Un ordre
Azulejo
Ils entrèrent alors dans une autre salle. Sur une table étaient disposés d’innombrables assiettes et plats aux tailles innombrables, aux couleurs innombrables, aux dessins innombrables.Le gouverneur tendit la main en montrant tout cela et fit signe au potier de s’approcher pour les observer. Ce que fit le potier, et en les observant il oublia un instant le regard des autres, car son propre regard passait sur les pièces qu’il tenait entre ses mains, appréciateur et maître. En voyant ainsi le fruit de l’art qu’il pratiquait, bien que fabriqué par d’autres mains, il lui semblait avoir accosté un îlot sûr après une grande tempête.. Il les observa longuement. Il passa les mains et les yeux sur toutes les pièces. Mais la voix du gouverneur le ramena encore une fois vers la mer terrible (agreste) d’où finalement il n’était pas sorti.
- Que penses-tu de toutes ces pièces, vieillard ?
- Sont-elles toutes à vous, gouverneur des croyants et lumière de Kashan ?- Elles sont toutes à moi, vieillard.- Elles sont toutes belles, gouverneur des croyants et lumière de Kashan.
- Je t’ordonne de me dire ce que tu penses vraiment, vieillard. -Aucune d’elle ne vaut grand chose, gouverneur des croyants et lumière de Kashan.Un instant le potier médita sur les dangers de la vérité. Mais il était tout de même déjà assez vieux pour trop s’inquiéter de cela.
-C’est ce que je pensais, vieillard.
Il y avait un soupçon de découragement dans la voix murmurante du gouverneur. Il poursuivit :