jeu de la vérité
Soirée de fête (Aquarelle de Ana Diogo)
Mitó n’a pas dit la vérité. Un gage, un gage. Un gage pour Mitó, et c’est Mila qui décide. Elle ne se défendait déjà plus, elle souriait, le restaurant entier était à l’affût de sa réaction.
- Alors maintenant, comme gage, tu vas à la table de l’Allemand et tu lui dis comme ça : wollen Sie mit mir schlafen ?
Eclats de rire, sifflets, Mitó criait que non. Je sais même pas ce que ça veut dire. Oh les mecs, déconnez pas, qu’est-ce que vous voulez que j’aille dire à ce type ? Non, non, je suis désolée mais je lui dis pas ça. Sa voix de contralto résonnait au milieu du brouhaha de celle des autres, au fond le patron commençait à froncer le sourcil. Ces jeunes, à peine ils ont bu un peu, voilà le résultat. Pendant une fraction de seconde, les yeux très bleus s’étaient fixés dans ses yeux bruns, clignant aussitôt tristement des paupières derrière les lunettes. Si ironique. Si distant. Aïe les filles, si beau.
- Alors d’accord, dis-lui la même chose en portugais, comme ça il comprendra pas. Mais tu dois le dire bien fort, nous ici on veut l’entendre. Sinon ça compte pas.
Mitó avait oublié le pantalon de flanelle. Elle s’est levée en choisissant soigneusement ses mouvements, maintenant qu’elle était l’objet de l’attention générale. Elle parlait les yeux baissés, timide héroïne de la nuit.
- Oui, mais je sais toujours pas ce que c’est que tu veux que je lui dise…
- Eh bien, la même chose. Mais en portugais : tu veux coucher avec moi ?
- Quoi ?