Lusopholie

Lettres, poésie et musique lusophones

Archive pour octobre, 2009

Fadiste

Posté : 18 octobre, 2009 @ 3:43 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | 9 commentaires »

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Ana Moura chante avec Mick Jagger (Lisbonne, juin 2007)

 

Et la voilà toute seule…

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Ana Moura Não Fui Eu

ennui

Posté : 15 octobre, 2009 @ 7:03 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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*

Il but encore du vin, la ville semblait désespérément lointaine, la chaleur dressait un mur d’air tremblant qui le paralysait, l’été la ville se vidait, restaient les mouches, des myriades de mouches bourdonnantes qui volaient au-dessus du goudron ramolli, il vida son verre, les fraîches gouttelettes qui restaient sur la paroi étaient jolies, il les laissa s’écouler sur ses mains, fit tourner le glaçon qui battit contre la paroi de gouttes, une paroi d’eau, alluma une cigarette, regarda sa montre, il partirait à sept heures, la chaleur qui montait aussi dans le ciel distordait l’horizon, la ville était si loin, deux chiens avaient cherché la fraîcheur de la terrasse pour poser leurs langues rose bonbon, les langues des chiens étalées sur la terrasse étaient bien lisses, de la pâte de fraise, une sucrerie pour les enfants, il lui faudrait longtemps pour arriver en ville, le ciel était si bleu, le ciel de la ville serait-il aussi bleu ? Si oui, les vieux en profiteraient pour ouvrir en grand les fenêtres, ils poseraient leurs bras desséchés sur les appuis, les clochards se coucheraient au soleil, si le ciel était aussi bleu la ville devenait plus dangereuse, la beauté est un bon prétexte pour devenir fou, le péché de beauté, l’été la ville est vide, la solitude est un bon prétexte pour devenir fou, le péché de solitude, l’été la ville appartient aux clochards et aux vieux, à ceux qui sont obligés de rester, à ceux qui ne peuvent pas partir, devenus tous frères dans le ventre infini de grosseur et de secret, avec la chaleur il y a toujours quelqu’un qui tue pour des raisons extérieures à sa volonté, la chaleur fait bouillir le sang qui une fois versé devient rapidement poussière, une poussière qui s’imprègne vite dans la chaussée, la beauté et la solitude sont de bons prétextes pour devenir fou, elles l’ont toujours été, il pensait à ça et restait assis en attendant de s’en aller, quand on n’a nulle part où aller on passe son temps à attendre l’envie de partir, on le passe, simplement.

Dulce Maria Cardoso, Coeurs arrachés, Phébus, 2003

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Un ordre

Posté : 14 octobre, 2009 @ 8:41 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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Azulejo

 

Ils entrèrent alors dans une autre salle. Sur une table étaient disposés d’innombrables assiettes et plats aux tailles innombrables, aux couleurs innombrables, aux dessins innombrables.Le gouverneur tendit la main en montrant tout cela et fit signe au potier de s’approcher pour les observer.  Ce que fit le potier, et en les observant il oublia un instant le regard des autres, car son propre regard passait sur les pièces qu’il tenait entre ses mains, appréciateur et maître. En voyant ainsi le fruit de l’art qu’il pratiquait, bien que fabriqué par d’autres mains, il lui semblait avoir accosté un îlot sûr après une grande tempête.. Il les observa longuement. Il passa les mains et les yeux sur toutes les pièces. Mais la voix du gouverneur le ramena encore une fois vers la mer terrible (agreste) d’où finalement il n’était pas sorti.
- Que penses-tu de toutes ces pièces, vieillard ?
- Sont-elles toutes à vous, gouverneur des croyants et lumière de Kashan ?- Elles sont toutes à moi, vieillard.- Elles sont toutes belles, gouverneur des croyants et lumière de Kashan.
- Je t’ordonne de me dire ce que tu penses vraiment, vieillard. -Aucune d’elle ne vaut grand chose, gouverneur des croyants et lumière de Kashan.Un instant le potier médita sur les dangers de la vérité. Mais il était tout de même déjà assez vieux pour trop s’inquiéter de cela.
-C’est ce que je pensais, vieillard.
Il y avait un soupçon de découragement dans la voix murmurante du gouverneur. Il poursuivit :

 

(more…)

Chanson méchante

Posté : 13 octobre, 2009 @ 7:02 dans - moyen âge/ XVIème siècle, littérature et culture, Poesie | Pas de commentaires »

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*

Jongleur Lopo, tu es un ivrogne,
et tu es triste quand tu manges;
deux défauts qu’un homme,
en justice, doit pouvoir supporter;
mais gratter la cithare te démange
et, de plus, tu te mets à chanter,
deux plus deux, ça fait quatre.
Si comme la verte coccinelle,
tu veux, de plus, tirer profit
de tes défauts, c’est trop
pour qu’on le supporte:
un jour où tu chanteras, ici ou là,
ta cythare, quelqu’un te la cassera
sur la tête.

Martim Soares (XIIIème siècle)

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Allez-y sans moi

Posté : 12 octobre, 2009 @ 7:50 dans - époque contemporaine, littérature et culture, musique et chansons | 2 commentaires »

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Groupe Deolinda , Agora sim, Composition Pedro da Silva Martins

L’heure est venue, réglons cette affaire !
Maintenant, oui, ensemble nous vaincrons !
Maintenant, oui, je sens bien l’optimisme !
Avançons, personne ne nous arrêtera!

- Maintenant, non, c’est l’heure du déjeuner…
- Maintenant, non, c’est l’heure du dîner…
- Maintenant, non, je pense que je ne peux pas…
- Demain je vais travailler…

L’heure est venue, nous sommes les plus forts !
Maintenant, oui, on sent la volonté !
Maintenant, oui, il n’y a que des gens bien !
Avançons, nous serons les vainqueurs !

- Maintenant, non, j’ai mal au ventre…
-Maintenant, non, paraît qu’il va pleuvoir…
-Maintenant, non, y’a un match de Benfica…
et j’ai autre chose à faire…

L’heure est venue, chantons avec vigueur !
Maintenant, oui, je nous sens tous unis !
Maintenant, oui j’entends la liberté !
Allons, nous sommes dans la bonne direction !

- Maintenant non, il manque un imprimé…
- Maintenant, non, mon père n’est pas d’accord…
- Maintenant non, y’a des embouteillages…
- Allez-y sans moi, je vous rejoins plus tard…

la main du poète

Posté : 10 octobre, 2009 @ 7:15 dans - époque contemporaine, littérature et culture, Poesie | 6 commentaires »

 

la main du poète dans - époque contemporaine mains11
*

Une main étincelle dans la maison de l'écriture.
Elle lance des éclairs                        Elle tonne.
Elle cherche un instant clair pour son apparition.
 On peut la voir courir sur le dos du papier,
couchée sur le côté, à sa façon rampante,
on peut la voir goûter le ruminant délire des mots,
leur arrangement rasant,
et cette main porte des voix dans chaque passage délicat, 
rythmique, palpitante
comme un nerf animal qui rappelle
la texture pédestre du papier.
Mais la main vole, explosive,
elle ne tombe pas, n'agonise pas dans l'espace vibrant 
où l'on communique.
 
Voler, c'est un fervent recueillement.
Et dans ce qui est presque la mesure élémentaire de l'oubli
l'écriture navigue
sur un estuaire de silence.
Ecrire est une drogue ancienne,
une ivresse qui brûle avec lenteur
le cerveau,
fait monter les lumières des viscères,
le sang bouillant dans les veines turbulentes,
elle apporte la nature stimulante des paysages
qui sont en nous. 

Eduardo White ( Quelimane, Mozambique), Poemas da Ciência de Voar e da Engenharia de Ser Ave, Caminho, 1992

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Une fleur étrange

Posté : 8 octobre, 2009 @ 7:02 dans - époque contemporaine, littérature et culture | Pas de commentaires »

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*

J’ai rencontré la mort dans un bus de la Compagnie Nationale des Autocars. Elle était déjà d’un certain âge, elle avait du rouge à lèvre violet, des dents fausses mais d’une couleur naturelle, une perruque blondasse, un regard tranquille, nostalgique. Elle était calme, elle n’embêtait personne, elle paraissait étrangère à tout ce qui était vivant. Une veine de son cou, gracieusement saillante, révélait un rythme cardiaque tout à fait normal. Elle n’avait pas de sac à main, ni papiers ni documents, ni carte vermeil. Le contrôleur lui-même lui a souri avec la plus respectueuse complicité, comme pour dire : « Je sais, madame est exemptée… » Elle l’a regardé comme on regarde un simple mortel sans toutefois se fâcher de cette vérité si évidente : « madame est exemptée… » Elle a éprouvé, peut-être, une légère irritation à cause des points de suspension. Elle savait, cependant, que les points de suspension, même dans les relations amoureuses les plus réussies, sont des choses qui effraient n’importe qui. Elle a arraché un long cheveu qui lui tombait sur le visage et partageait son regard en deux. Elle en a enroulé la moitié, a entrelacé le reste et, d’une caresse, l’a fait disparaître – la Mort en train de pratiquer l’art de l’illusion. Non, elle ne détruisait rien, ce n’était pas son genre. Finalement elle a demandé à sortir dans un champ. Le chauffeur a ouvert la portière sans barguigner. Elle est sortie à pas de ballerine, elle s’est mise à courir parmi les coquelicots comme une enfant, et, à mesure qu’elle s’éloignait, son corps rapetissait. A un moment elle a eu l’air d’un coquelicot blond, non, d’un coquelicot blanc. Puis on a entendu une explosion et un arbre noir a surgi, carbonisé par la foudre. Comme elle aime les contrastes ! C’est dans sa nature, et ça, c’est son seul défaut.

Dimíter Anguelov, Trinta contos até ao fim da vida, &etc, 1998

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épluchage

Posté : 7 octobre, 2009 @ 8:38 dans - époque contemporaine, littérature et culture, vidéos documentaires | Pas de commentaires »

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La « descasca » est une activité/fête traditionnelle. Le propriétaire du maïs ayant besoin d’aide, le village se réunit pour éplucher les épis . Lorsque tout est chargé sur le camion, tout le monde va danser.

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