Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour le 18 mars, 2009

candomblé

Posté : 18 mars, 2009 @ 8:06 dans - époque contemporaine, littérature et culture | 4 commentaires »

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candomblé dans - époque contemporaine iemanj10

 

Iemanjá

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Bénédiction

- Mãe Marina est là ?, demandai-je.
- Elle est dans son salon. Mais elle ne reçoit personne. Parle à Tia Celeste. Elle est dans la cuisine.
Tia Celeste était une sorte d’administrateur général, de secrétaire exécutive du terreiro, fournissait la nourriture, organisait les rendez-vous de Mãe Marina, faisait et défaisait les arrangements, supervisait la production des fêtes et des rituels. Elle était crainte et puissante, très maternelle avec tous ceux qui fréquentaient le terreiro, des plus humbles aux plus riches et célèbres, tous étaient fous de Tia Celeste.
Je traversai la grande salle vide et me dirigeai à travers un long couloir obscur vers la cuisine, d’où Tia Celeste sortait avec deux iaôs portant un fait-tout plein de carruru, la purée de gombos
.
- Bonjour, Tia, la saluai-je.
- Bonjour, Augustão.
- Je peux dire un petit mot à Mãe Marina ? Moins de cinq minutes, juste pour lui demander sa bénédiction.
- Attends, je vais voir, elle ne reçoit personne, mais comme tu es de la maison, on ne sait jamais, hein ?
Un instant plus tard, de la porte de Mãe Marina, Tia Celeste me signala discrètement que je pouvais entrer. Quand je passai devant elle, elle me dit tout bas, mais d’un ton menaçant :
- Cinq minutes… elle est très fatiguée, elle a très peu dormi.
Au fond de la pièce, dans la pénombre, Mãe Marina était assise dans son grand fauteuil blanc recouvert de dentelles. Les volets étaient fermées, mais une lumière diffuse entrait par la claire-voie du plafond et se répandait sur le sol de carrelage blanc et sur les tapis de couleur claire. Un arôme sucré d’encens parfumait la pièce.
Je passai un rideau de perles transparentes et m’agenouillai devant elle en touchant le sol de mon front, pour le salut rituel :
- Okê, minha mãe.
Elle tendit les mains et sourit sereinement :
- Okê, Augustão.

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