Coucher de soleil sur la Ria de Alvor (José Varela, http://www.al-farrob.com/)
Je ne sais si ton sein fut une île enchantée…
Un paradis de chant,
De parfum, d’amour et de beauté…
Ou un temple en bord de mer… un temple saint
Plein d‘arôme et de lumière !
Je ne sais… quelqu’un connaît-il sa fortune ?
Mais je dormais bercé dans ton sein
Mon âme en repos.
Un soupir… une prière…
Le vent les emporte dans la nuit obscure !
Je rêve ! … un rêve qui oublie !
Mais n’oublie pas son rêve de fortune !
Quel fantôme nous crie – en avant ! en avant !
Oublier ! Oublier ! – ?
Mon coeur refuse!
Ne veut pas… ne peut pas… il lutte en vacillant !
Où il a eu son nid et son amour,
C’est là qu’il doit rester, sombre, incertain,
Il restera, planant dans le ciel vide,
Oiseau éternel de douleur !
- Jamais plus ! Jamais plus !
Que dit l’onde au rivage ? il y a un destin
Triste, brisé, en sa plainte divine,
Et un mystère malheureux dans ces pleurs !
- Jamais plus ! jamais plus !
Et le coeur, que dit-il aux fleurs mortes
De son jardin d’amours ?
Comme l’onde – jamais !
Si je pouvais rêver ? Ah ! je peux toujours
Rêver… si c’est de toi !
Toujours ! toujours à mes côté, image belle…
La nuit est longue… viens parler avec moi !
Etale tes cheveux…
Le ciel de ton Italie jamais ne brille
Comme brillent mes rêves, vagues, beaux,
Si tu me parles en rêve, fille !
On t’a emmenée ! c’est la vague des mers !
L’aile de l’aigle ! le vent !
Gémis, captive – pleure, découragée,
Colombe d’amour, regrettant tes foyers !
Ton nid est à présent triste, glacial…
Un lit conjugal !
Plutôt la terre obscure, pauvre esclave,
Où – sous la voûte sombre -
Ton âme étendait ses vols libres…
Et où ton cœur aimait !
Antero de Quental (Madère, 1842 – 1891) Primaveras Românticas, préf. de Nuno Júdice, ed Colares
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