Le sale temps
(Photo ganhepesoagora.blogspot.com)
Il y a des jours que je déteste
comme des insultes auxquelles je ne peux répondre
sans prendre le risque d’une dangereuse intimité
avec la main qui lance le pus
qui travaille au service de l’infection
Ce sont des jours où l’on n’aurait jamais dû sortir
de mauvais temps fixe
qui nous défie du mur
des jours qui nous insultent qui nous jettent
les pierres de la peur la verroterie du mensonge
la petite monnaie de l’humiliation
Des jours ou des fenêtres sur le bourbier
qui se reflète dans le ciel
des jours du quotidien
des trains qui emmènent le sommeil au travail en grognant
Le sommeil centenaire
mal nourri mal habillé
au travail
le martèlement dans la tête
la petite mort malicieuse
qui dans la spirale des sirènes
se cache et siffle
Des jours que j’ai passés dans les égouts des rêves
où le sordide donne la main au sublime
où j’ai vu le nécessaire où j’ai appris
que ce n’est que parmi les hommes et pour eux
que ça vaut la peine de rêver.
Alexandre O’Neill (Lisbonne), 1924-1986