des germes divers d’inspiration ou même du contraire des idées qui ne se discutent pas.

Dimíter Ánguelov, Partida Incessante, Nova Ática, 2001

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analyse web stats

Aljezur

Posté : 4 janvier, 2009 @ 8:09 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 7 commentaires »

Aljezur dans - époque contemporaine aljezur-titel

Soudain,
Devant mon regard afro
tropical
Surgit Aljezur.
Au loin,
« Bunhêra » et Rogil,
Terres ancestrales de mes aïeux
Terres d’enchantement et de désillusions

 

 dans littérature et culture

Aljezur mienne,
Dans la poussière du temps
Les conflits
Entre Maures et Chrétiens
Le cris, les chevaux qui hennissent.
Les épées dégainées, les cimeterres,
tintent dans l’entrechoc
de notre Foi.
La nôtre et celle des autres.

 

Extrait de « Aljezur Algarvia de Meus Encantos« , écrit le 25 mars 2007

João Craveirinha (Mozambique)

(Poète, conteur et artise peintre.)

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Inspiration

Posté : 2 janvier, 2009 @ 4:24 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 6 commentaires »

FONTAINE D’ESPACE

Tous les jours
Je fais la belle
Aux cheveux longs
Comme une galaxie brûlante
A l’haleine fraîche
Comme le parfum du cristal

Toutes les nuits
Je fais la belle
Le long des plages
Sous le soleil
D’un fabuleux printemps
Bercé par les balances

Tous les jours
Passe la belle
Comme une évasion
Sans yeux ni ailes
Comme une sensation
De neige éternelle

gmc

 

arrivée

Posté : 2 janvier, 2009 @ 8:54 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Fito est mort en plein centre de Buenos Aires. Cela n’a rien d’étrange, et de toute façon la seule chose qui puisse attirer l’attention, c’est qu’il soit mort de mort naturelle après une existence si difficile. Ce qui est surprenant, et même incroyable pour qui ne connaît pas sa vie, c’est qu’il était encore à la poursuite d’un gigantesque sanglier blanc quelques instants avant de rendre son dernier soupir.
L’histoire a commencé alors que le XIXème siècle était déjà entré en plein dans sa seconde moitié. C’était dans un petit village reculé des Encarres. De là, quand il faisait beau, il fallait plusieurs journées de voyage pour arriver à la ville. L’hiver, la plupart du temps la neige empêchait toute aventure de ce genre et bêtes et gens restaient tapis ensemble dans les pallozas, sans voir la lumière du jour.
Fito ne devait pas encore avoir seize ans au moment où commence ce récit. Les cimes neigeuses s’éteignaient dans la lumière du crépuscule qui s’enfuyait d’elles vers le ciel. La nuit glacée grimpait du fond des ravins, encerclant les ultimes bastions protégés par les tièdes rayons du soleil. [...]
Dans l’immensité des montagnes qui se divisaient depuis le village, l’univers de solitude qui encerclait les cinq pallozas, le monde se préparait pour la dernière tempête de neige. [...]
Quelqu’un – tous le surent bien vite – remarqua de l’arrivée d’une silhouette sur le chemin qui venait de l’autre côté des montagnes, vers le levant. Enfoncée jusqu’aux genoux, elle tentait de surmonter son épuisement à chaque pas. Une grande masse compacte, de sorte que dans le lointain elle semblait ne pas avoir de visage, arrivait la tête baissée vers les maisons. Elle était consciente qu’elle n’avait plus rien à craindre. Le pire était passé. [...]
Sûr que ce n’était pas la première fois qu’elle venait au village. Fito entendit son père prononcer son nom sur un ton un peu mystérieux. – Tu as entendu ? lui dit-il. On a frappé à la porte. Mais reste tranquille. Il y a le temps. C’est Futingo. Ses pieds sont tellement grands qu’ils frappent toujours avant qu’il soit là. Attends. Il appellera …

Tucho Calvo, O xabaril branco, La voz de Galicia, 2002 (traduit du galicien)

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palloza

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