Découverte
Indiens tupis (http://www.anthropologieenligne.com)
Or comme nous étions non loin de la côte, à dix lieues environ de l’endroit d’où nous étions partis, lesdites caravelles découvrirent un récif formant un port excellent et très sûr, avec une large entrée; elles y pénétrèrent et mirent en panne, les nefs les rejoignirent, et peu avant le coucher du soleil, à une lieue environ du récif, elles amenèrent les voiles et jetèrent l’ancre par 11 brasses de fond. Or Afonso Lopes notre pilote, se trouvant dans l’une des caravelles par ordre du commandant, en homme décidé et plein de ressources qu’il était, sauta aussitôt dans le canot pour sonder l’intérieur du port et y fit monter deux de ces hommes de l’endroit, jeunes et bien faits, qui étaient dans une pirogue; l’un d’eux tenait un arc et six ou sept flèches et sur le rivage il y en avait beaucoup avec leurs arcs et leurs flèches et ils n’en firent pas usage. Le pilote les conduisit sur‑le‑champ la nuit étant déjà tombée, auprès du commandant où on les reçut avec grand plaisir et où on leur fit fête.
Voici comment ils sont : la peau cuivrée tirant sur le rouge, de beaux visages, des nez beaux et bien faits. Ils sont nus sans rien pour se couvrir : ils ne se soucient nullement de cacher ou de montrer leurs parties honteuses : ils ont sur ce point la même innocence que pour ce qui est de montrer leur visage. L’un comme l’autre avaient la lèvre inférieure percée, avec chacun un ornement blanc en os passé dedans, long comme la largeur d’une main, gros comme un fuseau de coton, acéré au bout comme un poinçon : ils les introduisent par l’intérieur de la lèvre, et la partie entre la lèvre et les dents est faite comme la base d’une tour d’échecs : ils les portent coincés là de telle sorte que cela ne leur fait pas mal et ne les gêne ni pour parler, ni pour manger, ni pour boire. Leurs cheveux sont lisses et ils étaient coupés, mais coupés courts plutôt que ras. et tondus jusqu’au‑dessus des oreilles; et l’un d’eux portait sous ses mèches d’une tempe à l’autre par‑derrière une sorte de perruque de plumes jaunes qui pouvait avoir une coudée de long, très épaisse et très touffue, qui lui couvrait la nuque et les oreilles : elle était collée aux cheveux plume par plume avec une substance molle comme de la cire, mais qui n’en était pas, de sorte que la perruque était bien ronde, bien fournie et bien régulière et qu’un lavage n’était pas nécessaire pour la retirer.
Lettre du Brésil de Pero Vaz de Caminho au roi Dom Manuel, mai 1500, traduction de Bernard Emery
2 commentaires »
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» l’un d’eux tenait un arc et six ou sept flèches et sur le rivage il y en avait beaucoup avec leurs arcs et leurs flèches et ils n’en firent pas usage. »
eh oui , c’est bien là le problème . Ils étaient de bonne composition , eux . La suite démontrera que le » sauvage » n’est pas toujours là où on pense le voir .
Bon week-end à toi
Bon week-end, Lionel ! Merci de ta visite.
Eh oui, ils étaient pacifiques…