avant-dernier voyage
C’est pourquoi aujourd’hui, après tant d’années, il ne pouvait tolérer le manque de respect dans les cimetières que les journaux rapportaient : des os et des morceaux de crâne avec encore des cheveux dessus éparpillés n’importe où, des tombes et des cercueils violés, des attaques et des coups de feu anarchiques pendant les cérémonies funèbres. Il se révoltait naïvement : Si ces types n’ont pas peur des morts et de l’Au-delà, comment peuvent-ils respecter les vivants ? Les dernières informations sur la présence d’adolescents aux lunettes noires, à la chemise déboutonnée ou sans manches et à la tête rasée entourée de rubans jaunes, qui s’infiltraient dans les cortèges avec un air compassé et des fleurs à la main pour aussitôt après se livrer au pillage du dernier costume ou des dernières chaussures du défunt, avaient fini par épuiser sa patience et son indignation. Ça, et cette pratique déshonorante de la part des familles mêmes, qui préféraient la plupart du temps déchiqueter le cercueil à coups de hache avant qu’il descende dans le trou, pour éviter qu’on le vole et qu’il soit revendu par la suite à un autre hôte ayant passé l’arme à gauche… C’est à ce moment-là qu’il conçut, donc, une opération périlleuse et radicale : se faire passer pour un défunt pour venger l’Au-delà !


la vague
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c'est comme ces adieux lancés sur la route bitumée d'étoiles, vers laquelle on s'avance mélancoliquement humble avec dans les pensées cette paisible nonchalance qui illumine parfois nos visages, ' le cur du temps' vient caresser tes sens que c'en
est magistral, puis soudain il y a dans l'air atone des passages aphones que j'emprunte en apnée les doigts crispés sur le fil d'ariane tressé d'anémones, là dans les profondeurs abyssales des chants cétacés ma vague déferlante vient fracasser ton corps d'épousée.
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