Afonso Henriques : indépendance
Le cardinal vint de Rome par l’Espagne, et les Rois chez qui il passait l’honorèrent beaucoup. Et l’on dit au Roi dom Afonso:
- Sire, voici un cardinal qui vient à vous de Rome parce que vous êtes en mauvais termes avec le Pape à cause de cet évêque que vous avez fait.
Et le Roi dit:
- Je ne m’en suis pas encore repenti.
Et on lui dit:
- Sachez, Sire, que tous les Rois chez qui il passe ne manquent pas de lui baiser la main.
Et le Roi répondit:
- Nul cardinal si honorable à Rome ne viendra à Coimbra me tendre sa main à baiser sans que je la lui coupe, et il n’en mourra pas.
Et quand le cardinal arriva à Coimbra, il apprit ce que le Roi avait dit et eut très grand peur.
Le Roi refusa d’aller au devant de lui. Et lui, sitôt qu’il arriva en ville, se rendit au palais où était le Roi qui le reçut fort bien et lui dit :
- Cardinal, que venez-vous de Rome faire ici, car de Rome il ne m’est jamais rien venu, sinon du mal? Et quelles richesses m’apportez-vous de Rome pour ces attaques que je fais sans cesse contre les Maures? Monsieur le cardinal, si vous m’apportez quelque chose, donnez-le-moi, sinon passez votre chemin.
Et le cardinal dit: