la main du poète
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Une main étincelle dans la maison de l'écriture. Elle lance des éclairs Elle tonne. Elle cherche un instant clair pour son apparition.
On peut la voir courir sur le dos du papier, couchée sur le côté, à sa façon rampante, on peut la voir goûter le ruminant délire des mots, leur arrangement rasant, et cette main porte des voix dans chaque passage délicat, rythmique, palpitante comme un nerf animal qui rappelle la texture pédestre du papier.
Mais la main vole, explosive, elle ne tombe pas, n'agonise pas dans l'espace vibrant où l'on communique.
Voler, c'est un fervent recueillement. Et dans ce qui est presque la mesure élémentaire de l'oubli l'écriture navigue sur un estuaire de silence.
Ecrire est une drogue ancienne, une ivresse qui brûle avec lenteur le cerveau, fait monter les lumières des viscères, le sang bouillant dans les veines turbulentes, elle apporte la nature stimulante des paysages qui sont en nous.
Eduardo White ( Quelimane, Mozambique), Poemas da Ciência de Voar e da Engenharia de Ser Ave, Caminho, 1992
6 commentaires »
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Ce poème est magnifique, merci de cette belle découverte. J’imprime ce texte au plus vite
Oui, Jos, n’est-ce pas ? C’est éblouissant.
bravo! ce blog est trés interessent je reviendrai pour finir ces lectures
Merci ! Comme j’ai besoin d’illustrations, je ferais peut-être appel à toi un de ces jours…
C’est très beau
Bisous tout plein
Jade
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Merci, Jade ! En effet, je trouve ce poème très émouvant.