Cynismes

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Il faut que je vous parle lugubrement
De mon amour immense et massacré
Avec la lumière et la foi d’un croyant.
Je vais vous exposer mon torse décharné,
Vous appeler ma croix et mon calvaire,
Et être moins qu’un Judas empaillé.
Je vais vous révéler mon intime sanctuaire,
Vous dévoiler la vie, le monde, le plaisir,
Comme un vieux philosophe légendaire.
Je vais montrer, si triste et ténébreux,
Les fonds abyssaux de ma vie,
Et la regarder d’un air si nerveux,
Qu’enfin, elle devra se sentir obligée,
Pleine de douleur, tremblante, hallucinée,
Et qu’elle pleurera des larmes, très touchée !
Et alors, moi, je devrai éclater de rire.
Cesário Verde, O livro de Cesário Verde, édition posthume, 1887


la vague
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c'est comme ces adieux lancés sur la route bitumée d'étoiles, vers laquelle on s'avance mélancoliquement humble avec dans les pensées cette paisible nonchalance qui illumine parfois nos visages, ' le cur du temps' vient caresser tes sens que c'en
est magistral, puis soudain il y a dans l'air atone des passages aphones que j'emprunte en apnée les doigts crispés sur le fil d'ariane tressé d'anémones, là dans les profondeurs abyssales des chants cétacés ma vague déferlante vient fracasser ton corps d'épousée.
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