Nuit de voyage
Marée basse (www.meteomania.it)
J’ai aimé ton inquiétude; et tu m’as dit que
je t’avais aimée sans savoir pourquoi, que les marées annonçaient
le clair de lune qui n’est pas venu, qu’il n’avait pas été besoin
de regarder le fond transparent des paroles
pour que leur vérité nous touche, que ta main
avait cueilli le fruit du premier arbre sans que rien
ne l’en empêche.
Je t’ai aimée sans avoir la certitude du matin, sans entendre
le vent qui a fait battre les fenêtres dans un écho du passé,
sans ouvrir les rideaux du monde pour que
personne ne nous voie, sans éteindre de ton visage
l’éclat de la vie, pendant que les oiseaux dormaient,
et que la liqueur du songe se déversait sur nos corps
qui découpaient la nuit.
Mais en suivant son chemin, l’azur
a fleuri des cendres, la musique a éclos
des silences de l’aurore, et dans tes yeux
le jour s’est levé quand tu m’as dit que
je t’avais aimée, sans savoir pourquoi.
Nuno Júdice, 4 mars 2007