Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour février, 2009

Cap

Posté : 10 février, 2009 @ 7:13 dans musique et chansons, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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Cesária Evora, Cabo Verde

clin d’oeil

Posté : 9 février, 2009 @ 8:42 dans - époque contemporaine, Poesie | Pas de commentaires »

clin d'oeil dans - époque contemporaine gansos

Have a taste

Les runes pourpres des mirages
Sont transparence lumineuse
Vue des lagunes de Sausalito

Passent les oies sauvages
Dans un clin d’oeil amusé

En riant vers le Nord
Quand bien même
Il n’y aurait plus de cardinal

Une haleine frôle une hanche
Et la peau en frissonne encore
Quand dans son sein le velours
La retourne en intérieur
Où la palpitation frémissante
L’inonde de douceur
Comme la caresse d’une main
A l’intérieur des yeux

gmc

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Des gens sans reproches

Posté : 8 février, 2009 @ 8:04 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 6 commentaires »

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Raul Brandão

Anacleto porte tout en même temps, les comptes, les livres, les scrupules. Il n’a jamais mis sa femme dehors – il ne peut pas la voir – parce que c’est contre les édits de la société. Il ne s’est jamais séparé d’elle, parce que l’Eglise le lui interdit. Il ne lui a jamais manqué, avec respect, ordre et méthode. Il est bien considéré par la place, bien considéré par l’Eglise, bien considéré par Dieu. Qu’est-ce qu’elle veut de plus, cette ombre tragique, qui n’ose même pas se plaindre, et qui, si elle pleure, pleure en dedans ? Tout le monde tire son chapeau à Dona Biblioteca, qui porte un blason au revers de sa chemise, quand elle passe à sa mission de charité. Les pauvres la louent, l’Eglise exalte sa charité, qui traque le malheur pour lui donner trois sous. Elle est toujours la première sur les listes d’aumônes (on lui réserve cette place de droit). La voilà en haut des souscripteurs : Dona Biblioteca des Bibliotecas : trois testons, six testons, un quart. Ses enfants la vénèrent, le respectable Elias de Melo, et l’immaculé Melias de Melo. Mais le respect pour les parents ne résiste que tant que les parents respectent les intérêts des enfants. Il y a évidemment une loi morale, mais on trouve toujours par derrière une bouche qui prêche… Il y a des limites à tout. Dona Leocádia est d’une autre caste. Elle ne comprend pas la charité ainsi. Elle résout tout selon sa conscience, procède toujours selon sa conscience, met au-dessus de tout sa conscience. Elle est avare et lésineuse, et amène chez elle un orphelin qu’elle nourrit et qui lui entrave les jambes. Félix le Procureur, qui communie avec attendrissement le vendredi, convaincu jusqu’à la moelle en s’approchant de la Sainte Table de l’Eucharistie, toutes les semaines à l’aide de nombreux papiers de l’Etat et avec la connivence de la loi, intente en justice quelques malheureux. La question pour lui est celle des timbres. Il n’y a que le Saint qui prie chaque fois plus haut : L’Enfer ! L’Enfer ! Comme Saint Augustin il avait une femme et un enfant, comme Saint Augustin ils les a répudiés. Intrinsecus oculatum, le Saint ne voit que de l’intérieur. La vie n’existe pas – il n’y a que l’éternité. Après cent mille ans le condamné sent autant les flammes qu’à l’heure même où il est entré en Enfer. Il se méfie de lui-même et des autres et répète le même désespoir : – L’Enfer ! L’Enfer !

Raul Brandão, Húmus, première édition Lisbonne 1907

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Au bord d’un fleuve…

Posté : 6 février, 2009 @ 7:30 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | 6 commentaires »

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Le Troubadour (Statue imaginaire de Bernardim Ribeiro)

Un manteau sombre couvrait
ses blonds cheveux ondulés :
elle paraissait si triste
que mourir l’aurait comblée.
Elle détourna les yeux
se dérobant à ma vue,
puis me regarda en face.
Elle griffait ses seins blancs,
en se plaignant à voix haute,
du fond de sa solitude :
«Puisque la vie est cruelle
ah, pourquoi ne suis-je morte ? »
Elle ne dit rien de plus.
Et moi, tout en gémissant,
j’allai vers elle en pleurant,
espérant la consoler

Le soleil chut dans la mer
et la nuit se fit profonde ;
je maudis mon infortune
et ma vie de n’être mort ;
dans le lointain j’entendis
du sommet d’une colline
clamer : « Bernardim Ribeiro ! »
et dire : « Vois où tu es ! »
je regardai çà et là :
je ne vis qu’obscurité,
je fermais alors les yeux,
et ne les rouvris jamais :
car après l’avoir perdue,

jamais ne fus si content.
Et pourtant, hélas, pourtant !

Extrait de la « Romance » de Bernardim Ribeiro (XVIème siècle) in M. E. Tarracha Ferreira, Romanceiro de Almeida Garrett, Ulisseia.

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Dilemme

Posté : 5 février, 2009 @ 7:41 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 6 commentaires »

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La paix qui venait d’elle, qui venait par elle, le séduisait, c’était sûr ; comme si la rédemption d’aujourd’hui s’amusait à troubler ses certitudes d’hier, ou comme si une bergerie neuve s’ouvrait sur d’autres prés, et qu’il ne croyait pas encore que l’herbe serait fraîche devant lui.
Pour toutes ces raisons il lui dit :
- J’ai beaucoup pensé à nous.
Et elle lui demanda pourquoi. Elle lui demanda ce qu’il y avait à penser à leur sujet. Elle lui demanda pourquoi il fallait toujours qu’il se pose tant de questions. Peut-être qu’elle le connaissait bien mieux qu’il ne l’aurait souhaité. Et il répondit :
- Parce qu’il faut que je décide quelle direction donner à notre relation. Je ne peux pas… je ne sais pas agir autrement. Je ne veux pas commettre avec toi les erreurs que j’ai déjà commises ; les erreurs que j’ai commises dans les années qui sont déjà passées, et dont j’ai si mal tiré les leçons. Peut-être que j’ignore de quelles erreurs précisément il s’agissait : peut-être que j’ai détourné les yeux de l’essentiel et que je me suis perdu dans ce qui n’en valait pas la peine ; peut-être que je me suis oublié et que j’ai oublié les autres, en cherchant ce qu’on me disait que je pouvais faire et atteindre.
- « Ton avenir est assuré. », c’était ce qu’on me disait. Mais avec toi…
Il s’arrêta et la regarda. Oui, l’âme vêtue pour le jour, un jour ouvert, radieux, ouvert et radieux comme un avenir prometteur. Comme son passé (qui avait été avenir un jour) le lui avait aussi promis.
- Je ne veux pas te perdre. Je ne veux plus rien perdre. Je ne peux déjà guère faire mieux avec mes livres, et mon avenir là-dedans est fragile. Pourtant, avec toi, peut-être que je peux encore…
Et elle attendit le reste de la phrase.
Le café du matin lui renvoyait un chaud reflet lorsqu’il le regardait ainsi à fleur de tasse. Un miroir clair qui lui renvoyait la réalité de son visage fatigué, de ses rides fatiguées, des cheveux qui lui manquaient et de ses innombrables cheveux blancs. Un visage dans lequel on ne reconnaissait pas de traits marquants ; et son visage formait un évident contraste avec son visage à elle. Il poursuivit

(more…)

choro

Posté : 3 février, 2009 @ 7:10 dans musique et chansons | 12 commentaires »

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Yamandú Costa (Rio Grande do Sul)

Le choro est une musique populaire instrumentale brésilienne née à Rio de Janeiro dont les origines remontent à la seconde moitié du XIXème siècle, et qui continue à être jouée aujourd’hui, non seulement dans sa ville natale mais aussi dans toutes les grandes villes du Brésil. En tant que style musical national, le choro est antérieur au samba et à la bossa nova, dont il est l’une des sources. C’est une musique magnifique, éblouissante, d’une richesse exceptionnelle et d’une importance esthétique aussi considérable que celle du jazz, du flamenco, du tango et des autres grandes expressions de la musique populaire qui s’épanouissent et s’enrichissent depuis la fin du XIXème siècle.

(http://clubduchorodeparis.free.fr/choro.html)

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Un chant

Posté : 1 février, 2009 @ 5:42 dans littérature et culture | 2 commentaires »

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Photo de Gil Madalena

 

Chant du rebelle dépité

Certes nous n’avions pas l’aisance des anges
Si peu d’entregent sur les foules rangées
Nous avions trébuché sur vos cestes agréés

Séraphins contrits frottez vos mains sages
Dimanche Méphistophélès se confesse
Peut-être en l’instant sous les nuages gris
Doucement dans la nuit parjure fait son lit
Le juste évanescent qui progresse.
Les hamadryades sous la dalle s’émeuvent
Et la pluie aussi sur nos chagrins mutins
Prométhée sait que les dieux ne sont plus devins
Tous les gens de la terre font ce qu’ils peuvent
Molestons nos rancœurs anciennes
Aimons-nous de dilection sereine
L’état n’est pas toi, ni vous, ni moi
N’attendons pas pour être heureux
Le printemps doucereux du roi
Les temps irrésolus, les tristes adieux
Les pleurs des enfants jadis radieux …

Lionel Jaouen

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